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Kosovo : vers la fin du statu quo ? (mars 2005)


samedi 12 mars 2005, par Fabrice Pozzoli-Montenay

Un rapport de l'International Crisis Group a soulevé l'émoi de la communauté internationale en janvier 2005. Cette ONG, qui traite de la prévention des conflits dans le monde, recommande en effet une reconnaissance de l'indépendance effective du Kosovo dès 2006. Le rapport se base sur « la frustration des Albanais du Kosovo par rapport à leur statut non défini, à leur situation économique, et leurs problèmes à gérer le passé ». Il n'hésite pas à avancer que, dans ces conditions, la communauté albanaise kosovare est prête à « agir unilatéralement », tout en reconnaissant que dans cette hypothèse, la « sécurité de la minorité serbe n'est pas garantie », ce qui pourrait provoquer une intervention directe de Belgrade.

C'est dans ce contexte que le président serbe Boris Tadic s'est rendu au Kosovo début février, une première depuis le conflit de 1998-1999. Søren Jessen-Petersen, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, a alors exprimé l'espoir que le Président Tadic mettrait à profit sa visite pour « obtenir une vue d'ensemble de la situation au Kosovo », et qu'il aurait « l'occasion d'entamer un dialogue avec les représentants de toutes les communautés et d'envoyer des messages positifs montrant que Belgrade était prêt à prendre des initiatives pour rétablir la confiance ». Escorté pendant deux jours par les soldats de la Minuk (Mission des Nations Unies au Kosovo), Boris Tadic n'a, de son côté, pas hésité à déclarer dans un village serbe que « le Kosovo et la Metohija font partie de la Serbie et du Monténégro ». Ce périple a été perçu comme une provocation par l'ensemble des Albanais. Leurs dirigeants se sont bien gardés de rencontrer le président serbe, tout en considérant l'ONU avec une méfiance croissante. « Le Kosovo est actuellement sous l'administration des institutions locales et de la MINUK, et le processus de règlement de son statut doit commencer cette année. Dans ce contexte, une chose est certaine, c'est que le Kosovo ne fera plus jamais partie de la Serbie », a déclaré le porte parole du gouvernement du Kosovo, Arben Cirezi.

Le Premier ministre kosovar à La Haye

Autre élément de tension, le Premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, a été inculpé de crimes de guerre par le Tribunal pénal international (voir notre article), ce qui a provoqué sa démission immédiate le 8 mars. Cette inculpation n'est pas une surprise, mais le « commandant Ramush » est considéré par la majorité albanaise comme un héros de guerre, qui s'est battu pour défendre les siens. Celui-ci déclarait encore récemment qu' « il est d'un intérêt vital que le Kosovo soit indépendant, car nous avons l'impression d'être en prison.  »

Les Européens se félicitent pourtant des « excellentes réalisations » au Kosovo et du « succès de la coopération transatlantique dans les Balkans », lors du somment EU-OTAN le 22 février, en vantant la qualité du travail des 19.000 soldats européens dans les Balkans. Javier Solana, représentant de la politique de sécurité commune européenne, a demandé à l'occasion que soit porté une attention particulière à la « Serbie-Monténegro-Kosovo », une formulation qui a fortement inquiété les milieux indépendantistes kosovars, qui ne veulent plus être liés à Belgrade.

Le Kosovo est encore officiellement, une « province autonome dans les frontières de l'ex-République fédérale de Yougoslavie », selon la résolution 144 de l'ONU. Mais, alors que le Monténégro demande actuellement à se séparer de la Serbie, on peut s'interroger sur la réalité des institutions « fédérales yougoslaves ». Aujourd'hui, les Albanais demandent que l'année 2005 soit celle de la définition d'un statut définitif de la province qui, à leurs yeux, ne peut être que l'indépendance. Une solution que la communauté internationale n'est sans doute pas encore prête à favoriser. Reste que le statu quo n'est pas considéré comme envisageable par les Albanais, et qu'une solution définitive sur le statut de la province doit être trouvée cette année, car il existe un risque réel de reprise des violences.

Le rapport de l'ICG déclare abruptement que « Belgrade doit être prévenue que le train se met en marche, avec ou sans vous, et qu'il vaudrait mieux négocier les meilleurs termes possibles d'un règlement ». La même remarque pourrait être adressée aux représentants de la communauté internationale qui administrent le Kosovo.

-  Consulter le rapport de l'International Crisis Group (en anglais)



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