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Le renforcement de la coopération politique et économique du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) laisse présager le prochain éclatement de la CEI (2006)


jeudi 25 mai 2006, par Hervé Collet

Depuis les « révolutions colorées » qui sont intervenues ces dernières années dans l'espace post-soviétique, le sort de la CEI - qui n'a jamais donné les résultats qu'en attendaient ses promoteurs - semble scellé.

La création du GUAM (cf. GUAM) en 1997 a incontestablement été un coup de semonce, annonçant la possible fin de la tentative de Moscou de reformer une sorte d' « URSS bis ». Il aura fallu attendre les « révolutions de velours » de Géorgie et d'Ukraine pour que le GUAM franchisse une nouvelle étape en se tournant plus délibérément vers l'occident, ce qui a pour conséquence prévisible le retrait des États constitutifs de cette Union des instances de la CEI.

La constitution du GUAM - et son renforcement lors de la réunion qui s'est tenue à Kiev les 22 et 23 mai derniers - peut paraître paradoxale au premier abord. Qu'est-ce que ces pays, si disparates, peuvent avoir en commun ? :
-  Ils n'ont pas de continuité territoriale, si ce n'est deux par deux (Ukraine - Moldavie d'un côté, Géorgie - Azerbaïdjdan de l'autre). Les deux binômes sont séparés par la Mer Noire (mais après tout, une mer peut tout autant réunir que séparer…)
-  Ils ont des régimes politiques opposés. La Géorgie et l'Ukraine se sont dotés d'un système démocratique (à vrai dire, lors de la constitution du GUAM, il s'agissait de régimes « présidentiels »). L'Azerbaïdjan connaît un régime « fort », de surcroît « héréditaire ». La Moldavie a remis en selle l'ancien parti communiste de la période soviétique.
-  Leurs niveaux économiques sont très différents. L'Ukraine et l'Azerbaïdjan sont plutôt prospères, même s'il s'agit encore d'économies « émergentes ». La Géorgie cherche un nouveau souffle et la Moldavie est un des pays les plus pauvres d'Europe.

Et malgré tout, ces pays ont choisi non seulement de garder, mais de renforcer leur coopération politique et économique, quitte à se mettre à dos leurs voisins de l'espace post-soviétique, en particulier la Fédération de Russie et la Biélorussie.

Les raisons de cette apparente « alliance de la carpe et du lapin » sont (au moins) doubles :

-  Géostratégiques : ces pays ont en commun leur volonté d'adhérer ou d'être étroitement associés à l'Union Européenne et à l'Otan, par tropisme de l'occident, mais aussi par crainte de ce qu'ils perçoivent comme étant l'impérialisme russe.
-  Sécuritaires : trois de ces pays sont concernés par des séparatismes encouragés en sous-main par la Russie : la Géorgie par l'Abkhazie et l 'Ossétie du sud, la Moldavie par la Transnistrie et l'Azerbaïdjan par le Haut-Karabagh. Comme le dit le président Iouchtchenko (qui pourtant n'est pas directement concerné par la « CEI 2 ». Cf. Dans l'ombre de la CEI : la CEI 2 », mais qui connaît sur son territoire le problème de la Crimée russophone et russophile) : "Ce sont les pays situés géographiquement plus près de ces conflits qui en ressentent tout l'effet négatif et assument de ce fait la plus grande responsabilité politique pour leur règlement".

L'éclatement de la CEI apparaît désormais inévitable. Les affrontements économiques entre les pays du GUAM et la Russie deviennent de plus en plus fréquents et préoccupants (guerre du vin géorgien et moldave, conflit des tarifs gaziers, etc). L'intention de la Moldavie et de l'Ukraine de se rattacher au système électrique occidental (cf. ci-après) va certainement constituer « la goutte d'eau qui fait déborder le vase ». Il faut s'attendre, dans les prochaines semaines, à de grandes manœuvres géostratégiques en Europe orientale, après ce décisif sommet du Guam à Kiev.

