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Les nouvelles orientations de la politique étrangère russe (mars 2004)


jeudi 25 mars 2004

L'attribution du maroquin des Affaires étrangères à Sergueï Lavrov et le transfert au Kremlin de l'ancien chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, attestent de manière patente qu'il n'est pas dans l'intention du président de modifier globalement la politique extérieure de la Russie, qui n'a besoin d'aucune réforme radicale.

Si un département où un axe de la politique réclame d'être repensé, Vladimir Poutine fait appel à quelqu'un "d'étranger au sérail". C'est d'ailleurs ce qui vient de se produire avec le ministère de la Culture et des médias dont la direction a été confiée à l'ancien recteur du Conservatoire de Moscou, Alexandre Sokolov. Ou encore, quelque temps plus tôt, lorsque Sergueï Ivanov, un proche du chef de l'Etat n'ayant aucun lien direct avec l'armée, a été nommé ministre de la Défense, fonction dans laquelle il a été reconduit.

Depuis le premier jour ou presque de la nomination d'Igor Ivanov au poste de ministre des Affaires étrangères, en 1998, des libéraux, certains grands hommes d'affaires et bien d'autres encore ont revendiqué la direction de la diplomatie russe. Igor Ivanov, lui, n'a jamais cessé au cours de ces six années de défendre une autre conception : dans le contexte actuel, le ministère des Affaires étrangères ne saurait être dirigé par un non professionnel parce que, pour le moment, il n'existe pratiquement aucune personne "hors système", en Russie, à même d'exercer ces fonctions de manière adéquate sans commettre de grosses bévues.

Tout comme l'avait fait son prédécesseur, Evguéni Primakov, Igor Ivanov a proposé un successeur (plus précisément plusieurs successeurs possibles) et le meilleur a été choisi. Il y a des ambassadeurs en poste dans des pays lointains, à qui il faudrait du temps pour s'adapter aux réalités russes. Depuis près de dix ans qu'il travaillait à l'Organisation des Nations Unies, Sergueï Lavrov s'entretenait quasi quotidiennement avec les hauts dirigeants du pays au sujet des grands dossiers de la politique étrangère. Et il se trouvait simultanément à l'épicentre de la politique mondiale. L'ONU, c'est la planète tout entière et le travail au sein de cette organisation procure une expérience unique, permet de connaître et de "sentir" les réalités prévalant dans le monde.

Sergueï Lavrov sera peut-être un ministre très populaire en Russie grâce à son art de la communication et à un rare talent : il est, à ma connaissance, le deuxième ministre des Affaires étrangères en un siècle à posséder des dons musicaux et artistiques. On peut donc s'attendre à ce que le style personnel du nouveau "patron" entraîne certains changements dans le style de travail du ministère.

La filiation de la politique extérieure est confirmée aussi par un signe familier à tous les hauts fonctionnaires gouvernementaux : il a été annoncé que, mis à part le changement de ministre, aucun autre grand remaniement n'aurait lieu exceptés ceux qui avaient été programmés dès l'automne (au moins deux vice-ministres s'attendent depuis longtemps à devenir ambassadeurs dans de grands pays, auxquels il faut ajouter un troisième pour remplacer l'ancien représentant permanent de la Russie à l'ONU).

Par contre, le futur rôle d'Igor Ivanov semble bien moins évident. Tout d'abord parce que peu de gens savent exactement en quoi consiste le travail du Conseil de sécurité et de son secrétaire.

Toutefois, on peut penser que son passage du gouvernement à l'administration du Kremlin - le plus proche entourage du président - rehaussera le rôle du secrétaire du Conseil de sécurité. L'expérience américaine montre que dans l'éternel duo formé par le Secrétaire d'Etat et le conseiller pour la sécurité nationale, la voix qui domine est tantôt celle du premier, tantôt celle du second, en fonction de la personnalité du conseiller.

A la différence de l'époque de Boris Eltsine, sous Vladimir Poutine la politique étrangère a été manifestement présidentielle, bien organisée et compréhensible. Elle a pris corps au cours des conférences tenues régulièrement par les ministres et les chefs de département entrant dans le Conseil de sécurité, tout comme au Conseil de sécurité lui-même. Igor Ivanov en était un élément déterminant, mais pas le seul. Vladimir Poutine a eu le temps de s'habituer au style d'Igor Ivanov, les deux hommes vont donc poursuivre leur coopération.

Dmitri Kossyrev

(RIA-Novosti)



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