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Estonie : le démontage furtif du monument au Soldat soviétique libérateur envenime les relations avec la Russie


dimanche 29 avril 2007

Des troubles massifs ont éclaté à Tallinn dans la nuit du jeudi 26 avril quand les autorités estoniennes ont commencé les travaux d'exhumation et d'identification des dépouilles des soldats soviétiques enterrés devant le mémorial au Soldat libérateur, dans le centre-ville.

Les restes de 13 soldats soviétiques morts lors de la libération de l'Estonie de l'occupation nazie en automne 1944 avaient été enterrés devant ce monument en 1947. Au total, près de 40 000 soldats soviétiques, dont des Estoniens qui avaient combattu du côté de l'Armée rouge, reposent dans 450 cimetières militaires du pays. Pour Moscou et pour la minorité russe d'Estonie, qui représente un quart de la population, le monument symbolise la victoire sur le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour la plupart des Estoniens, c'est surtout un rappel douloureux de près de 50 ans d'occupation soviétique du pays, redevenu indépendant en 1991 avant d'intégrer l'Union européenne et l'OTAN en 2004.

Le gouvernement estonien, qui n'envisageait pas de démonter le monument avant la fête de la Victoire du 9 mai, a alors décidé de le démanteler en urgence. Selon un responsable du gouvernement, le monument a été scié en plusieurs morceaux et évacué du centre-ville vers un lieu tenu secret dans la nuit. Des centaines de personnes sont alors descendues dans les rues de la capitale estonienne le soir du 27, pour protester contre la décision du gouvernement. Presque 500 personnes, dont plus de 100 mineurs, ont été arrêtées lors de nouveaux affrontements entre les forces de l'ordre et les opposants au démontage.

Selon la police, les affrontements ont fait une soixantaine de blessés. Six policiers ont été blessés, dont trois grièvement. Quelques accrochages ont opposé manifestants et jeunes nationalistes estoniens. Les manifestants ont cassé des vitres, des pavillons en verre, des abribus, des vitrines, des voitures et des panneaux publicitaires. Quelques affrontements ont également eu lieu dans les villes estoniennes de Jõhvi et Kohtla-Järvi, dans le nord-est du pays, où 42 personnes ont été arrêtées, selon la police. A Jõhvi, les manifestants ont brisé des vitres dans un centre commercial, une brasserie et plusieurs magasins.

Vive émotion en Russie

Ces événements n'ont pas manqué de susciter la réaction des autorités russes. Ne voyant pas de justifications au démantèlement du monument, le ministère russe des Affaires étrangères (MID) a déclaré dès vendredi que la Russie envisageait de prendre prochainement des mesures ultérieures à l'égard de l'Estonie. : "Les actions des autorités estoniennes suscitent le regret, elles ne peuvent pas être justifiées", a déclaré son porte-parole, Mikhaïl Kamynine. Selon lui, ce qui s'est produit à Tallinn "doit faire l'objet d'un examen sérieux aux organisations internationales qui doivent faire les démarches nécessaires en vue de refroidir l'ardeur des autorités estoniennes". Le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) a adopté vendredi à l'unanimité une résolution proposant au chef de l'Etat de rompre les relations diplomatiques avec l'Estonie.

De leur côté, le maire et le conseil municipal de la ville de Moscou ont invité samedi les autorités fédérales et municipales russes à geler toutes relations économiques et financières avec l'Estonie : "Nous considérons cette action comme une insulte à la mémoire des soldats de différentes nationalités morts pour libérer le monde du nazisme (…) Nous invitons les autorités fédérales et municipales russes à geler toutes formes de coopération financière, économique, commerciale et culturelle avec les administrations estoniennes". Le maire et le conseil municipal de Moscou ont également soutenu l'initiative prise par les Moscovites de boycotter les marchandises estoniennes, ainsi que l'intention des milieux d'affaires russes de cesser toute coopération avec l'Estonie. "Nous dénonçons résolument les actes des autorités estoniennes et invitons les Moscovites, les citoyens russes et tous ceux qui vénèrent la mémoire des combattants morts dans la lutte contre le nazisme à condamner les tentatives de Tallinn de réécrire l'histoire", dit la déclaration de la mairie de Moscou.

Le consulat d'Estonie à Moscou a cessé samedi ses activités pour des raisons de sécurité, a annoncé l'ambassade estonienne en Russie. "Nous avons décidé de fermer le consulat tant que la sécurité de notre mission diplomatique ne sera pas assurée", a déclaré l'attaché de presse de l'ambassade, Franek Persidski. La police de Moscou a renforcé la protection de la mission diplomatique estonienne en raison d'un meeting qui se tient devant l'ambassade. Cette décision a été prise à la suite d'actes de vandalisme perpétrés contre l'édifice du consulat, dont les murs ont été par endroits couverts d'inscriptions agressives envers l'Etat estonien, selon le diplomate. Différentes organisations de jeunes de Russie mènent en effet depuis vendredi une action de protestation illimitée devant l'édifice de l'ambassade estonienne à Moscou. La voiture de l'ambassadrice Marina Kaljurand, qui s'apprêtait à partir pour un aéroport est restée hier bloquée pendant un certain temps par les manifestants. Ceux-ci exigeaient des autorités estoniennes qu'elles présentent leurs excuses au peuple russe et qu'elles réinstallent le monument à sa place.

Médiation de l'Union Européenne

Le Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana, s'est dit préoccupé samedi par les actions violentes de la police estonienne vis-à-vis des manifestants qui défendaient le monument au Soldat libérateur. Dans un entretien téléphonique vendredi avec le président estonien Toomas Hendrik Ilves, M. Solana avait appelé le chef de l'Etat à éviter tout recours à la violence et à tout faire pour détendre la situation. Il s'était félicité des "efforts constructifs" déployés par le président estonien en vue de régler la crise, en insistant sur la nécessité "d'éviter la violence et la confrontation". La situation autour du démantèlement du monument au Soldat libérateur à Tallinn n'est pas une question relevant de l'Union européenne, a cependant tenu à préciser Mme Gallach, porte-parole de M. Solana.

De son côté, Vladimir Poutine s'est entretenu samedi par téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel et a exprimé sa préoccupation face aux événements tragiques survenus en Estonie. La chancelière allemande a, pour sa part, insisté sur un règlement rapide de la situation en appelant toutes les parties à faire preuve de sagesse, lit-on dans le communiqué de la présidence russe.

D'après dépêches de Ria Novosti



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