Russie : Poutine précise ses projets de réformes institutionnelles pour lutter contre le terrorisme (septembre 2004)
mardi 14 septembre 2004
Le gouvernement a tenu sous la présidence de Vladimir Poutine, le 13 septembre, une réunion élargie aux plus hauts responsables des entités de la Fédération. A l'ordre du jour : les questions soulevées par le chef de l'Etat dans son allocution télévisée du 4 septembre : l'unité nationale, le renforcement des structures étatiques et la confiance envers le pouvoir, la création d'un système efficace de sécurité intérieure.
Vladimir Poutine a d'emblée proposé une réforme politique de grande envergure, considérant comme insuffisante une simple adaptation du pouvoir exécutif à un fonctionnement en situation de crise. La réforme proposée vise à renforcer l'unité du pays et à empêcher la survenue de crises. Estimant que les terroristes tentent de désintégrer la Russie, il s'est dit convaincu que l'unité du pays était la principale condition de la victoire sur le terrorisme.
Il s'agit de former un système unique de pouvoir exécutif , les organes du pouvoir fédéral et ceux des entités de la Fédération de Russie devant fonctionner comme un système unique de subordination réciproque. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Vladimir Poutine estime qu'assurer l'unité du pouvoir nécessite que la Fédération et ses entités participent ensemble à la formation des organes du pouvoir exécutif dans les territoires. C'est pourquoi il propose que les plus hauts dirigeants des entités de la Fédération soient élus par les assemblées législatives régionales sur proposition du chef de l'Etat. Un projet de loi en ce sens sera soumis à la Douma d'ici à la fin de l'année.
La lutte antiterroriste étant une priorité nationale, il est très important qu'elle intègre toutes les institutions du système politique, l'ensemble de la société. Au nombre des mécanismes capables de consolider l'Etat, les partis nationaux qui doivent assurer un dialogue réel entre la société et le pouvoir. C'est pourquoi Vladimir Poutine juge indispensable d'élire la Douma à la proportionnelle. Un projet de loi sera prochainement soumis au parlement.
Et pour que les gens soient sûrs d'être entendus, Vladimir Poutine propose d'instituer une Chambre publique chargée de contrôler le fonctionnement de l'appareil d'Etat, y compris des organes judiciaires et de sécurité, des services secrets. Il convient également, de l'avis du chef de l'Etat, de soutenir les initiatives citoyennes de ceux qui désirent organiser des structures bénévoles dans le secteur du maintien de l'ordre. De telles structures pourraient aider à collecter des informations, devenir un facteur de la lutte contre la criminalité et le terrorisme.
Concernant la situation dans le Caucase du Nord, le chef de l'Etat a souligné la nécessité de revoir la politique régionale. Il a rappelé que la situation économique et sociale y était désastreuse et a estimé que le pouvoir exécutif était le premier responsable d'une telle situation. Les idéologues du terrorisme profitent des lacunes de la politique économique et sociale pour développer leurs activités dans cette région stratégique, cruciale pour la Russie. Vladimir Poutine a annoncé la création d'une commission fédérale chargée du Caucase du Nord et celle d'un ministère de la politique régionale et nationale.
Autre volet important, la mise sur pied d'un système de gestion anticrise apte à fonctionner dans le cadre de la guerre menée par le terrorisme à la Russie. Cela concerne tous les secteurs, de la politique extérieure à l'économie pure, en passant par le maintien de l'ordre. Les structures de force sont chargées de renforcer les mesures antiterroristes, y compris d'élargir la coopération internationale entre les services secrets. Mais, pour Vladimir Poutine, ces mesures ne suffisent pas. La Russie a besoin d'un système qui lui permette non seulement de déjouer les attentats, mais aussi de devancer les terroristes, de "liquider les criminels dans leur tanière" et, si nécessaire, de les traquer à l'étranger. Il faut priver les terroristes de leurs ressources financières, créer un vide politique et financier autour de leurs émissaires. Les organisations extrémistes doivent être interdites, que leur phraséologie soit religieuse, nationaliste ou autre.
Vladimir Poutine a conclu son intervention en répétant que la lutte antiterroriste constituait le principal objectif de tous, que sa réalisation dépendait de la mobilisation de toutes les ressources de l'Etat et de la société.
Dans son discours de clôture, le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité d'assainir tout l'organisme de l'Etat et du système économique. Il s'est dit convaincu que la Russie devait être une composante majeure du système international de sécurité. Et qu'elle le serait, mais à une condition : demeurer un Etat démocratique.
Ria - Novosti / 14 septembre 2004
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