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Ukraine : ajournement de la visite en Russie de Ioulia Timochenko, Premier ministre (avril 2005)


vendredi 15 avril 2005

La première visite en Russie de la Première ministre ukrainienne, Youlia Timochenko, prévue pour les 15 et 16 avril, a été annulée à sa demande, a-t-on appris le 13 avril. Les causes de cet ajournement, explique Tatiana Stanovaïa, analyste au Centre de technologies politiques, tiennent à l'incertitude persistant dans les rapports russo-ukrainiens.

Deux explications ont été fournies par Kiev : l'atmosphère "malsaine" provoquée par les déclarations du Procureur général de Russie, Vladimir Oustinov, et le problème de l'achèvement des semailles. La Russie souligne, pour sa part, qu'il n'y a pas d'obstacles à la visite de Youlia Timochenko en Russie et que la "Première ministre est la bienvenue à Moscou". Mais il existe des raisons d'estimer que cette visite n'était nécessaire ni à la Russie, ni à l'Ukraine.

Comme l'a déclaré Vladimir Oustinov, l'action en justice engagée contre Youlia Timochenko n'est pas close : "Elle fait toujours l'objet d'un mandat de recherche". Ces paroles du Procureur général ont rappelé que Youlia Timochenko était considérée en Russie non seulement comme un chef de gouvernement, mais aussi comme une personne suspecte d'un crime de droit pénal. Cela constituait déjà un prétexte pour justifier l'annulation de la visite, et le ministre ukrainien de l'Economie, Serguéï Térékhine, s'en est emparé immédiatement.

Cependant, note Tatiana Stanovaïa, cette première déclaration a rapidement été démentie par Youlia Timochenko en personne, qui a fourni une autre explication : selon une instruction du Président Viktor Youchtchenko, toutes les visites à l'étranger des responsables des ministères et administrations doivent être reportées de deux semaines en raison de l'achèvement des semailles. La porte-parole du président ukrainien a toutefois démenti que pareille instruction ait été donnée.

En fait, les dirigeants ukrainiens sont conscients que si l'on attribue aux propos de Vladimir Oustinov la raison officielle de l'annulation de la visite, il pourrait s'ensuivre une grave crise dans les rapports bilatéraux. C'est pourquoi on a tenté d'avancer une raison plus "constructive", telle que les semailles.

L'arrivée au pouvoir de Viktor Youchtchenko, souligne Tatiana Stanovaïa, allant au fond du problème, a remis en question l'avenir de l'Espace économique unique (Russie-Ukraine-Biélorussie-Kazkhstan) : le nouveau Président ukrainien a laissé clairement entendre que ce projet pourrait être revu et ne serait mis en oeuvre que pour sa partie concernant l'intégration européenne. Lors de la récente visite en Ukraine de Vladimir Poutine, la rhétorique des autorités ukrainiennes s'était pourtant adoucie : Youlia Timochenko a changé de tactique, passant du scepticisme à l'égard de l'EEU à la défense de ce projet.

Mais l'Ukraine propose désormais à la Russie une conception de l'EEU basée uniquement sur ses propres intérêts. La visite à Moscou de Youlia Timochenko avait notamment pour but d'exposer cette conception, qui repose non pas sur une union politique, mais sur la vision pragmatique de l'efficacité de l'EEU du point de vue de Kiev. La Russie était-elle prête à débattre de la version ukrainienne de l'EEU, s'interroge Tatiana Stanovaïa ? Chaque partie entendait, visiblement, "imposer" sa vision de l'avenir de l'EEU.

De même pour la Communauté des Etats Indépendants : selon Serguéï Térékhine, l'Ukraine pourrait cesser de financer la CEI, cette structure "n'ayant pas d'avenir", alors que pour Vladimir Poutine, la CEI a, certes, été créée pour un "divorce civilisé", mais "doit être conservée". Les dossiers de la CEI et de l'EEU devant être les thèmes centraux des pourparlers de Moscou, la visite à Moscou de Youlia Timochenko était lourde d'un échec retentissant, souligne Tatiana Stanovaïa.

La Russie comme l'Ukraine montrent qu'elles ne veulent pas entrer en conflit en raison de l'annulation de cette visite, à laquelle elles sont, au contraire, intéressées. Mais elles sont bien conscientes qu'il leur est actuellement impossible de discuter efficacement de l'EEU et de la CEI. Bref, conclut Tatiana Stanovaïa, cette visite n'était nécessaire à personne, ni à Youlia Timochenko, ni à la Russie, et son ajournement permet de prévenir un échec tout en sauvant la face.

RIA Novosti/15 avril 2005



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