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Lituanie : Les résultats du premier tour des législatives du 10 octobre 2004


jeudi 21 octobre 2004

Le Parti du travail (DP), dirigé par Viktor Ouspaskitch, arrive en tête du premier tour des élections législatives qui se sont déroulées le 10 octobre en Lituanie. La formation populiste, créée il y a tout juste un an par le milliardaire d'origine russe, a recueilli 28,60 % des suffrages et remporté vingt-deux des soixante-dix sièges du Seimas (Parlement lituanien) répartis au scrutin proportionnel. La Coalition « Nous travaillons pour la Lituanie », composée par le Parti social-démocrate (LSDP) et le Parti social libéral (SL) actuellement au pouvoir, obtient 20,66 % des voix et seize sièges. Elle devance l'Union de la patrie-Conservateurs (TS-LK) qui recueille 14,58% des suffrages et onze sièges ; la Coalition « Pour l'ordre et la justice », créée par le Président de la République récemment destitué, Rolandas Paksas (Parti libéral démocrate), et emmenée par Valentinas Mazuronis, qui obtient 11,42 % des voix et neuf sièges ; l'Union libérale-Union du centre (LLC-LSC), conduite par l'ancien négociateur en chef de la Lituanie avec l'Union européenne, Petras Austrevicius, 9,13 % et sept sièges et enfin le Parti des paysans-Parti de la nouvelle démocratie (LVP-NDP) de Kazimiera Danute Prunskiene, 6,60 % et cinq sièges.

Cinq candidats se présentant dans l'une des soixante et onze circonscriptions où les élections législatives se déroulaient au scrutin majoritaire ont été élus dès le premier tour. Il s'agit de Zigmantas Balcytis (LSDP) à Silales-Silutes, de Juozas Palionis (LSDP) à Prienu, de Valdemar Tomasevski (Action électorale polonaise, LLRA) à Vilnius-Salcininku, du ministre des Finances, d'Algirdas Butkevicius (LSDP) à Vilkaviskio (57,56 % des suffrages) et enfin de Viktor Ouspaskitch lui-même, élu avec 64,31 % des voix dans sa circonscription de Kedainu.

La participation a été particulièrement faible, s'élevant à 36,71 %, soit près de vingt points de moins que lors des dernières élections législatives du 8 octobre 2000. Rappelons que les Lituaniens ont été particulièrement sollicités en cette année 2004 puisqu'ils se sont rendus aux urnes le 13 juin dernier pour les premières élections européennes de leur histoire, et ont élu, le 27 juin, un nouveau Président de la République en la personne de Valdas Adamkus. 7,60 % des électeurs, un record, avaient pourtant voté par correspondance, comme le leur permet la loi électorale durant les cinq jours précédant le scrutin.

À l'issue de l'annonce des résultats et alors qu'il avait précédemment répété que le poste de chef du gouvernement ne l'intéressait pas personnellement, Viktor Ouspaskitch s'est déclaré candidat au poste de Premier ministre. « Je ne serai pas le pire Premier ministre comparé à ceux des gouvernements précédents. Je serai capable d'arrêter la corruption qui échappe à tout contrôle », a-t-il affirmé.

Le leader du Parti du travail s'est également déclaré prêt à négocier avec d'autres formations politiques afin de former une coalition gouvernementale. « Nous sommes prêts à parler de coalition avec tout le monde, mais nous ne regarderons pas tant les programmes des partis que le visage des gens qui les dirigent. Ceux qui sont connus pour leurs mauvaises actions ne sont pas les bienvenus au pouvoir », a-t-il précisé. L'actuel Premier ministre, Algirdas Mykolas Brazaukas, a déclaré être prêt à partager le pouvoir avec Viktor Ouspaskitch si celui-ci acceptait le programme de la coalition gouvernementale qu'il dirige avec le Parti social libéral. « Si nous faisons une alliance, ce sera aux autres partis d'adopter le programme du Parti du travail » a, quant à lui, affirmé le leader de la formation populiste, citant néanmoins Algirdas Mykolas Brazaukas, dont il a loué l'expérience, comme un Premier ministre potentiel. Le 5 octobre dernier, le Parti du travail a cosigné avec les onze autres formations politiques un document affirmant son approbation de la récente adhésion de la Lituanie à l'Union européenne et à l'OTAN et son soutien au renforcement des relations avec les Etats-Unis. Tous les partis de la République balte se sont également engagés à ratifier la Constitution européenne en 2005.

