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La Slovénie retire son soutien à la candidature de la Croatie à l'UE


samedi 25 septembre 2004, par Hervé Collet

À l'approche des élections législatives qui doivent se tenir le 3 octobre en Slovénie, un conflit frontalier majeur oppose le pays à son voisin croate. Les relations entre les deux ex-républiques de Yougoslavie, qui étaient mouvementées depuis plusieurs années, se sont dégradées à la suite d'un incident intervenu le 22 septembre 2004.

Ce jour-là, la police croate a arrêté le chef du Parti populaire d'opposition slovène Janez Podobnik (SLS, droite) et des membres de son parti, alors qu'ils tâchaient de traverser la frontière dans la région d'Istrie, au nord-ouest, dépourvue de poste-frontière, en refusant de montrer leurs passeports. Ces derniers ont été détenus quelques heures.

L'affaire a pris une dimension européenne lorsque M. Anton Rop, Premier ministre slovène, a considéré l'incident comme un "comportement non-européen" qui éloignait la Croatie de l'UE et était même dirigé contre celle-ci. Rappelons que sur le plan géopolitique, l'entrée de la Slovénie dans l'Union, définitivement acquise depuis le 1er mai 2004, était censée servir de modèle de stabilité pour l'ensemble des Balkans. La Slovénie avait donc accueilli favorablement la demande officielle d'adhésion de la Croatie, présentée le 21 février 2003. Elle estimait alors que ce pays méritait un chemin d'adhésion accéléré en raison des progrès qu'il avait enregistrés.

M. Rop, après avoir vivement condamné l'incident du 22 septembre, a réuni un conseil des ministres extraordinaire à Ljubljana et a immédiatement cessé d'appuyer la candidature de la Croatie à l'Union européenne (UE). Il a appelé à une réaction de la Commission. Le porte-parole du commissaire européen aux Relations extérieures, Chris Patten, a évoqué le trouble ressenti à Bruxelles après l'annonce de cet incident. Ljubljana a rappelé son ambassadeur à Zagreb, tout en en informant Javier Solana, le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère. L'ambassadeur slovène à Bruxelles a ajouté que l'incident serait évoqué "dans le cadre du groupe de l'UE sur l'Ouest des Balkans" qui s'est tenu jeudi 23..

Un conflit frontalier qui a la vie dure

La Slovénie dispose d'un littoral réduit (50 km), qui s'inscrit dans un golfe dont l'arrondi pose des problème de délimitation des eaux territoriales. Leur définition est étroitement liée au tracé des frontières entre la Slovénie et la Croatie. Le différend porte sur le tracé d'un cours d'eau aux multiples bras. Le déplacement du moindre mètre de frontière a des répercussions importantes sur son prolongement en mer.

En 1994, le Parlement croate adopte la loi maritime (toujours en vigueur) qui reprend les dispositions de la Convention de l'ONU de 1982 sur le droit de la mer et prévoyait la proclamation d'une zone économique exclusive croate dans l'Adriatique. Depuis mars 2001, un projet visant à proclamer une zone économique exclusive (ZEE) croate est en discussion, soutenu par un grand nombre de Croates. Le ministre croate de l'agriculture soutient le principe d'une zone économique en s'appuyant sur la position de l'UE (qui a conseillé à ses membres dont les eaux territoriales s'étendent jusqu'aux eaux internationales de proclamer une zone économique) et les effets positifs pour la Croatie, à savoir des accords de pêche avec les membres de l'UE, dont l'Italie et la Slovénie.

Le 8 août 2003, la Slovénie déclare qu'elle contrera toute décision unilatérale susceptible d'affecter la délimitation de sa frontière maritime. Le 28 août, à la demande slovène, le Commissaire européen pour l'Agriculture, les Forêts et la Pêche, M. Fischler, déclare que chaque pays côtier a le droit de proclamer une zone économique protégée. Le 1er septembre 2003, M. Rupel affirme que "la Slovénie va être amenée à reconsidérer sa politique de soutien à l'adhésion croate à l'UE". La Slovénie rappelle alors pour consultation son ambassadeur en Croatie, M. Bekes, à Ljubljana. C'est la première fois depuis l'indépendance des deux pays que l'un des pays rappelle son ambassadeur. Pour le ministre croate Picula, "la Slovénie use souvent de l'Europe comme moyen de chantage contre la Croatie au lieu d'en faire une stimulation".

La résolution du conflit semble difficilement envisageable dans un cadre bilatéral Slovénie-Croatie, il est donc fréquemment question d'un arbitrage international (table ronde sur l'accord sur la frontière maritime entre la Croatie et la Slovénie organisée le 4 septembre 2001 par le Centre démocratique), qui tâcherait de respecter les exigences slovènes tout en ne lésant pas les intérêts croates. Or la Slovénie, avant son intégration européenne, avait pour mission de surveiller l'une des futures frontières extérieures de l'Union européenne, responsable de la surveillance de la « route des Balkans », où l'immigration clandestine est très forte

A.K et H.C. / Colisée.



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