La Roumanie s'apprête à investir un nouveau gouvernement de centre droit (décembre 2004)
mardi 28 décembre 2004, par Hervé Collet
Alors qu'aucune majorité claire ne s'était dégagée à l'issue des législatives du 28 novembre, l'Alliance DA, qui a rejeté toute collaboration avec le parti d'extrême droite de la grande Roumanie (PRM, 64 élus) peut désormais compter sur une majorité de 242 parlementaires sur un total de 469. En effet, l'alliance de Basescu et de Tariceanu qui n'était arrivée qu'en deuxième position aux élections législatives du 28 novembre, juste derrière les ex-communistes du PSD, s'est assurée du soutien indispensable de petites formations au Parlement.
Le nouveau président Traian Basescu a chargé, le 22 décembre, le libéral Calin Tariceanu de former le gouvernement, expliquant que le PSD, sans le PUR (30 élus), disposait de seulement 160 députés et sénateurs, contre 161 pour l'alliance DA. Le Premier ministre désigné a réussi, le lendemain, à obtenir une majorité au Parlement, pour la formation de son gouvernement, à la suite d'un accord politique avec le petit Parti Humaniste (PUR). "Nous avons décidé lors d'une rencontre avec M. Tariceanu, d'accorder notre appui à la création du futur gouvernement", a déclaré à la presse le président de ce parti, Dan Voiculescu qui a précisé vouloir obtenir un poste de ministre d'Etat, ainsi que plusieurs ministères au sein du nouvel exécutif. Cette déclaration est survenue après que l'Alliance DA (centre-droit) de M. Tariceanu ait déjà obtenu le soutien de l'Union des Magyars (33 élus), du Bloc national démocrate (BND), un petit parti issu d'une confédération syndicale, ainsi qu'un accord de principe des 18 députés représentant les minorités.
Un gouvernement "compétent et intègre"
À la suite de ces accords, le premier ministre désigné a nommé, le 26 décembre, son gouvernement, où figurent notamment deux jeunes universitaires aux postes clés des Affaires Étrangères et des Finances. Razvan Ungureanu, historien âgé de 36 ans, dirigera la diplomatie roumaine tandis que les Finances seront sous la responsabilité d'un économiste de 40 ans, Ionut Popescu.
"Je veux souligner que la compétence et l'intégrité morale sont les critères que j'ai retenus", a déclaré le Premier ministre désigné.
Ionut Popescu, ancien directeur de la rédaction d'un hebdomadaire financier influent en Roumanie, est le porte-parole de l'alliance centriste des Libéraux et des Démocrates du nouveau président roumain, Trajan Basescu.
Razva Ungureanu, diplômé d'Oxford parlant cinq langues étrangères, a été vice-ministre des Affaires Étrangères de 1998 à 2000, lors de la précédente expérience de gouvernement centriste en Roumanie.
En échange de leur ralliement, le parti hongrois UDMR et le petit Parti humaniste (PUR) siègeront au gouvernement, qui aura notamment pour mission de mettre en oeuvre les réformes requises par Bruxelles pour permettre à la Roumanie d'entrer dans l'Union européenne en même temps que la Bulgarie en 2007.
Marko Bela, président de l'UDMR, a été nommé vice-Premier ministre chargé de coordonner les ministères de la Culture, de l'Education et de l'Intégration européenne. George Copos, haut responsable du PUR, est vice-Premier ministre en charge des Affaires économiques.
Monica Macovei, avocate des droits de l'homme de 45 ans formée aux Etats-Unis, reçoit le portefeuille de la Justice et devra à ce titre mettre en oeuvre certaines réformes fondamentales demandées par Bruxelles.
À 29 ans, Cristina Parvulescu, qui occupait jusqu'alors des fonctions à la mairie de Bucarest, est nommée à l'Intégration européenne. La Défense échoit à Teodor Athanasiu, 42 ans, tandis que Codrut Seres, 35 ans, est nommé ministre de l'Economie et du Commerce, avec la mission de mettre en oeuvre nombre de privatisations.
Réaction indignée du PSD
Arrivé en tête des législatives du 28 novembre avec 37 % des voix, le Parti Social Démocrate (PSD) a pour sa part critiqué jeudi la "trahison" de son ancien allié lors de la campagne électorale, le PUR. "La position du PUR qui a fait des listes communes avec le PSD lors des législatives est regrettable, car ce parti a ignoré notre coalition électorale. Actuellement, l'Alliance DA est parvenue à une formule politique qui contredit le vote de l'électorat", a déclaré le porte-parole du PSD, Titus Corlateanu.
M. Tariceanu doit obtenir dans les prochains jours le vote de confiance du Parlement sur la composition de son gouvernement et son programme.
D'après agences de presse.
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