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Géorgie : vers une adhésion à part entière à l'OTAN ? (2006)


dimanche 2 juillet 2006, par Mirian Méloua

Fondamentalement les membres de l'OTAN ont intérêt à ce que le Caucase Sud devienne une voie de transit stable pour les ressources énergétiques et un rempart contre le trafic de drogue et les organisations extrémistes. Mais leurs actions vis-à-vis des trois pays concernés sont rendues difficiles par des intérêts commerciaux et diplomatiques différenciés. L'Arménie a des liaisons étroites avec la Russie et des relations tendues avec l'Azerbaïdjan et la Turquie. L'Azerbaïdjan est proche de la Turquie et conserve de bonnes relations avec la Russie. La Géorgie n'est pas en très bon terme avec la Russie. Les trois pays entretiennent de bonnes relations avec l'Iran.

L'aide de l'OTAN a pris la forme de partenariats différenciés avec les trois pays concernés. Devant la non-résolution des conflits ethniques, les forts taux de chômage et les niveaux élevés de corruption, l'OTAN considère qu'elle se doit d'encourager la gouvernance démocratique stable et le développement économique durable de la région.

Est-ce sa mission ? L'aide a-t-elle été efficace jusqu'à présent et est-elle compatible avec celles des autres organisations internationales ? Les conclusions de la Commission "Frank Cook" seront déposées à l'automne 2006.

Partenariat pour la paix (PPP)

La Géorgie s'est associée à l'OTAN sous la présidence Chévardnadzé, dès 1994, dans le cadre d'un Partenariat pour la paix (PPP). Depuis la Révolution des Roses, il est reconnu au Président Saakachvili la volonté d'accélérer le rapprochement avec les institutions euro-atlantiques. Il lui est également reconnu une détermination à faire de la Géorgie un Etat de droit, dans lequel les réformes économiques et la lutte contre la corruption ont leur place.

Les zones de conflits en Ossétie du Sud et en Abkhazie restent explosives. Depuis une quinzaine d'années, les observateurs de l'OSCE et des Nations Unies ne peuvent que constater les tensions sur le terrain. La réintégration de ces deux territoires à l'Etat géorgien, avec un certain degré d'autonomie, le retour des réfugiés géorgiens chassés par la guerre et le remplacement des "forces de paix russes" par des "forces de paix internationales" sont proposées par le Président Saakachvili. Elles sont refusées par les Ossètes, les Abkhazes et les Russes. Devant cette situation, certains ministres géorgiens semblent tenter par la manière forte, l'OTAN estimant jouer un rôle modérateur.

Plan d'action de partenariat (PAP-DIB)

En 2004, la Géorgie a adhéré au Plan d'action de partenariat (PAP-DIB) pour l'établissement d'institutions de défense, dont le principal but est d'améliorer la capacité opérationnelle de l'armée géorgienne tout en la plaçant sous contrôle des autorités civiles. Des militaires lettons, lituaniens et estoniens, qui ont déjà procédé à cette évolution au sein de l'OTAN, ont été sollicités pour aide.

Plan individuel pour le partenariat (IPAP)

La Géorgie a enfin adhéré au troisième niveau de coopération avec l'OTAN, ultime niveau avant de devenir membre à part entière, le Plan d'action individuel pour le partenariat (IPAP). L'objectif est de définir un programme de réformes englobant une série d'aspects civils et militaires. Le premier volet concerne les réformes civiles (démocratie, secteur judiciaire, économique et autres). Le second volet est consacré à la réforme de la défense, notamment l'établissement du budget et la planification, l'harmonisation des équipements et l'amélioration de l'interopérabilité avec les armées des pays membres de l'OTAN. Enfin le troisième volet de l'IPAP a trait aux plans civils d'urgence et à la coopération scientifique.

Ministres, parlement et président à la parade pour séduire l'OTAN

Le 13 avril 2006, Guéla Béjouachvili (ministre des Affaires étrangères), Irakli Okrouachvili (ministre de la Défense, considéré comme l'un des "faucons" du gouvernement) et Guiorgui Baramidzé (ministre en charge des Relations euro-atlantiques, proche de l'ancien Premier ministre Zourab Jvania) plaidaient à Bruxelles le bon avancement de l'IPAP géorgien auprès du Secrétaire Général Jaap de Hoop Scheffer et du Conseil de l'Atlantique Nord.

Le 11 mai 2006, le Parlement géorgien rappelait "la volonté géorgienne de poursuivre la construction d'un Etat uni, démocratique et européen, d'étendre les valeurs démocratiques dans la région, de contribuer à la sécurité européenne et euro-atlantique, de développer une politique de défense partie intégrante de la politique de sécurité européenne et euro-atlantique". Il demandait aux Parlements des Etats membres de l'OTAN "d'aider la Géorgie à devenir membre à part entière de l'Alliance de l'Atlantique Nord, après avoir constaté les réformes engagées pour la mise aux standards de l'OTAN et les preuves de leur réussite en particulier par la présence de contingents militaires géorgiens au Kosovo et en Afghanistan aux côtés des troupes de l'OTAN".

Le 30 mai 2006, à Paris, devant l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, le Président Saakachvili déclarait : "L'augmentation inquiétante de l'activité criminelle visant les marchés européens constitue une menace importante pour la sécurité de l'Europe ... Tout comme nous avons l'intention de contribuer à l'offre d'énergie diversifiée en Europe, nous sommes aussi fermement décidés à contribuer à la sécurité européenne en combattant le trafic illégal d'êtres humains, le commerce illégal d'armes et la fraude (qui opèrent à partir du territoire géorgien et des régions voisines, NDLR)".

Le 31 mai 2006. lors d'une conférence à l'Institut Français de Recherches Internationales de Paris le président géorgien déclarait avoir obtenu un soutien total de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN pour l'adhésion de son pays : "Nous avons obtenu le soutien de tous les députés sur cette question. Ce n'est certes pas les gouvernements, mais ce sont les députés, les partis, voire l'opinion publique, et c'est déjà important".

Le 14 juin 2006, à Saint Petersbourg, au Palais Constantin, autour de minuit, que se sont dit sur le sujet Mikheil Saakachvili et Vladimir Poutine ? Que "les problèmes historiques du Caucase ont toujours été résolus normalement et sans douleur lorsque la Géorgie était avec la Russie", ou que "la Géorgie d'aujourd'hui devait oublier la Russie d'hier pour consolider sa souveraineté" ?

A l'inverse de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, la Géorgie a effectivement mis la priorité sur une future demande d'adhésion pleine à l'OTAN (MAP, Plan d'action pour l'adhésion). Occidentaliser le pays et sortir des griffes de la Russie ne sont certainement pas les seules idées du Président Saakachvili, il s'est fixé l'objectif de recouvrer l'intégrité territoriale que ses deux prédécesseurs, Gamsakhourdia et Chévardnadzé, avaient perdue, marquant ainsi l'histoire géorgienne de son sceau personnel.

(1) Source principale pré-rapport Commission "Frank Cook" : le rôle de l'OTAN dans le Caucase du Sud.

(2) Voir aussi
-  Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie : le Caucase du Sud à trois vitesses (décembre 2004) ,
-  Géorgie, "l'Etranger proche" de la Fédération de Russie (novembre 2004).



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