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La France accorde l'asile à un opposant à Mikheïl Saakachvili (avril 2008)


IRAKLI OKROUACHVILI
mercredi 23 avril 2008, par Mirian Méloua

Après le mandat d'arrêt international lancé le 13 novembre 2007 par les autorités géorgiennes contre Irakli Okrouachvili et un épisode allemand, la demande d'asile en France de l'intéressé a été accordée par l'Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides.

Ancien adjoint de Mikheïl Saakachvili (1) au ministère de la Justice et à la mairie de Tbilissi sous l'ère Chévardnadzé, ancien Procureur Général de la République, ancien ministre de l'Intérieur, ancien ministre de la Défense après la révolution des Roses, souvent considéré comme le chef de file des "faucons", Irakli Okrouachvili (2) démisionne du gouvernement géorgien fin 2006.

Sa "démission" est parfois attribuée à la pression américaine, inquiète des réactions de ce "va-t-en guerre" à propos des conflits entre la Russie et la Géorgie, en Ossétie du Sud (d'où il est originaire) et en Abkhazie.

En septembre 2007, il fonde un parti d'opposition, "Le Mouvement de la Géorgie Unie".

Le 25 septembre, en direct à la chaîne de télévision IMEDI, il accuse Mikheïl Saakachvili d'avoir souhaité l'élimination de différents opposants dont Badri Patarkatsichvili (3), d'être impliqué dans des affaires de corruption et d'avoir tenté de discréditer l'Eglise orthodoxe géorgienne.

Le 27 septembre, il est arrêté pour abus de pouvoir dans l'exercice de ses responsabilités antérieures au ministère de la Défense.

Le 7 octobre, sa rétractation est filmée et diffusée à la télévision. Plus tard, il affirmera avoir lu une déclaration qu'il n'avait pas rédigée.

Le 8 octobre, il est relâché après qu'un tiers ait payé une caution de 10 millions de lari, environ 4 millions de dollars.

Cet épisode contribue à rassembler les protestations d'une dizaine de partis d'opposition. Ils déclencheront le 2 novembre les manifestations de masse qui conduiront en finalité aux élections présidentielles anticipées (4).

Le 1er novembre au matin, il est conduit dans un vol en partance de Tbilissi pour l'Europe occidentale. Les versions diffèrent. Son avocate géorgienne, Eka Bessalia (Besalia), déclare que les autorités géorgiennes lui ont fait délivrer en urgence un visa pour la France et l'ont contraint. Les autorités géorgiennes avancent officiellement des raisons médicales à ce départ. Certains observateurs estiment que des négociations se sont déroulées en coulisse, avec promesse de "passer l'éponge" sous quelques mois.

Coup de théâtre à Munich, Irakli Okrouachvili quitte l'avion, embarrassant les autorités allemandes.

Le 5 novembre, il revient sur sa rétractation, avec diffusion publique à Tbilissi.

Le 13 novembre, un mandat d'arrêt international est lancé contre lui par la Géorgie, concernant ses responsabilités exercées au ministère de la Défense.

Le 27 novembre, il est arrêté par les autorités allemandes, avec l'un de ses anciens adjoints au ministère de la Défense Jason Tchikadzé (Iasson Chikadzé). Son avocate allemande, Margarete von Galen, fait alors valoir que toute extradition vers la Géorgie le conduirait à une mort certaine : elle dépose une demande asile qui est refusée et sa détention est maintenue.

Le 9 janvier 2008, selon les accords de Schengen (Irakli Okrouachvili est porteur d'un visa d'entrée en France), les autorités allemandes le renvoient aux autorités françaises. A sa sortie d'avion, il est arrêté. Le parquet de Bobigny lui notifie "son placement sous écrou extraditionnel" à la prison de Santé, conséquence du mandat d'arrêt international. Cette situation est contestée et il entame alors une grève de la faim.

Le 29 janvier, la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris ordonne sa mise en liberté, après qu'il ait suspendu sa grève de la faim.

Le 28 mars, le Tribunal de Tbilissi le condamne à 11 années de prison pour "corruption passive à grande échelle, extorsion de fonds et participation à un groupe criminel".

Le 16 avril, l'examen par la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris de la demande d'extradition formulée par les autorités géorgiennes est renvoyé au 4 juin, c'est à dire après les élections législatives géorgiennes du 21 mai, auxquelles le parti politique fondé par Irakli Okrouachvili présente des candidats dans le cadre de l'alliance électorale de 9 partis "Opposition Unie - Conseil National".

La demande d'extradition porterait sur des faits attribués à l'ancien ministre de la Défense, acquisition de 63 millions de cartouches inutilisables, construction de deux bases militaires sans appel d'offres, blanchiment dans une affaire immobilière, opérations financières illicites autour de la compagnie de téléphone mobile Geocell.

Les intérêts d'Irakli Okrouachvili sont défendus en France par Maîtres Thierry Lévy, Jean-Eric Malabre, Christine Martineau et Louis-Marie de Roux pour lesquels l'affaire est "purement politique, Mikheïl Saakachvili voulant éliminer un rival potentiel".

Les intérêts des autorités géorgiennes en France sont défendus par Maître Georges Kiejman.

*

L'avocate géorgienne d'Irakli Okrouachvili, Eka Besselia annonçait à Tbilissi le 23 avril que l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides lui avait accordé le droit d'asile.

Cette information était ensuite confirmée par ses avocats français, Christine Martineau et Jean-Eric Malabre, qui estimaient que l'extradition de l'ancien ministre géorgien vers son pays n'en serait que plus difficile.

Notes :

-  (1) Géorgie : Mikheïl Saakachvili, ancien président de la République

-  (2) Géorgie, France et Géorgie : Irakli Okrouachvili, ancien ministre, incarcéré et libéré sous condition (11 janvier 2013)

-  (3) Géorgie, Russie et Grande-Bretagne : Badri Patarkatsichvili, oligarque (1955-2008)

-  (4) Irakli Okrouachvili ne pouvait être candidat aux élections présidentielles du 5 janvier 2008, la Constitution géorgienne exigeant que les candidats aient 35 ans révolus.



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