Le "Turkmenbachi", président à vie du Turménistan, remettra son mandat en jeu... en 2009
mercredi 13 avril 2005, par Camille Magnard/Mathilde Goanec
Saparmourat Nyazov, autoritaire "président à vie" du pays depuis 1990, pourrait autoriser l'organisation d'élections présidentielles en 2009. C'est du moins ce qu'il laisse entendre depuis peu aux médias turkmènes.
D'ores et déjà, un semblant de démocratisation de la société turkmène est en marche, avec la tenue en décembre 2006 des premières élections des chefs des administrations régionales et des députés aux conseils populaires. Suivront en 2007 les élections des responsables de régions, et celles des députés du Parlement en 20078. Dans ce schéma progressif, 2009 devrait bien être l'année des présidentielles.
Un tournant politique inattendu dans ce pays qui vit depuis l'indépendance sous le joug de celui qui se fait appeler "Turkmenbachi" ( "père de tous les turkmènes"), a écrasé toute opposition politique, et érige dans tous le pays de monumentales statues à son effigie. Nyazov, élu en 1992 avec 99,5 % des votes, s'est fait nommer président à vie en 1999 par le Conseil populaire du Turkménistan. "Nous devons créer de nouvelles pratiques pour élire les autorités, à commencer par le président jusqu'aux dirigeants des régions", a-t-il déclaré vendredi 8 avril à la télévision nationale à l'issue d'un conseil des ministres.
En fait de tournant libéral, ces annonces semblent être pour le Turmenbachi l'occasion de se redonner une légitimité démocratique à peu de frais : la présidentielle de 2009 mettra en compétition trois ou quatre candidats choisis et formés par le Conseil du Peuple, organe largement soumis au chef de l'Etat. Nyazov, 64 ans, semble d'ores et déjà assuré de remporter cette "élection", s'il décide de s'y participer, ce qu'il n'a pas encore précisé.
On peut aussi voir derrière ce revirement stratégique le spectre des évenements kirghizes des dernières semaines. Une "révolution" qui produit des remous dans les ex-républiques soviétiques voisines, menaçant les pouvoirs peu démocratiques en place dans la plupart d'entre elles.
Camille Magnard/Mathilde Goanec/COLISEE
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