Echec de deux référendums en Hongrie
lundi 6 décembre 2004
Faute d'une participation suffisante, deux référendums qui se sont tenus le dimanche 5 décembre ont été invalidés en Hongrie.
L'un de ces référendums consistait à attribuer la nationalité hongroise aux "Hongrois" des pays limitrophes, Roumanie notamment.
Si le oui l'avait emporté dans ce vote, les Roumains bénéficiant de la nationalité hongroise pouvait se retrouver dans l'Union européenne.
Le vote sur la double nationalité qui s'apparente à un "élargissement bis" de l'UE, a en particulier provoqué l'un des débats publics les plus enflammés depuis la chute du Rideau de fer en 1989. Depuis le démantèlement de la Hongrie après la Première guerre mondiale, au terme de laquelle le pays avait perdu plus des deux tiers de son territoire et la moitié de sa population, quelque 2,5 millions de Hongrois de souche vivent dans les pays limitrophes. Ils sont 1,5 million en Roumanie, principalement en Transylvanie, 600.000 en Slovaquie, 300.000 en Serbie-Monténégro, regroupés dans la région frontalière de la Vojvodine, 150.000 en Ukraine, environ 60.000 en Croatie et quelques dizaines de milliers en Autriche et en Slovénie. En outre, 1,5 à 2 millions de Magyars vivent en Amérique du Nord. La coalition socialiste-libérale au pouvoir à Budapest a appelé à voter "non" à l'octroi de la double nationalité, craignant une immigration massive en cas de victoire du "oui". Le gouvernement estime que l'assimilation de 800.000 nouveaux citoyens demandeurs d'emploi au cours des quatre prochaines années coûterait 530 milliards de forints (environ 2,1 milliards d'euros) à son budget. Budapest craint aussi les réticences de ses voisins, notamment celles de la Roumanie dont le Premier ministre, Adrian Nastase, a déjà indiqué qu'il réagirait "très durement à toute tentative d'octroi, sur des critères ethniques, de la double nationalité" aux Roumains d'origine magyare. La Slovaquie a, pour sa part, laissé entendre que l'octroi de la double nationalité aux Hongrois de souche était inutile, car les deux pays sont déjà membres de l'UE. Les deux partis de l'opposition de droite, le président (conservateur) de la république et les Eglises ont en revanche fait campagne pour le "oui", considérant que le scrutin constituait l'occasion de "réunir la nation hongroise", éclatée par le traité de Trianon qui a scellé la partition du pays en 1920.
L'autre scrutin portait sur le statut des hôpitaux et visait à mettre fin à leur privatisation.
Pierre MAGNAN/France 2
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