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L'avenir de la Croatie et des Balkans, selon Michel Barnier (2005)


mercredi 20 avril 2005

Interview de M. Michel BARNIER au journal croate « Vecernji list », à l'occasion de la visite du ministre français des Affaires étrangères en Croatie

(Zagreb, 23 juillet 2004)

Q - Comment voyez-vous les relations bilatérales entre la Croatie et la France ? En général, les relations économiques sont à la traîne par rapport aux relations politiques. Est-ce aussi le cas avec la France ?

R - Après les années troublées qui ont suivi l'indépendance de votre pays, nos relations ont changé du tout au tout grâce à la transition de 2000. C'est alors que le Président Chirac et le président Mesic parvinrent à convoquer à Zagreb un Sommet réunissant les pays de l'Union européenne et les cinq pays du Processus de stabilisation et d'association (PSA) : Croatie, Serbie-et-Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM). Depuis lors, un dialogue politique d'une qualité exceptionnelle s'est instauré entre nos deux capitales.

Pour ce qui est de nos relations économiques, nous pouvons et devons mieux faire. La Croatie renferme, de par ses capacités et sa position stratégique, un fort potentiel de croissance. C'est pourquoi nous nous efforçons d'intéresser les entreprises françaises au marché croate.

Je voudrais aussi aborder la coopération technique, scientifique et culturelle. La Commission mixte franco-croate qui s'occupe de ces questions s'est réunie à Paris les 15 et 16 juin derniers en présence de votre vice-ministre des affaires étrangères, M. Biscevic, avec des résultats très concluants.

Pour conclure, je forme le voeu que nos relations, désormais excellentes et exemptes de contentieux, se développent vers un véritable partenariat franco-croate.

Q - La Croatie commencera à négocier avec l'Union européenne l'an prochain. Comment évaluez-vous les chances de la Croatie de rejoindre l'Union européenne dans les dix ans ? Quels sont, selon vous, les obstacles principaux ?

R - Le Sommet de Zagreb a reconnu la vocation européenne de la Croatie et des quatre autres pays du PSA, vocation réitérée par le Sommet de Thessalonique de juin 2003. La Croatie, avec l'ARYM, a pris une longueur d'avance par la signature d'un accord de stabilisation et d'association. Enfin, le Conseil européen des 17 et 18 juin a octroyé le statut de candidat à la Croatie. Il a demandé à la Commission de mettre au point une stratégie de pré-adhésion en vue d'une ouverture des négociations d'adhésion au début de 2005. Ce sont des résultats dont nous nous réjouissons.

La date d'adhésion dépend d'abord des efforts de la Croatie, mais aussi des prochaines échéances de l'Union européenne : conséquences du dernier élargissement, adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, adoption du prochain cadre financier, mise en oeuvre du traité constitutionnel. Les étapes que rencontrera la Croatie dans sa marche à l'adhésion sont celles-la même que tous les candidats admis ont eu à surmonter.

Q - La France peut-elle aider la Croatie sur cette voie et comment ?

R - La France soutient résolument la candidature de la Croatie et, pour donner à celle-ci les meilleurs chances d'aboutir, elle se concerte étroitement avec l'Allemagne.

Nous continuerons aussi à soutenir votre candidature par la nomination d'assistants techniques et le développement de jumelages institutionnels, avec la mise à disposition d'experts pour vous aider dans la transposition de l'acquis communautaire.

Notre conviction est que l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne, par sa valeur d'exemplarité, aura un effet d'entraînement sur la région entière. Elle montre que si un pays fait les efforts nécessaires pour se mettre aux normes européennes, alors les portes de Bruxelles lui sont ouvertes.

Q - Pouvez-vous commenter la situation dans la région, notamment après l'investiture du nouveau président serbe. Comment évaluez-vous les chances de la Bosnie-Herzégovine et de la Serbie-et-Monténégro de se rapprocher des critères d'intégration euro-atlantiques ?

R - Les développements politiques en Serbie-et-Monténégro concernent tous les pays de l'Europe du Sud-Est. La récente élection présidentielle de Serbie a confirmé l'engagement de la Serbie sur la voie choisie en 2000 après le renversement du régime Milosevic. Nous formons le voeu que la stabilité prévale désormais en Serbie afin qu'elle relève les importants défis auxquels elle est confrontée : le renforcement de la Communauté étatique qu'elle forme avec le Monténégro, la question du Kosovo, avec la reprise que nous souhaitons rapide du dialogue Belgrade/Pristina, la coopération avec le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), le rapprochement avec l'Union européenne, surtout aussi la poursuite de la coopération régionale.

Quant au rapprochement de la Serbie-et-Monténégro et de la Bosnie-Herzégovine avec l'Union européenne et l'OTAN, je ne doute pas qu'ils y parviendront un jour, mais ils devront, pour cela, consentir des efforts importants. Ils ont, tout comme la Croatie, à remplir deux séries de critères, ceux dits de Copenhague qui s'imposent à tous les candidats et ceux dits de Zagreb qui ont été conçus pour les cinq pays du Pacte de stabilisation et d'association : coopération régionale, règlement des contentieux, coopération avec le TPIY.

Q - La coopération avec le Tribunal de La Haye est l'une des conditions politiques essentielle pour l'Union europÉenne. La Croatie a un problème avec le général Gotovina. Considérez-vous ceci comme un obstacle ?

R - Afin que justice soit rendue, tous les inculpés doivent comparaître à La Haye. Il est vain d'espérer que la Communauté internationale cède un jour à la lassitude.

La Croatie peut se prévaloir d'une coopération satisfaisante avec le TPIY, en dehors du cas Gotovina. S'il consentait à l'auto-reddition, il rendrait un immense service à son pays. Il servirait aussi sa propre cause : le prétoire de La Haye est la seule enceinte où l'inculpé pourra réfuter les accusations portées contre lui, s'il les juge infondées.

Sur ce point difficile, je ne saurais conclure sans rendre hommage au soutien que la Croatie a apporté à la Cour pénale internationale, démontrant par là même son attachement au principe d'une justice internationale.

Source : Ministère français des Affaires étrangères/Vecerni list
-  www.vecernji-list.hr



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