La destitution du Président Lituanien a été votée
mardi 6 avril 2004
Le mardi 6 avril, le Parlement lituanien a voté par 86 voix sur 116 votants la destitution du Président Rolandas Paksas. 85 voix des 141 parlementaires lituaniens étaient nécessaires. Son mandat a pris fin à exactement 16 h 24, quand le Président de la Cour Suprême, Vytautas Greicius, a proclamé les résultats.
Ce vote est la dernière phase d'une procédure qui avait débuté en Octobre 2003 avec la publication d'un rapport de la sécurité intérieure accusant le bureau présidentiel de liens avec le crime organisé.
Mercredi 31 mars, la Cour Constitutionnelle avait jugé que le chef de l'Etat avait "gravement violé la Constitution" en accordant la citoyenneté lituanienne à un homme d'affaire russe, Jurijus Borisovas, qui avait été son principal financier durant la campagne électorale présidentielle. La Cour a également estimé que le Président Paksas avait revélé à l'homme d'affaires des informations confidentielles, notamment le fait qu'il était sous surveillance policière. Enfin, Paksas se voit aussi reprocher de s'être servi de sa position pour intervenir dans des affaires du secteur privé, notamment au profit de la compagnie de construction Zemaitijos Keliai.
Paksas a toujours refusé de démissionner tout au long de la procédure, parlant d'un "complot de l'establishment", se présentant en victime et en en appelant au peuple, se rendant dans les campagnes (son soutien principal) pour fustiger "une classe politique qui veut continuer sans lui ses magouilles". Ayant été destitué, il ne bénéficiera pas des avantages accordés aux anciens présidents, notamment une retraite très lucrative et une maison payée par le Gouvernement.
Cette procédure de destitution a été un véritable défi pour la jeune démocratie lituanienne, sans équivalent en terre post-communiste, surtout en pleine période d'intégration à l'OTAN et à l'Union Européenne. En la conduisant à son terme, la Lituanie a montré à ses détracteurs, et notamment aux médias d'Europe de l'ouest qui parlaient déjà de pays gangrené par la Mafia ou de République bananière, qu'elle a bien sa place dans le concert des nations démocratiques.
Le Président du Parlement et principal rival politique de M. Paksas, Arturas Paulauskas, assurera l'intérim pendant deux mois, le temps d'organiser un nouveau scrutin présidentiel (a priori le 13 Juin, en même temps que les élections européennes), scrutin auquel la Constitution autorise M. Paksas à participer !
Gilles Dutertre.
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