Russie : discours de politique générale de Vladimir Poutine devant la Douma (mai 2004)
vendredi 28 mai 2004
Le Président a présenté, le 26 mai, son message annuel à l'Assemblée fédérale. Il a commencé par rappeler que la Russie était redevenue un pays économiquement et politiquement stable, un pays indépendant tant sur le plan financier que dans le domaine international. Les buts ont été définis : un niveau de vie élevé, la sécurité, la liberté et le confort ; une démocratie mature et une société civile développée ; le renforcement des positions de la Russie dans le monde.
Politique générale
L'idée d'une Russie indépendante et forte ne plaît pas à tout le monde. Des instruments de pression sont utilisés et le renforcement de l'Etat est parfois interprété comme de l'autoritarisme. Toutefois, "aucun des principes fondamentaux de notre politique ne sera revu". Le chef de l'Etat a fustigé ceux qui refusent de voir que la jeune démocratie russe s'est affirmée. Il a évoqué l'absence de transparence des partis, la monotonie de leurs programmes. Il a critiqué certaines ONG qui se taisent parfois, refusant de "mordre" la main qui les nourrit. Les partis "doivent apprendre à assumer le pouvoir et à le quitter selon la volonté du peuple". La Russie entreprend maintenant de développer un Etat moderne. Elle a l'expérience et les instruments nécessaires pour se fixer des objectifs à long terme. Il est très difficile de créer "une société libre d'hommes libres" mais, "tout en oeuvrant à élever le niveau de vie, nous continuerons à préserver et à défendre les conquêtes démocratiques du peuple, à renforcer la sécurité de l'Etat et à apporter aux problèmes clefs de la politique mondiale des solutions civilisées, reposant sur le droit international".
Économie
Le maintien du taux de croissance au niveau du 1er trimestre 2004 (8 %) permettrait de doubler le PIB dès 2010. La crise économique a fait perdre à la Russie près de 50 % de son potentiel. Aussi doit-elle se développer plus vite que les autres pays, "tant pour le rythme de croissance que pour la qualité des marchandises et des services, le niveau de l'enseignement, de la science et des techniques". Nous "modernisons activement l'Etat, en essayant de rendre ses fonctions conformes à l'étape actuelle du développement de la Russie. Une étape assurant un niveau de vie bien plus élevé" Près de 30 millions de citoyens vivent encore au-dessous du seuil de pauvreté, et il est donc capital de résoudre les problèmes sociaux. Si le gouvernement parvenait à ramener l'inflation à 3 % par an, le rouble pourrait devenir totalement convertible en deux ans, a estimé le chef de l'Etat. Il a souligné l'importance de la réforme budgétaire, notant qu'il "faut passer de la gestion des dépenses à la gestion des résultats". Il a appelé à une baisse de la TVA (18 % aujourd'hui), et à faire la différence entre ceux qui "optimisent leurs impôts" et les mauvais payeurs. Enfin, l'infrastructure des transports doit être développée pour transformer les particularités géographiques de la Russie en un avantage concurrentiel.
Questions sociales - Vladimir Poutine a mentionné des objectifs concrets. Concernant l'accès au logement, le gouvernement et les régions doivent, d'ici 2010, faire en sorte que 1/3 des citoyens (et non plus 1/10) puissent acquérir un logement grâce à l'épargne et à des prêts. Il faut développer l'hypothèque, pour permettre aux revenus moyens de résoudre leurs problèmes de logement. D'autres formes de financement sont aussi nécessaires. Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité de mettre fin au monopole des marchés du Bâtiment, pour "mettre de l'ordre dans le secteur du logement social". La modernisation de la santé est trop lente, le système de soins reste peu efficace. L'objectif est d'avoir "un meilleur accès et une meilleure qualité de l'aide médicale" pour tous. Des normes minimales doivent être définies et "seuls les soins supplémentaires et un confort amélioré doivent être à la charge du patient" Quant à l'enseignement, il ne doit pas perdre la place qu'il occupe dans le monde. Le manque d'accès à un enseignement de qualité pour les plus défavorisés demeure un problème grave. Il faut, en outre, tout faire pour que les diplômés trouvent un travail dans leur spécialité. Enfin, il est de l'intérêt des entreprises de participer davantage à l'effort de formation.
Politique extérieure
Il faut l'adapter aux objectifs et aux potentialités de développement du pays. Le renforcement de l'intégration au sein de la CEI, notamment dans le cadre de l'Espace économique commun et de la Communauté économique eurasiatique font partie des grands objectifs. C'est une condition de la stabilité régionale et internationale. L'intérêt de Moscou est d'intégrer davantage l'économie mondiale et d'adhérer à l'OMC à de bonnes conditions. Il faut chercher à augmenter les exportations et à mieux protéger les intérêts des sociétés russes à l'étranger. Le chef de l'Etat a affirmé que la Russie continuera à développer le dialogue politique et économique avec les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon et d'autres pays. Concernant la lutte contre le terrorisme, il a déclaré que la Russie ne se laisserait pas intimider par les provocations, soulignant toutefois que cette lutte ne saurait servir de prétexte à restreindre les droits de l'homme. La politique étrangère doit apporter des résultats concrets : assurer la sécurité de l'individu, étendre les activités d'entreprise, défendre les droits des Russes résidant à l'étranger. Évoquant la nécessité de protéger la Russie de toute pression ou agression potentielle, le chef de l'Etat a exposé les problèmes des Forces armées et leurs solutions. Il a qualifié leur modernisation d'objectif d'envergure nationale, et souligné la nécessité d'une gestion saine, notant que la transparence de l'économie militaire "est la condition sine qua non de la réforme".
Ria-Novosti/28 mai 2004
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