Hervé Collet/COLISEE - 25 mai 2006 ________________________________

Le GUAM se dote d'un nouveau statut

L'association régionale GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) aura bientôt un nouveau statut et un nouveau nom, a annoncé aux journalistes, lundi 22 mai, le ministre ukrainien des AE Boris Tarassiouk.

"Nous avons abordé aujourd'hui une forme de coopération plus élevée, à savoir la transformation du GUAM en une véritable organisation internationale", a-t-il indiqué à l'issue du Conseil des ministres des AE du GUAM. 

Le Conseil des ministres des AE recommandera aux présidents des quatre pays lors du sommet du GUAM mardi de relever le statut de l'association, d'en faire une organisation internationale et de l'appeler "Organisation pour la démocratie et le développement économique GUAM", a expliqué le ministre.

"Nous avons des approches identiques envers les processus d'élargissement de l'UE et de l'OTAN, envers la démocratisation, l'intégration européenne, le développement économique, la stabilité et la sécurité régionale. Ensemble, il nous sera plus facile de franchir la voie qui conduit à l'intégration dans les structures européennes et euro-atlantiques", a annoncé le ministre ukrainien.

Au vu des résultats du sommet, les chefs d'Etats signeront les statuts de la nouvelle organisation et adopteront des déclarations conjointes sur la question du règlement des conflits, a ajouté M Tarassiouk.

Le chef de la diplomatie géorgienne a pour sa part indiqué que le sommet se pencherait entre autres sur le séparatisme. Les efforts des pays membres du GUAM auront un "effet cimentant dans (notre) lutte contre le séparatisme militant", a-t-il ajouté.

L'association GUAM a été fondée en 1997.

RIA Novosti/22 mai -


Les leaders du GUAM adoptent les statuts de l'organisation

Les présidents des pays du GUAM (acronyme de Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) ont adopté mardi 23 mai les statuts d'une "Organisation pour la démocratie et la coopération économique GUAM".

La nouvelle organisation se fixe pour objectifs la sauvegarde des valeurs démocratiques, le développement durable, le renforcement de la sécurité internationale et régionale et l'intégration européenne, a notamment déclaré le président ukrainien Viktor Iouchtchenko.

L'organisation sera dirigée par un conseil qui "prendra toutes les décisions par voie démocratique sur la base du consensus" et dotée d'un secrétariat permanent dont le siège sera à Kiev, a précisé le numéro un ukrainien.

"Notre organisation est ouverte aux nouveaux membres et partenaires", a-t-il souligné.

Les présidents du GUAM ont également signé une Déclaration commune sur le règlement des conflits.

RIA Novosti/23 mai 2006


Le renforcement du GUAM inquiète la Russie

L' alliance politico-économique quatripartite regroupant la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie (GUAM) s'est créée définitivement dans l'espace postsoviétique, selon le quotidien Troud.

Les experts russes sont soucieux surtout de savoir contre qui se sont alliés ces pays. Les représentants des diasporas nationales en Russie en appellent à la sagesse du "frère aîné".

Sergueï Markov, directeur de l'Institut d'études politiques : « Cette association déclarée tout comme la Communauté du choix démocratique divisent en fait la CEI et installent une sorte de "cordon sanitaire" autour de la Russie. D'ailleurs, les pays du GUAM préfèrent cependant parler de leur intention d'activer l'accord sur la création d'une zone de libre échange, de coopération pour résoudre les problèmes de douane, de santé publique, pour faire face aux situations d'urgence. »

Et pourtant le moteur des intentions véritables réside dans les objectifs du GUAM renouvelé, annoncés par Viktor Iouchtchenko. On trouve, entre autres, sur la liste "la mise en oeuvre d'une politique mieux coordonnée pour résoudre les conflits gelés". Le président ukrainien estime que "ce sont les pays situés géographiquement plus près de ces conflits qui en ressentent tout l'effet négatif et assument de ce fait la plus grande responsabilité politique pour leur règlement".

