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L'Ouzbékistan renoue avec la menace des violences islamistes


mardi 30 mars 2004

Les autorités ouzbèkes ont attribué les attentats de lundi 29 mars - qui se poursuivaient mardi avec une nouvelle explosion et une fusillade - aux islamistes radicaux dont les activités seraient "coordonnées depuis l'étranger", faisant surgir le spectre d'une vague terroriste en Asie centrale, relativement épargnée ces dernières années.

Le précédent de 1999 - une série d'attentats à Tachkent avait fait 16 morts - est encore présent dans les esprits, ce qui explique la nervosité du régime à poigne du président Islam Karimov, par ailleurs bénéficiant du soutien de Washington en échange de sa collaboration lors de l'opération anti-talibans en Afghanistan.

Sans formuler d'accusations précises, le ministre ouzbek des Affaires étrangères, Sadyk Safaev, a jugé les attentats liés à "l'idéologie" du parti islamiste du Hizb-U-Tahrir, présent en Ouzbékistan, mais aussi au Tadjikistan voisin, deux pays où il est interdit et pourchassé.

Ce parti prône effectivement l'instauration d'un "califat" (organisme supranational islamique dirigé par un calife) en Asie centrale et ignore la voie démocratique, mais en même temps il se déclare non violent.

Ce qui oriente les soupçons vers une autre organisation à l'idéologie similaire, mais pratiquant résolument la lutte armée, le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), dont les principales forces, après avoir combattu au Tadjikistan lors de la guerre civile des années 1990, s'étaient retrouvées en Afghanistan aux côtés des talibans et ont été par conséquent affaiblies par la chute de leur régime.

"L'opposition islamique à Karimov est derrière les attentats, que ce soit le MIO ou une nouvelle organisation", estime ainsi un analyste du centre Carnegie de Moscou, Alexeï Malachenko.

Les auteurs des explosions "montrent à Karimov qu'il ne contrôle pas entièrement la situation. Ils sont liés à un réseau terroriste islamique plus vaste, à ce qui est arrivé à Madrid, à ce qui se passe en Irak et en Afghanistan. Ils jouent sur deux plans et c'est très dangereux", dit l'analyste à l'AFP.

Mais, grâce au soutien américain, le régime ouzbek ne sera pas menacé, même au cas où M. Karimov serait conduit à démissionner pour raison de santé, pense le chercheur.

Selon lui, les islamistes n'ont pas les moyens de prendre le pouvoir, mais sont parfaitement en mesure de déstabiliser le pays, en exploitant aussi les difficultés économiques de l'Ouzbékistan.

D'autant que selon les experts quelque deux mille combattants ouzbeks se trouvent à l'étranger, en Afghanistan ou au Pakistan, fournissant une base arrière aux militants locaux.

Mais pour un autre expert russe de la géopolitique, Pavel Felgenhauer, les attentats de Tachkent doivent être situés dans le contexte politique et social local, qui est difficile.

"Les tensions sociales, déjà grandes, ne cessent de se renforcer. Les gens vivent très mal, c'est pire qu'au temps de l'URSS, et ils y voient l'influence occidentale" sur la "dictature sécularisée" de M. Karimov, a-t-il estimé dans une déclaration à l'AFP.

A son avis, le soutien populaire aux thèses des extrémistes islamiques est fort, surtout dans la vallée de Fergana (nord-est). "On croit qu'il suffira de renverser le régime de Karimov et d'instaurer la charia pour que la vie s'améliore".

L'analyste russe y voit un risque de déstabilisation pour toute la région, y compris le Kazakhstan et le Kirghizstan, où vit une minorité ouzbèke.

Selon lui, Washington et Moscou feront tout pour soutenir le régime ouzbek en place, car c'est la moins mauvaise solution, même si Tachkent risque de recourir à des arrestations massives, voire à la torture, pour contrôler la situation.

(AFP - 30 mars 2004)



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