Quelques mois après la destitution de l'ancien Président de la République, Rolandas Paksas, accusé d'avoir divulgué des secrets d'Etat à l'homme d'affaires russe, Iouri Borisov, les élites politiques, économiques et culturelles lituaniennes sont inquiètes de l'accession au pouvoir du milliardaire d'origine russe, Viktor Ouspaskitch, craignant le retour de l'influence dans les affaires intérieures du pays d'une Russie qui n'a toujours pas vraiment accepté la perte des trois Républiques baltes. De nombreuses personnalités ont mis en avant les liens étroits qu'entretient le leader du Parti du travail avec la société russe Gazprom, une entreprise d'Etat très proche du Kremlin. « Une personne n'est pas responsable du lieu de sa naissance et son honnêteté et sa compétence ne dépendent pas de son lieu de naissance » a répondu Viktor Ouspaskitch à ceux qui mettent sa loyauté en cause.

Car, pour une grande partie des Lituaniens, les origines russes du leader du Parti du travail pèsent de peu de poids face à sa réussite et aux emplois qu'il a contribué à créer. Le Parti du travail réalise ses meilleurs résultats dans les campagnes et les petites villes et attire les électeurs percevant les revenus les plus bas et désabusés quant aux bénéfices de l'économie de marché. En dépit de la forte croissance économique du pays (+ 8,3 % de hausse du PIB en 2003), la grande majorité d'entre eux ont vu ces cinq dernières années leur niveau de vie baisser et sont particulièrement inquiets du niveau élevé du taux de chômage, qui touche 11 % de la population active, et du niveau très bas des salaires. « C'est comme durant l'ère soviétique. Plus de la moitié des hommes politiques sont d'anciens communistes. Ils sont habitués au système de l'Union soviétique où l'on conservait son poste jusqu'à la fin de ses jours Nous voulons du progrès. Nous voulons avancer. Nous sommes arrivés jusque là en étant des professionnels et en appliquant nos méthodes à la politique, c'est de cette façon que nous allons maintenant améliorer la vie des Lituaniens », a déclaré Viktor Ouspaskitch.

Si le Parti du travail sort vainqueur du premier tour des élections législatives, il faudra attendre le 24 octobre, jour du deuxième tour où seront désignés les soixante et onze députés élus au scrutin majoritaire, pour connaître la composition finale du Seimas. Cinquante candidats du Parti du travail seront présents pour ce second tour. Les analystes politiques sont nombreux à penser que le scrutin majoritaire devrait favoriser les formations traditionnelles dont les candidats sont mieux connus des électeurs.

Au lendemain de ce premier tour favorable aux formations situées à gauche sur l'échiquier politique, la création d'un gouvernement tripartite alliant le Parti du travail au Parti social démocrate et au Parti social libéral a la faveur de la majorité des analystes politiques.

Résultats du premier tour des élections législatives du 10 octobre 2004 en Lituanie
-  Source : Commission électorale lituanienne

Participation : 36,71 %

-  Parti du travail (DP) : 28,60 %, 22 sièges
-  Coalition « Nous travaillons pour la Lituanie » (LSDP-SL) : 20,66 %, 16 sièges
-  Union de la patrie - Conservateurs (TS-LK) : 14,58 %, 11 sièges
-  Coalition « Pour l'ordre et la justice » (Parti libéral démocrate) : 11,42 %, 9 sièges
-  Union libérale-Union du centre (LLC-LSC) : 9,13 %, 7 sièges
-  Parti des paysans - Parti de la nouvelle démocratie (LVP-NDP) : 6,60 %, 5 sièges
-  Action électorale polonaise (LLRA), 3,81 %, pas de siège
-  Union sociale des conservateurs chrétiens : 1,96 %, pas de siège
-  Divers : 3,24 %

Corinne Deloy/Fondation Robert Schuman

http://www.robert-schuman.fr/oee/li...



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