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Les Tatars de Lituanie : une minorité dispersée


mercredi 17 janvier 2007

Aux XIIIe et XIVe siècles, les Tatars formaient un État puissant en Europe Orientale, connu sous le nom de Horde d'Or. On se souvient que le Grand Duché de Lituanie avait connu à l'époque maints affrontements avec celui-ci.

Vers la fin du XIVe siècle, l'État tatar s'effondra. C'est dans ces conditions que, selon la légende, les Tatars arrivèrent dans le pays au XIVe siècle en provenance de Crimée, après avoir vaillamment combattu dans les armées grand-ducales aux côtés de Vytautas le Grand. En réalité, il semble que leurs ancêtres furent plutôt des réfugiés, des prisonniers ou des commerçants installés dans le Grand Duché au XVe siècle, suite au démantèlement de la Horde d'Or et aux rivalités sanglantes qui s'ensuivirent.

Toujours est-il que Vytautas les prit sous sa protection et leur donna des lopins de terre en échange de services de nature militaire. Comme la noblesse, les Tatars avaient le droit d'acquérir des terres et d'en disposer librement. Ils étaient en outre exemptés d'impôts et de corvées à l'exception de celles de nature militaire. Au sein de l'armée, ils formaient des unités particulières avec leur commandement et leurs bannières propres. Ce système se perpétua jusqu'à l'absorption finale du Grand Duché par la Russie. Paysans efficaces et appliqués, les Tatars, demeurés musulmans sunnites, vivaient en petites communautés fermées sur elles-mêmes autour de leur mosquée, pratiquant une stricte endogamie et se mêlant peu à la vie sociale ou politique du pays.

Les Tatars de Lituanie, aujourd'hui au nombre de quelques milliers seulement (environ 5.000) dans les régions de Vilnius, Kaunas et Alytus, sont un peu, du fait de leur passé mystérieux et de leur exotisme, la mascotte du pays. Avant-guerre, ils disposaient d'une bibliothèque, de centres religieux (ils sont musulmans), et d'un certain nombre de mosquées. Le régime soviétique leur a été presque fatal. Aujourd'hui, ils ont perdu leur langue (dès le XVIe siècle), abandonné leur mémoire et vivent en général un processus d'assimilation-clochardisation.

Dans l'ensemble, les Tatars de Lituanie ne bénéficient ni des mêmes solides structures communautaires ni des réseaux intellectuels de leurs « frères » de Biélorussie ou de Pologne. L'alcoolisme sévit chez les hommes et les enfants sont encore peu et mal alphabétisés.

Une certaine renaissance est néanmoins perceptible, stimulée par la sollicitude des autorités (une Association des Tatars a été créée en 1998) et une aide religieuse de certains pays musulmans, notamment en matière de construction de mosquées et de formation des muftis (1). Un village tatar du nom de Keturiasdesimt Totoriu (Quarante Tatars), doté d'une jolie mosquée en bois, fait figure d'attraction pour les touristes, à une quarantaine de kilomètres de Vilnius.

NOTE
-  (1) Un mufti (Ramazanas Krinickis) résidant à Vilnius, dessert l'ensemble de la communauté lituanienne.

Yves Plasseraud, président du Groupement des Minorités (GDM) et professeur à l'Université de Vilnius



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