Ukraine : Le président Iouchtchenko annonce avoir élucidé l'affaire Gongadzé
mercredi 2 mars 2005
Le président Viktor Iouchtchenko a déclaré à la presse, le 1er mars 2005, que "les meurtriers" de Georgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000 et retrouvé décapité le 2 novembre 2000, avaient été arrêtés et que l'affaire était élucidée. Il n'a toutefois pas livré l'identité des meurtriers de l'ancien rédacteur en chef du journal en ligne Ukrainska Pravda (www.pravda.com.ua), très critique à l'égard de l'ancien pouvoir.
Le même jour, Oleh Yeltsov, le rédacteur en chef du journal Ukrayina Kryminalna (Ukraine Criminelle), a déclaré sur la chaîne Kanal 5, citant des sources policières anonymes, que la tête du journaliste avait été retrouvée dans un lac, proche du Dniepr, à la sortie de Kiev et que trois officiers de police avaient été arrêtés. Par ailleurs, les services de sécurité ukrainiens (SBU, ex KGB) ont arrêté, le 1er mars, deux individus qui seraient "directement impliqués" dans le meurtre du journaliste mais dont l'identité n'a pas été révélée. Le SBU a par contre refusé de confirmer que la tête de Géorgyi Gongadze avait bien été retrouvée.
"Nous nous félicitons que l'affaire Gongadze connaisse des avancées positives mais nous restons extrêmement prudents car cette affaire a connu un nombre incalculable d'erreurs et de rebondissements. Pendant quatre ans, nous avons constaté une accumulation de fautes, d'une gravité exceptionnelle, qui ont été commises tout au long de l'enquête judiciaire. Nous attendons maintenant des preuves tangibles qui permettraient de faire condamner les assassins. Le gouvernement doit garantir que cette enquête est menée en toute impartialité".
Le président Viktor Iouchtchenko a déclaré, lors d'une conférence de presse à Kiev, le 1er mars : "L'affaire Gongadze est élucidée, des individus ont été arrêtés et sont passés aux aveux". Il a par ailleurs déclaré : "Le pouvoir de l'ancien président Léonid Koutchma couvrait les assassins. Ma tâche et celle des forces de l'ordre est d'aller jusqu'au bout, jusqu'au principal, qui est de remonter aux commanditaires, à ceux qui ont organisé et commandité ce crime", a souligné le président ukrainien, sans donner plus d'indications sur les responsables présumés de ce meurtre.
Viktor Iouchtchenko a, par ailleurs, précisé qu'il avait eu connaissance, le 28 février au soir, des circonstances terribles du meurtre du journaliste, après avoir visionné une cassette vidéo destinée aux commanditaires. "Il s'agit d'une mort horrible, pire qu'au Moyen Age". Il s'est ensuite adressé à la mère du journaliste, qu'il avait rencontrée récemment : "Nous avons promis d'élucider cette affaire et nous l'avons fait. "
Le président Viktor Iouchtchenko n'a pas dévoilé l'identité des meurtriers de Géorgyi Gongadze. Selon les sources du journaliste Oleh Yeltsov, il pourrait s'agir du général Mykola Astion, ancien chef du département de lutte contre le crime organisé de Kiev, et de deux colonels qui auraient été arrêtés le 1er mars. Le SBU a refusé de confirmer ces informations, arguant du secret de l'instruction. Selon l'agence de presse Interfax, les services de sécurité ukrainiens auraient toutefois procédé à l'arrestation de deux personnes, le 1er mars, qui "seraient directement impliquées" dans le meurtre de Géorgiy Gongadze, citant une source au sein des forces de l'ordre.
La déclaration officielle de Viktor Iouchtchenko intervient quelques jours seulement après la publication d'informations contradictoires. Le 24 février, le président Koutchma avait déclaré, lors d'une conférence de presse à Strasbourg : "Les deux témoins dans l'enquête sur le meurtre de Géorgyi Gongadze, ont été tués. Je possède toutefois des informations qui me permettent d'affirmer que le dossier peut avancer rapidement. Il s'agit d'une question d'honneur". Le 27 février, Inna Kysel, porte-parole du ministère de l'Intérieur, avait annoncé à l'agence Interfax que les enquêteurs avaient identifié la voiture ayant servi à l'enlèvement du journaliste, ainsi que ses auteurs. Le 28 février, l'agence Associated Press a affirmé qu'un témoin clé de l'affaire Gongadze, escorté d'un policier, aurait été victime d'une agression à la grenade. Ce témoin, un certain Youri Nesterov, selon la chaîne Kanal 5, aurait été blessé quelques heures seulement après la déclaration d'Inna Kysel. Cette information n'a pas été confirmée depuis.
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