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Arménie : les élections législatives en Arménie du 12 mai 2007


dimanche 29 avril 2007

Lorsqu'il a annoncé le 29 janvier dernier que les prochaines élections législatives se dérouleraient le 12 mai prochain, le Président de la République, Robert Kotcharian, a sonné le départ d'une longue année de campagne électorale puisque le scrutin législatif sera suivi, en mars 2008, de l'élection présidentielle à laquelle l'actuel Chef de l'Etat ne se représentera pas.

1 497 personnes sont candidates aux élections législatives, soit un tiers de plus que lors du précédent scrutin du 25 mai 2003. 24 formations et une seule coalition électorale sont représentées ; 80 % des 131 députés actuels sont candidats à leur réélection.

Le 25 mars dernier, le Premier ministre Antranik Markarian est mort brutalement d'une crise cardiaque à l'âge de 56 ans. Il a été remplacé à son poste le 5 avril dernier par le ministre de la Défense Serzh Sarkisian qui a rejoint le Parti républicain d'Arménie il y a moins d'un an (juillet 2006) et qui est considéré par beaucoup comme le favori dans la succession de Robert Kotcharian à la Présidence de la République.

Les enjeux des élections

Les élections législatives du 12 mai prochain, qui seront suivies d'une élection présidentielle en mars 2008, constituent un test important pour l'Arménie. « J'ai l'impression que les autorités arméniennes sont conscientes de la portée singulière des élections » a déclaré début mars Peter Semneby, représentant spécial de l'Union européenne pour le Caucase du Sud lors d'une visite en Arménie. Le Conseil de l'Europe a rappelé aux autorités arméniennes l'importance de ce scrutin. Son Assemblée parlementaire « a le regret de constater que, depuis l'adhésion au Conseil de l'Europe en 2001, aucune des élections qui s'y sont tenues n'a été jugée entièrement libre et loyale (…) Il est essentiel que le prochain scrutin soit enfin conforme aux normes européennes d'élections libres et transparentes, prouvant les progrès de l'Arménie sur la route de la démocratie et de l'intégration européenne ». Bojana Urumova, représentante spéciale du Secrétariat général du Conseil de l'Europe, a même évoqué l'éventualité d'une suspension des mandats de la délégation arménienne en cas de fraude électorale le 12 mai prochain. Enfin, par la voix de leur chargé d'affaires dans le pays, Anthony Godfree, les Etats-Unis ont également rappelé que « des élections libres et justes » étaient essentielles pour la poursuite du programme Millenium Challenge du nom de la société américaine d'aide au développement œuvrant en Arménie.

Les premiers observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont arrivés à Erevan le 14 mars dernier. Ils ont pour tâche de surveiller étroitement la campagne électorale : les activités des médias, de l'administration électorale et, plus largement, celles de l'ensemble des autorités. 300 autres observateurs devraient rejoindre la capitale arménienne avant les élections. La capitale arménienne a accueilli le 5 avril dernier les premiers observateurs venus de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Au total, 150 personnes emmenées par Vladimir Rushailo sont attendues pour observer le déroulement de ces élections législatives.

Les pratiques de certaines formations politiques ont d'ores et déjà été mises en cause plusieurs mois avant les élections. Ainsi, en octobre dernier, Arménie prospère (BHK) a lancé un programme pour le développement des villages, arguant de la sécheresse de l'été précédent. La formation, fondée au début 2006 par l'homme d'affaires Gagik Tsarukian a distribué blé et pommes de terre aux villageois et lancé un programme de soins gratuits dans plusieurs régions du pays. Tigrane Karapetian, leader du Parti du peuple, a organisé de nombreux voyages notamment à l'intention des retraités et des plus nécessiteux. Il a invité de nombreux enfants de villageois à se produire à la télévision. « Les autorités arméniennes feront de leur mieux pour organiser des élections honnêtes et justes » a déclarait le 7 février dernier l'ancien Premier ministre Antranik Markarian.

La campagne électorale

L'Assemblée nationale issue du scrutin législatif du 25 mai 2003 ne représente plus la réalité politique, de nombreux changements étant intervenus sur la scène politique (émergence de nouvelles formations, nouvelles alliances, défections, etc.). Ainsi, Gagik Tsarukian, homme d'affaires millionnaire (président de la société Multy Group), chef du comité olympique arménien et proche du Président de la République Robert Kotcharian, a fondé au début de l'année 2006 Arménie prospère (BHK) ; le Bloc Justice comme Le Règne de la loi, qui a quitté la majorité présidentielle, ont connu de nombreuses défections.

Le scrutin du 12 mai prochain est particulier dans le sens où, pour l'heure, la compétition oppose moins le gouvernement en place aux partis de l'opposition que les forces gouvernementales entre elles. En effet, les deux formations favorables au Président de la République Robert Kotcharian, soit le Parti républicain d'Arménie et la formation du très populaire Gagik Tsarukian, Arménie prospère, devraient se disputer la place de premier parti du pays. Le Parti républicain d'Arménie, actuellement au pouvoir, est une formation de notables qui compte dans ses rangs de nombreux ministres, mais également plusieurs officiels régionaux ou locaux. Le parti défend une politique libérale en matière économique, mais il est favorable à un Etat fort, aux respects des traditions religieuses, familiales, etc. Arménie prospère (BHK) se bat pour plus de justice sociale et veut transformer radicalement la société arménienne. Ses candidats sont majoritairement des universitaires et des enseignants. Si la formation, qui revendique 370 000 membres (soit pas moins de 10 % de la population arménienne), possède d'importants moyens financiers, elle manque cependant de structures régionales.

