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Les associations hongroises en France


lundi 14 avril 2003

LES ASSOCIATIONS HONGROISES

Contrairement à d'autres émigrations qui se sont organisées en communautés très structurées, autour d'un fort mouvement associatif, les Hongrois installés en France ont développé une structure beaucoup plus souple et ouverte, où les relations informelles l'emportent sur les organismes constitués. Cela n'empêche pas l'existence d'une vie associative hongroise, qui fut longtemps motivée par des préoccupations d'ordre politique.

-   Les associations politiques

Trois associations témoignent encore d'une époque révolue où l'émigration hongroise se caractérisait par une forte conscience politique.

Il s'agit tout d'abord de l'Association des Anciens Combattants, créée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, par des militaires hongrois fortement nationalistes et anticommunistes. Si l'association ne compte plus aucun militaire de carrière, elle a conservé ses motivations premières, malgré une baisse d'intensité de ses activités. Elle souhaite ainsi, selon son président, "maintenir un esprit de patriotisme et d'entraide", et "faire vivre le souvenir de la Hongrie millénaire". Elle organise pour se faire des réunions hebdomadaires et des conférences au cours desquelles sont débattus des problèmes politiques et géopolitiques. Elle prend également part à la commémoration des grandes dates de l'Histoire hongroise : le 23 octobre (début de l'insurrection de 1956), le 15 mars (jour de fête nationale), et le 4 juin (jour anniversaire de la signature du Traité de Trianon).

Si l'association maintient des activités régulières, elle ne compte plus guère aujourd'hui qu'une trentaine de membres cotisant, et souffre d'un très net vieillissement de ses rangs. De nombreux efforts ont été faits pour attirer les jeunes générations. Aucun n'a vraiment abouti au sein de l'association dont la plupart des membres ont plus de soixante ans. Face à ce désintérêt de la jeunesse, qui semble douloureusement ressenti par leurs aînés, un dernier expédient est envisagé, avec l'organisation de bals, l'installation d'un piano et de tables de ping-pong...

Une autre association, l'Association des Combattants de la Liberté, créée par les insurgés de 56, présente des motivations similaires et revendique sa filiation idéologique avec la précédente organisation. Entre les deux, selon son président, un seul point divergent, lié à la reconnaissance du dirigeant communiste Imre Nagy en tant que héros national. Les Combattants de la Liberté l'ont admis au Panthéon des grandes figures hongroises, alors que les Anciens Combattants l'en ont exclu, boycottant l'inauguration de la stèle qui fut dressée en son honneur par l'ensemble de la communauté hongroise, au cimetière du Père Lachaise en 1988.

Si l'association fut créée afin de lutter en France, avec les moyens autorisés, c'est-à-dire essentiellement des manifestations, des exposés et des lettres de protestation, adressées aux autorités françaises et étrangères, pour la réalisation des objectifs qui avaient présidés à la Révolution de 56 en Hongrie (retrait des troupes soviétiques, indépendance nationale, instauration d'une démocratie parlementaire...), et d'obtenir la reconnaissance historique des événements hongrois, ses activités ont aujourd'hui un caractère essentiellement commémoratif (23 octobre et 4 novembre -début de l'insurrection et entrée des chars soviétiques à Budapest- ranimation de la flamme de l'Arc de Triomphe...).

Elle a connu une évolution comparable à l'Association des Anciens Combattants, du fait de la normalisation politique en Hongrie, et souffre d'une même désaffection de la part des plus jeunes.

La troisième association de nature politique est la Ligue Hongroise des Droits de l'Homme. Créée dans les années 20 pour défendre les droits de la population hongroise en France et organiser un soutien administratif, elle connaissait un certain déclin, du fait du vieillissement des émigrés des années 20 et de l'arrivée de flux migratoires (45/56) aux orientations politiques différentes (droite nationaliste, plutôt argentée et conservatrice), lorsque des intellectuels hongrois de 56, liés aux milieux francs-maçons, décidèrent de lui insuffler une nouvelle vigueur. Membre de la Ligue Internationale des droits de l'homme, la Ligue Hongroise était alors conçue comme un instrument dirigé vers l'Europe de l'Est, pour la protection des populations hongroises autochtone et minoritaires. Elle n'avait pas vocation à assurer une quelconque cohésion communautaire en France.

Les intellectuels hongrois disposaient d'un second forum : le Club Démocratique.

Les deux milieux, nationalistes et intellectuels, menaient leur vie associative séparément, se méfiant vaguement les uns des autres, et ne se trouvant guère de points communs. Cette situation évolua lors de l'inauguration du tombeau d'Imre Nagy qui marqua un certain rapprochement entre les Combattants de la Liberté et la Ligue Hongroise, régulièrement invitée depuis lors à commémorer avec eux les grandes dates de l'Histoire hongroise.

La Ligue a cessé ses activités après les événements de 91, considérant qu'il revenait désormais à la Ligue des Droits de l'Homme, nouvellement créée en Hongrie, d'assurer la relève. Pour des raisons identiques, liées à l'avènement d'une société hongroise plus libre, le Club Démocratique s'est dissous, et les publications de l'émigration intellectuelle, notamment les Cahiers Hongrois, ne paraissent plus en France.

Une autre tendance des associations hongroises se manifeste au travers d'activités caritatives.