Ce n'est peut-être pas par hasard que Kiev et Tbilissi cherchent à "diluer" la force de paix russe dans la zone du conflit au Caucase du Sud en y intégrant des troupes ukrainiennes. La question suivante se pose : contre qui le GUAM s'allie-t-il ?

David Beritachvili, vice-président de l'Amicale géorgienne de Moscou : « Certes, le durcissement de la politique de la Russie envers les politiques de ma patrie historique est un stress puissant pour les gens qui ont des parents en Géorgie. Mais la propagande russe diffusée par les médias publics est tout compte fait une route à sens unique. Elle ne comporte aucun argument normalement exposé par la partie adverse et exposant la cause de son mécontentement et de ses préoccupations. »

La Russie a des traditions plus solidement ancrées que celles des pays nouvellement créés. Notamment dans le domaine de la diplomatie. Il me semble qu'elle pourrait donner le ton dans la normalisation des relations avec les voisins. La situation actuelle est particulièrement désagréable pour ceux d'entre nous qui veulent éviter toute confrontation ».

Ria Novosti/Moscou, 23 mai 2006


Le rattachement de l'Ukraine et de la Moldavie au réseau électrique occidental : un premier pas franchi en direction de l'éclatement de la CEI »

Avant la fin du mois, l'Union pour la coordination du transport de l'électricité (UCTE) examinera les demandes d'adhésion déposées auprès de cette organisation par l'Ukraine et la Moldavie, selon la Nezavissimaïa gazeta.

Le plan commun de Kiev et de Chisinau a fourni aux politiques et aux experts de ces deux pays un prétexte pour conclure que les discussions sur la fin prochaine de la CEI avaient pris fin et que le premier pas concret avait été franchi dans cette direction.

Actuellement, les réseaux électriques des pays de la CEI sont isolés de l'Europe. En 2002, le chef d'UES (Electricité de Russie) Anatoli Tchoubaïs avait déclaré qu'avec 100 millions de dollars d'investissement il était possible de créer un réseau électrique unique embrassant un territoire allant de Vladivostok au Portugal et capable d'assurer des économies d'énergie considérables aux producteurs comme aux consommateurs. Avec l'apparition du plan ukraino-moldave, cette tâche se complique de façon substantielle.

"Ces deux projets s'excluent l'un l'autre. En cas de réalisation du projet restreint, l'Ukraine et la Moldavie seront obligées d'adopter un régime de fonctionnement isolé de la Russie et de la Biélorussie", a souligné Anatoli Tchoubaïs dans son intervention à la réunion du Conseil électro-énergétique de la CEI qui s'est tenue à la fin de la semaine dernière à Saint-Pétersbourg. Les conséquences en seront importantes non seulement pour la Russie et la Biélorussie mais également pour la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan et indirectement l'Arménie, a-t-il ajouté.

Le leader du groupe de députés de l'alliance Nacha Moldova (Notre Moldavie), Serafim Urekian, a promis que la décision énergétique des deux pays membres du GUAM serait suivie d'une démarche politique. "L'adhésion de la Moldavie à l'une des unions électriques européennes marque incontestablement une rupture avec la CEI et nos députés ont lancé une collecte de signatures parmi la population pour soutenir ce processus", a expliqué M. Urekian. Le politologue ukrainien Viktor Nebojenko se range de son côté : "L'intention de l'Ukraine de prendre ses distances avec Moscou sur le terrain énergétique suppose également et automatiquement une distance politique".

Lorsque les dirigeants du holding électrique russe avaient annoncé l'idée de la création d'un réseau électrique eurasiatique global, Kiev et Chisinau s'étaient déclarés d'accord avec le plan unificateur de Moscou. Cependant, après les récents conflits gaziers avec la Russie, les anciennes républiques soviétiques ont entrepris de remplacer leurs garants énergétiques orientaux par des occidentaux.

RIA Novosti/Moscou, 24 mai



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