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Moldavie : histoire de la Transnistrie jusqu'en 1990


vendredi 22 août 2003

La Transnistrie tire son nom de Nistru, une dénomination roumaine (moldave) du fleuve Dniestr. La région de la Transnistrie est située au-delà du Dniestr, entre la rive gauche de celui-ci et la rive droite du Boug. Le territoire n'a jamais constitué une zone clairement définie, encore moins un État. L'appellation de Transnistrie est relativement récente, car non seulement elle recouvre plusieurs réalités selon les époques, mais elle a changé plusieurs fois de nom.

L'occupation russe

On sait que les Ukrainiens et les Roumains ont constitué la population la plus ancienne du territoire de la Transnistrie actuelle. Après le partage de la Pologne et la guerre russo-turque (1877-1878), le territoire fut occupé par la Russie (1892) dont il resta la frontière sud-ouest jusqu'à l'annexion de la Bessarabie par la Russie (traité de Bucarest), puis massivement colonisée avec des Moldaves (des Roumains de Bessarabie), des Roumains de l'empire des Habsbourg, des Serbes et des Allemands. Rappelons que la Bessarabie est une région historique du sud-est de l'Europe, située entre le Prout et le Dniestr ; la région correspond, pour les deux tiers, à la république de Moldavie actuelle, sauf dans ses parties septentrionale et méridionale (Transnistrie), qui se trouvent en Ukraine. Son nom provient de Basarab, une dynastie roumaine qui gouverna la Valachie voisine (l'actuelle Roumanie) du XIVe au XVIIe siècle. La Bessarabie (l'actuelle Moldavie) a aussi appartenu à la principauté de Moldavie (l'actuelle Roumanie), puis elle fut gouvernée par les Turcs de 1513 à 1812, avant d'être cédée à l'Empire russe.

En octobre 1924, l'URSS créa sur ce territoire, appelé aujourd'hui Transnistrie et à cheval entre la Moldavie et l'Ukraine, la République autonome socialiste soviétique de Moldavie (RASSM) avec Balta comme capitale, puis, à partir de 1929, Tiraspol. C'était un territoire construit artificiellement par le Kremlin dans le seul but de faire main basse sur la Bessarabie. Avec une superficie de 8.432 km2 (aujourd'hui : 4.163 km2), cette nouvelle république « autonome » de Moldavie ne disposait pas de débouché sur la mer Noire, mais elle en avait dans le cadre de la république d'Ukraine. Sa population comptait alors 500.000 habitants.

En 1940, la RASSM fut rattachée à la République socialiste soviétique de Moldavie (RSSM). Sa capitale devint Kichinev (aujourd'hui Chisinau). L'année suivante, les troupes roumaines et allemandes occupèrent la région de l'actuelle Transnistrie. Le maréchal pro-nazi, Ion Antonescu, nomma un administrateur civil dans la « province de Transnistrie », qui fut étendue jusqu'à Odessa en Ukraine.

Le territoire de la RASSM (40.000 km2) fut ensuite administré par la Roumanie à partir de 1941. Il devint un lieu de déportation pour les Tsiganes et les Juifs de Roumanie (environ 300 000), dont plus de la moitié moururent de froid ou de maladie, ou furent liquidés par les troupes allemandes et roumaines. La province de Transnistrie compta une population atteignant environ 900.000 personnes, dont 500.000 Roumains, les autres étant des Ukrainiens et des Russes. La Roumanie décida de ne pas procéder à une annexion systématique de la province.

En août 1944, les Soviétiques occupèrent à nouveau la province de Transnistrie, mais aussi la Bessarabie (l'actuelle Moldavie). La république de Moldavie fut rétablie dans ses frontières de 1940, la Transnistrie désignant les parties orientales de la république de Moldavie. Dès lors, les autorités soviétiques favorisèrent la population russo-ukrainienne aux dépens des Moldaves. Ils développèrent le secteur industriel de cette région, tandis que le reste de la Moldavie restait agricole avec une industrie centrée exclusivement sur l'agroalimentaire. C'est en Transnistrie que furent installés l'ensemble de l'industrie lourde et l'essentiel de l'industrie énergétique de la RSSM. Joseph Staline avait ainsi procédé à la jonction forcée de deux régions distinctes (Bessarabie et Transnistrie), dont la composition ethnique, l'histoire et les mentalités étaient différentes ; les disparités se sont par la suite accentuées. Moscou favorisa constamment la Transnistrie, considérée comme étant plus sûre que la Bessarabie (Moldavie). Pour les russophones, les Moldaves étaient considérés comme des « primitifs » par comparaison à la prestigieuse culture russe ! Ce sentiment persiste encore aujourd'hui.

Durant le régime soviétique, la région constitua une pépinière pour les cadres du Parti communiste de Moldavie, et ce, jusqu'à la fin des années 1980. Les principaux responsables du Parti communiste et de l'État en Moldavie provenaient tous de la Transnistrie. Entre 1940 et 1989, aucun premier secrétaire du PC de Moldavie ne fut originaire de Bessarabie (Moldavie). Cinq furent issus de l'Ukraine, deux de Transnistrie et un de Russie : c'était Leonid Brejnev, qui administra la République socialiste soviétique de Moldavie (RSSM) de 1950 à 1952. En 1989, plus de 75 % des apparatchiks de la Moldavie venaient de la Transnistrie. Beaucoup de Moldaves en vinrent à contester l'hégémonie des Transnistriens russo-ukrainiens dans leur pays.

Source : Université de Laval (Québec) : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Etats...



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