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Reportage : Kirghizstan, une terre d'accueil à découvrir (octobre 2004)


dimanche 3 octobre 2004

Terre de contrastes, le Kirghizstan est le pays d'Asie centrale qui offre le plus de diversité sur un plan géographique et humain. En 1997, les professionnels du tourisme ont lancé le slogan : "Kirghizstan - une autre Suisse". Étrange formule aux yeux des occidentaux qui s'attendent à ne trouver dans cette région que des steppes ou du désert !

C'est oublier que le Kirghizstan, comme le Tadjikistan voisin, compte les 3/4 de sa superficie en milieu montagneux, avec de nombreux pics enneigés dépassant 6.000 mètres, aux confins de la Chine. Les lacs de toute beauté qui parsèment le territoire constituent des biotopes parmi les plus protégés du monde. La plupart d'entre eux ne sont accessibles qu'à cheval, à l'occasion de trekkings soigneusement préparés et encadrés. Les sapins qui s'accrochent au flanc des montagnes font effectivement penser aux vallées alpines. Les contreforts montagneux et les plans d'eau les plus accessibles - dont le célèbre lac d'Yssyk-Kul - constituent des lieux de villégiature très recherchés par les vacanciers. Ceux-ci viennent de toute l'Asie centrale, rejoints de plus en plus par des visiteurs européens. Ils y trouvent fraîcheur et dépaysement.

Une grande diversité humaine

Variété géographique, mais aussi diversité humaine. Le Kirghizstan est un pays multiculturel. Les Kirghizes forment la majorité (65 %) d'une population qui compte près de 5,2 millions d'habitants. Mais on trouve aussi des Ouzbeks (13,8 % - essentiellement à l'Ouest et au sud du pays, dans la vallée de Ferghana), des Russes (12,5 % - population qui a considérablement diminué au lendemain de l'indépendance, à la suite d'un mouvement de peur infondé) et de nombreuses minorités ethniques : Doungans (population chinoise islamisée), Ukrainiens, Ouighours (population turcophone, elle aussi musulmane, originaire du Xin Kiang), Tatars, Kazakhs, Tadjiks, Turcs et… Allemands - groupe de population déporté par Staline, dont beaucoup de membres ont émigré en Allemagne dans la dernière période. Les différentes communautés ethniques ont acquis des droits culturels et linguistiques importants et vivent dans un étonnant climat de paix sociale, dont le président Akaev s'est voulu le garant en proclamant en 1992 le Kirghizstan « Notre maison commune ».

Le Kirghizstan connaît, comme tous les pays d'Asie centrale - et de la CEI - un système présidentiel « fort », et c'est là que s'arrête la comparaison avec la Suisse. Jusque vers 1995, le pays a connu un mouvement de libéralisation qui tranchait sur le régime des États voisins, au point que beaucoup d'ONG internationales ont établi leur quartier général régional à Bichkek - d'où la comparaison avec Genève. Peu à peu, la main du pouvoir s'est alourdie sur les institutions sociales, politiques et médiatiques du pays, à mesure que l'entourage présidentiel prenait le contrôle des leviers de commande économiques.

Les observateurs internationaux font valoir que le régime de Bichkek est moins fermé, moins « musclé » que celui de ses voisins. C'est en partie vrai : le Kirghizstan coopère volontiers avec les institutions internationales telles que l'OSCE ou les agences spécialisées de l'ONU, et l'on peut observer des progrès notables en matière d'adaptation de l'appareil législatif aux standards européens. Le pays peut même se prévaloir d'une institution unique en son genre dans la CEI : un ombudsman (médiateur de la République), dont la charge est revenue - par une péripétie politique indépendante du pouvoir - à un dirigeant de l'opposition, M. Tursumbaï Bakir Uulu, dont la compétence est supérieure à celle que peut avoir un médiateur européen classique. L'opposition compte une petite vingtaine de députés (sur 60) et 43 partis sont enregistrés, dont une trentaine sont indépendants ou opposants.

Le leader d'opposition en prison

Mais les défenseurs des droits de l'Homme sont sévères sur le bilan du régime en matière de libertés fondamentales. Le leader du principal parti d'opposition, Felix Kulov, président d'Ar-Namys (Dignité) est en prison depuis quatre ans pour des prétendus motifs économiques et sera libéré … au lendemain de l'élection présidentielle, pour éviter de faire ombrage au candidat du pouvoir. Le Comité kirghiz des droits de l'Homme fait état de nombreuses exactions commises par les forces de l'ordre et de pressions exercées sur les partis politiques d'opposition et les rares médias indépendants qui subsistent.

Le mandat du président Askar Akaev, en place depuis l'indépendance du pays en 1991, touche normalement à sa fin en octobre 2005. D'après la Constitution, modifiée à plusieurs reprises, le locataire actuel de la "Maison blanche" (nom du palais présidentiel) ne peut plus se présenter une nouvelle fois. Mais, malgré ses affirmations réitérées de retrait de la vie publique, beaucoup lui prêtent l'intention de remplir un dernier mandat avant de céder sa place à l'un de ses fils, Aidar, qui n'a pas encore l'âge légal pour poser sa candidature (35 ans). Il lui suffirait, dans ce cas, de faire modifier la constitution par le futur Parlement (qui doit être renouvelé en février 2005 et dont il espère garder le contrôle) ou par référendum. Face à lui, l'opposition est divisée et n'a pas de leader charismatique - hormis Felix Kulov emprisonné (mais qui peut quand même se porter candidat…) - qui puisse proposer une alternative semblable à celle qu'a offerte la "révolution de velours" en Géorgie. Le dénouement de la crise géorgienne, cauchemar des leaders de la CEI, hante à ce point les rêves du président Akaev que ce dernier vient de sortir un livre qui lui est consacré.

En attendant l'issue des prochaines échéances politiques (régionales en octobre, parlementaires en février et présidentielle en octobre), la population continue à vivre dans des conditions difficiles. Le Tadjikistan est le pays le plus pauvre de la CEI et vit en grande partie grâce à l'aide internationale, car il n'a pas d'industrie, ni de pétrole ou de gaz comme le Turkménistan ou le Kazakhstan. Sa monnaie (le som) est stable et le taux de croissance économique est en notable augmentation, mais le niveau de vie moyen est faible : moins de 20 euros par mois pour une grande partie de la population. Malgré l'âpreté de la vie quotidienne, le "sourire kirghiz" reste légendaire et les habitants manifestent un esprit d'accueil et d'ouverture qui ne laisse pas indifférent le voyageur.

Hervé Collet

Pour plus de renseignements sur le pays :
-  Fiche technique Kirghizstan (septembre 2008)
-  Tourisme au Kirghizstan : formalités (juillet 2004)

-  À lire absolument : "La rumeur des steppes", de René Cagnat aux Editions Voyageurs/Payot.



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