-  Les associations caritatives

Les préoccupations caritatives et humanitaires des associations sont liées à l'histoire hongroise, et notamment au Traité de Trianon du 4 juin 1920 qui amputa la Hongrie des deux tiers de son territoire et de plus de la moitié de sa population. Près de trois millions de Hongrois se retrouvèrent brutalement sous domination étrangère, essentiellement roumaine (Transylvanie), yougoslave et tchécoslovaque. Aussi l'existence d'importantes minorités hongroises a-t-elle mobilisé, et mobilise-t-elle encore, les organisations de l'émigration.

En France, parmi les associations caritatives qui sont demeurées actives, la plus ancienne est le Club Féminin Hongrois, fondé au début des années 50. Ce comité, placé sous le patronage du Duc de Brissac, dispose de cent cinquante à deux cents adresses, françaises ou étrangères, qui sont régulièrement sollicitées à l'occasion des cocktails de charité organisés au profit des réfugiés hongrois. Parallèlement à ces événements mondains (cocktails, expositions, soirées magyares...), des dons (argent, médicaments, produits de première nécessité...) sont faits durant l'année à l'intention des camps de réfugiés. L'octroi de cette aide humanitaire est organisé en collaboration avec l'Ordre de Malte.

Une autre association, la Conférence de Saint Etienne de Hongrie, placée sous la tutelle de la Société Saint Vincent de Paul, mobilise depuis une dizaine d'années une trentaine de personnes hongroises, de quarante à soixante dix ans, dont les activités se partagent entre l'envoi d'une aide humanitaire comparable à celle du Club Féminin, des visites aux personnes âgées des premières générations émigrées, et l'organisation de ventes de charité, de deux repas hongrois annuels et d'une réunion hebdomadaire des membres de l'association. Ces dernières activités se font en liaison, et - pour certaines - au profit de la Mission Catholique Hongroise.

Une troisième association, Jeunesse et Culture Hongroise, se préoccupe aussi d'apporter une aide humanitaire à la Hongrie et aux minorités hongroises d'Europe centrale et orientale. Créée en 1992, elle rassemble de jeunes gens, de souche ou d'origine hongroise, ou encore des Français sympathisants de la Hongrie. Ceux-ci organisent encore des conférences, des concerts de musiciens invités de Hongrie, des présentations de collections de couturiers hongrois ou encore des expositions photographiques. Leur engagement associatif, centré autour d'activités concrètes et d'actions "de terrain" apporte la preuve que jeunesse et vie associative ne sont pas antagoniques.

-  Les associations culturelles

Les activités culturelles constituent le troisième pôle des associations hongroises, aujourd'hui le plus important.

Si la plupart des organisations sociales ou politiques ont des activités culturelles annexes, pour deux d'entre elles, la culture constitue leur unique vocation. Il s'agit de :

-  L'Association Langue et Culture Hongroises. Créée il y a une trentaine d'années, cette association regroupe environ deux cent cinquante personnes - hongroises pour la grande majorité puisque tout ce qui est organisé se fait en hongrois. Outre l'âge avancé de ses membres, l'organisation connaît depuis quelques années un problème de mobilisation. L'enthousiasme des décennies précédentes a disparu avec les changements survenus en Hongrie. L'existence en France d'un forum destiné aux artistes et intellectuels de l'opposition n'avait plus guère de sens désormais.

-  La seconde association, Alcyon, se présente comme un club culturel. De création beaucoup plus récente (1988), cette organisation est volontairement élitiste : ses membres sont intégrés par cooptation, après avoir fait la preuve de leur qualité et de leur attachement à la Hongrie. Le but des trente cinq adhérents, relativement jeunes (entre trente cinq et quarante ans) est d'aider les jeunes talents à se faire connaître en Europe (accueil, bourses, entraide...) et de participer à la vie culturelle franco-hongroise par l'organisation d'expositions, de concerts, de conférences...

Les activités des deux associations sont proches de celles de l'Institut Hongrois, dont la création, en 1992, a participé à la mise en sommeil de la première d'entre elles. Les organisations présentées se retrouvent au sein de l'Association des Amis de l'Institut Hongrois.

-  Le rôle des Eglises

Comme c'est souvent le cas pour les communautés émigrées, ce qui demeure d'une vie communautaire s'organise autour des églises, protestante, et surtout catholique, avec la Mission Catholique Hongroise qui dispose de locaux propres dans lesquels elle organise, outre les services dominicaux, suivis de repas hongrois, un arbre de Noël, des ventes de charité, et différentes festivités qui entretiennent un lien entre Hongrois. La Mission est également un lieu de rencontres, en particulier pour les émigrés récents, souvent clandestins, qui viennent y chercher un soutien et des opportunités de logement ou de travail.

Ainsi la vie associative des Hongrois de France a-t-elle subi le contrecoup des changements intervenus en Hongrie au lendemain des événements de 89 et 91. Si ceux-ci furent à l'origine de nouvelles activités, essentiellement humanitaires et culturelles, ils ont aussi marqué le déclin d'anciennes structures dont la raison d'être était liée à la situation politique du pays.

En outre les allers et venues entre la France et la Hongrie se sont multipliées. Les relations entre Hongrois de souche et d'origine, de Hongrie et de France sont aujourd'hui plus informelles. Les Hongrois de France qui le souhaitent peuvent entrer en contact avec les journalistes hongrois venus en mission en France, les délégués auprès des organisations comme l'UNESCO, les étudiants ou les chercheurs hongrois de séjour à Paris...

Aussi tout un pan de la vie culturelle et intellectuelle hongroise échappe-t-il aux associations, pour se déployer dans d'autres sphères, notamment autour des universités.



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