L'actuel Premier ministre Serge Sarkisian est la tête de liste du Parti républicain d'Arménie. De nombreux membres du gouvernement y figurent également : les ministres de la Justice, David Haroutiounian (qui a rejoint la formation à la mi-février), de l'Environnement, Vardan Ayvazian, des Finances et de l'Economie, Vartan Khatchatrian, du Commerce et du Développement économique, Karen Tchmaritian. Gaguik Tsaroukian, tête de liste d'Arménie prospère, a présenté sa candidature dans son fief de Kotayk. L'Union des Arméniens géorgiens, par la voix de son président, Tatchat Vardapetian, et le Conseil des organisations grecques d'Arménie, communauté d'environ 7 000 personnes dans le pays, ont récemment apporté leur soutien à la principale formation de l'actuel Parlement.

L'opposition rassemble une multitude de partis, plus ou moins importants et disposant d'une assise électorale très variable. Mais elle reste profondément divisée et de ce fait ne parvient pas à inquiéter le pouvoir en place. Les principales formations d'opposition sont les suivantes : le Parti de l'unité nationale (AM), dirigé par Artaches Guegamian, le Mouvement national arménien, formation de l'ancien Président de la République (1991-1998), Levon Ter-Petrossian, le Parti populaire d'Arménie de Stepan Demirchian (fils de Karen Demirchian, leader arménien durant la période soviétique), le Règne de la loi (OE) de Artur Baghdasarian, le Parti démocrate d'Arménie d'Aram Sarksian, le Parti de l'Héritage de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Raffi Hovannissian, l'Impeachment alliance formée par Patrie démocratique de Petros Makeyan et le Parti conservateur de Mikayel Hayrapetian.

Le 2 mars dernier, soit la veille de la date limite du dépôt des candidatures, le Bloc Justice (A) a annoncé « la fin de ses activités » après que le Parti de l'unité nationale a décidé de se présenter seul devant les électeurs. « La formation d'alliances ne doit pas être une fin en soi. Des alliances lâches n'apportent rien à la société » a déclaré son leader Stepan Demirchian à la fin février. A l'occasion de la conférence de presse qu'il a donnée le 9 mars dernier, Raffi Hovhannissian, leader du Parti de l'héritage, a déclaré qu'il assumait partiellement la responsabilité de l'échec de l'opposition de former une alliance électorale. Les désaccords semblent avoir été plus tactiques qu'idéologiques. Conséquence de cette dispersion électorale de l'opposition, Vazgen Manukian, leader de l'Union nationale démocratique (AzhM), a décidé de ne pas participer aux élections législatives. « Être élu député dans ce Parlement n'est pas un honneur et ne fait pas sens » a-t-il déclaré en précisant qu'il ne se retirait pas pour autant de la scène politique et qu'il envisageait de poser sa candidature pour l'élection présidentielle prévue en mars 2008. De même, le Parti libéral-démocrate arménien (LPPA) ne présentera pas de candidat au scrutin du 12 mai prochain « pour ne pas disperser les forces » selon son leader Hovhannes Hovhannessian.

14 formations d'opposition se présenteront donc en ordre dispersé. Stepan Demirchian occupe la première place sur la liste du Parti populaire. Il est suivi d'Albert Bazeian, leader de la formation Renaissance nationale. Artaches Guegamian est tête de liste du Parti de l'unité nationale, suivi du secrétaire da la formation, Alexan Karapetian. Nicol Pashinian, rédacteur en chef du quotidien Haykakan Zhamanak, est tête de liste de l'Impeachment alliance. Les principales formations d'opposition ont choisi de ne pas présenter de candidats pour les sièges désignés au scrutin majoritaire (41 sur 131 députés).

Selon certains analystes de la vie politique, les forces de l'opposition vont utiliser les prochaines élections législatives pour mesurer les soutiens dont elles disposent en vue du scrutin présidentiel de mars 2008, élection considérée par tous comme majeure.

Selon la dernière enquête d'opinion réalisée par l'institut Sociometer, Arménie prospère (BHK) devrait remporter les élections législatives du 12 mai prochain. La formation recueillerait 25 % des suffrages. Le Parti républicain d'Arménie obtiendrait entre 17 % et 18 % des voix. Six autres partis - Le Règne de la loi, le Parti de l'héritage, le Parti populaire d'Arménie, le Parti du peuple, le Parti de l'unité nationale et la Fédération arménienne révolutionnaire Dashnak (ARFD) - seraient susceptibles d'entrer au Parlement. A ce jour, moins d'un tiers des électeurs (30 %) déclarent avoir décidé à qui ils accorderaient leur voix le 12 mai prochain.

La campagne électorale officielle a débuté le 8 avril dernier et s'achèvera le 10 mai.

Corinne Deloy/Fondation Robert Schuman

Cf. Le système parlementaire arménien (2006)



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