Bosnie : soixante responsables serbes bosniaques démis de leurs fonctions (2004)
mercredi 30 juin 2004
Le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, Paddy Ashdown, a démis mercredi 30 juin une soixantaine de responsables serbes bosniaques accusés de soutenir l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, en fuite depuis son inculpation par le TPI de génocide lors de la guerre de Bosnie.
"Au total j'ai limogé environ 60 personnes aujourd'hui (...) pour déraciner ces gens qui ont la responsabilité affreuse de créer un climat de conspiration, d'intimidation et d'impunité à l'égard de criminels ce qui permet aux inculpés de crimes de guerre à échapper à la justice", a déclaré M. Ashdown, qui dispose de pouvoirs discrétionnaires en vertu de l'Accord de Dayton ayant mis un terme à la guerre (1992-1995).
"La Republika Srpska (RS) a été pour trop longtemps entre les mains d'une petite bande de politiciens corrompus et de criminels", a martelé M. Ashdown devant les journalistes.
"Nous devons nous débarrasser du cancer de l'obstructionnisme et de la corruption dans les structures de RS et cela ne peut être réglé d'une manière efficace que par une intervention chirurgicale majeure", a-t-il affirmé.
Parmi les responsables démis, figurent notamment le président du Parlement serbe bosniaque Dragan Kalinic et le ministre de l'Intérieur Zoran Djeric, mais aussi des cadres du Parti démocratique serbe (SDS, nationaliste) au pouvoir en RS, entité qui forme avec la Fédération croato-musulmane la Bosnie d'après guerre, ainsi que plusieurs maires dont celui de Pale, l'ancien fief de Karadzic. Dragan Kalinic, qui présidait le SDS, a lui même annoncé son limogeage devant les élus serbes bosniaques, peu avant l'annonce officielle de M. Ashdown.
"Je viens tout juste d'être démis par le Haut représentant" (...) "en raison de l'échec (des autorités) à arrêter Radovan Karadzic", a-t-il dit. "A partir de demain (jeudi) je suis interdit de toute activité politique", a-t-il ajouté.
De son côté, le Premier ministre serbe bosniaque, Dragan Mikerevic, n'a pas caché son amertume face à la décision ayant frappé MM. Kalinic et Djeric et a loué les "compétences"des responsables déchus.
"La RS est beaucoup plus importante que nous en tant qu'individus. Ce pourquoi nous devons accepter d'être les victimes de notre République", a commenté le chef du gouvernement tout en louant l'"activité visionnaire" de Dragan Kalinic et les "résultats extraordinaires") obtenus par Zoran Djeric.
Il a souligné que la décision de M. Ashdown allait être appliquée en dépit du désaccord de son gouvernement.
Les autorités de la RS sont les seules de pays issus de l'ex-Yougoslavie à ne pas avoir arrêté un seul criminel de guerre, huit ans après la fin du conflit en Bosnie. Pour cette raison, la candidature de la Bosnie au Partenariat de la paix n'a pas été approuvée par l'Otan lors de son sommet des 28 et 29 juin à Istanbul.
L'Alliance a invoqué le manque de coopération du pays avec le TPI et particulièrement des autorités serbes de Bosnie pour expliquer ce refus. Outre Karadzic, la communauté internationale exige notamment l'arrestation de l'ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, lui aussi en fuite depuis son inculpation en 1995 pour génocide par le TPI.
Le TPI reproche entre autres aux deux hommes, leur rôle dans le massacre de plus de 7.000 musulmans après la chute de Srebrenica en juillet 1995.
AFP
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