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Interview du ministre lituanien des Affaires Étrangères : le rôle de la Lituanie en Europe et dans le monde


dimanche 6 novembre 2005

De passage à Vienne, Antanas Valionis, Ministre des Affaires Etrangères de Lituanie, a accordé une interview au quotidien japonais Sekai Nippo, reprise le 31 Octobre 2005 par le site Internet du World Peace Herald www.wpherald.com. Le document ci-dessous est la traduction en français du texte anglais, réalisée par notre correspondant à Vilnius, Gilles Dutertre.

Sekai Nippo : La Lituanie est membre de l'Union Européenne depuis un an et demi. Quels ont été jusqu'à présent les résultats de cette nouvelle appartenance ?

Antanas Valionis : Mon pays avait mis en application les réformes fondamentales durant la période des négociations préliminaires. Après son accession, un nouveau marché, le plus grand du monde avec approximativement 450 millions de consommateurs, s'est ouvert à la Lituanie. Grâce aux fonds structurels européens, l'infrastructure sociale et l'éducation se sont largement développées. Mon pays a largement été bénéficiaire de son adhésion à l'Union Européenne. Notre taux de croissance économique dépasse les 6 % et nous espérons pouvoir maintenir un taux moyen de 6,3 % pendant les sept prochaines années.

SN : Il y a des discordes entre les pays de l'Union sur la Constitution et le budget. N'êtes-vous pas déçu par la réalité de l'Union ?

AV : Je suis un réaliste. Quand nous regardons l'histoire de l'Union Européenne, elle a déjà du faire face à de tels difficultés et incidents. Je ne suis pas surpris par la réalité de l'UE. Il est certainement extrêmement dommage que le processus de ratification de la Constitution stagne en raison de l'opposition de la France et des Pays-Bas. Mon pays a été un des premiers pays à ratifier la Constitution. Le processus de candidature de la Bulgarie et de la Roumanie est en attente, de même que les négociations avec la Croatie. Dans les toutes prochaines années, nous aurons à réfléchir à fond sur le futur de l'UE.

SN : Quel est votre avis sur la possible adhésion de la Turquie à l'Union ? Par ailleurs, j'ai entendu dire que la Lituanie soutenait la candidature de l'Ukraine.

AV : Les 25 pays de l'Union sont tombés d'accord pour initier les négociations d'adhésion avec la Turquie. La France et l'Autriche NDT : qui initialement y étaient opposées ont signé cet agrément. Si la Turquie remplit les critères, cette adhésion sera approuvée. Je ne sais pas combien d'années cela prendra, mais je crois que l'Ukraine a aussi le droit de rejoindre l'UE. Nous avons l'intention de soutenir activement cette candidature dans la mesure où l'Ukraine a partagé une destiné commune avec mon pays.

SN : La compagnie d'énergie Gazprom, détenue par l'Etat russe, et le géant allemand de l'énergie et de la chimie BASF sont tombés d'accord en septembre pour construire un nouveau gazoduc entre la Russie et l'Allemagne, en passant par le fond de la mer baltique. La Lituanie est opposée à ce plan. Lors de sa visite à Berlin, le Président lituanien Valdas Adamkus a élevé une vive protestation à ce sujet auprès du gouvernement allemand. Quelle est la raison principale de votre opposition ? Est-ce à cause de raisons économiques, votre pays perdant l'opportunité de collecter les droits de passage du pipeline, ou y a-t-il d'autres raisons politiques ?

AV : Le trajet le plus économique pour le pipeline serait celui traversant la Lituanie, et cette solution avait été proposée par la Lituanie, la Lettonie et la Pologne. C'est également un trajet beaucoup plus sûr d'un point de vue écologique. Sur le fonds de la mer baltique sont abandonnés des barils, contenant des armes chimiques, déversés par l'armée soviétique après la deuxième guerre mondiale. Il est dangereux de construire un pipeline sur ces fonds car nous ne savons pas ce qui peut arriver. De même, certains pays ont un intérêt politique à ce que le plan de construction du pipeline comprenne la portion sur le fond de la mer baltique. C'est une des raisons à l'opposition de mon pays.

SN : Votre pays a-t-il amélioré ses relations avec la Russie ?

AV : L'Union Européenne prône un partenariat stratégique avec la Russie. En tant que membre de l'UE, mon pays ne fait pas exception et nous considérons que l'établissement d'un partenariat stratégique avec la Russie est un objectif important. Nous souhaitons une Russie démocratique, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que la Russie soit réellement démocratisée.

SN : J'ai entendu dire que la Lituanie, la Pologne, l'Ukraine et la Georgie avaient décidé de former une nouvelle communauté de Nations. Est-ce un défi à la Communauté des Etats Indépendants (CEI), centrée sur la Russie ?

AV : L'Ukraine et la Georgie veulent profiter de l'expérience de la Lituanie dans les domaines du développement, de la démocratie et de l'économie de marché, et appliquer les leçons retirées à la reconstruction de leur propre pays. Ces pays ont subi l'occupation par l'ex-Union Soviétique. Mon pays a surmonté son passé en rejoignant l'Union Européenne et l'OTAN. Dans cette perspective, il est naturel pour l'Ukraine et la Georgie de montrer un grand intérêt pour l'expérience de la Lituanie, et la formation d'une nouvelle communauté ne doit pas être vue comme un défi à la CEI. C'est une initiative qui découle d'une obligation morale de mon pays à aider les pays qui ont traversé le même destin.

SN : La Lituanie a boycotté les cérémonies qui ont marqué en mai le 60ème anniversaire de la victoire sur l'Allemagne (NDT : à Moscou).

AV : La victoire sur l'Allemagne est une victoire sur l'armée nazie allemande. Mais, pour mon pays, cela signifie également le début de l'occupation de la Lituanie par l'armée soviétique. Il n'est pas facile d'oublier le fait historique que constituent ces 50 années d'occupation. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas assisté à cette cérémonie.

SN : Vous avez indiqué dans le passé que votre pays retirerait ses troupes (une centaine de soldats) d'Irak après les élections en janvier 2005. Mais ces troupes sont toujours en Irak.

AV : Notre idée de retirer nos troupes dès que possible après que la nation irakienne soit devenue une nation stable n'a pas changé. En tout état de cause, nous prendrons la décision de retrait après avoir consulté nos alliés.



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