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Géorgie : Zviad Gamsakhourdia (1939-1993), président de la République


GAMSAKHURDIA
samedi 22 mai 2004, par Mirian Méloua

Zviad Gamsakhourdia est né le 31 mars 1939 à Tbilissi (1).

Les années de dissidence

En 1955, il fonde un groupe clandestin de jeunes militants pour les droits de l'homme, "Gorgasliani" : il est arrêté en 1956 lors des manifestations contre la russification de la Géorgie. Il est à nouveau arrêté en 1957 pour propagande anticommuniste et incarcéré six mois.

En 1958, il entre à la Faculté de Lettres et de Langues occidentales de l'Université de Tbilissi. De 1963 à 1977, il est chercheur à l'Institut de littérature Chota Roustavéli de Tbilissi et obtient son doctorat en 1973. En 1966, il devient membre de l'Union des Ecrivains de Géorgie.

En 1973, il fonde avec Merab Kostava un groupe de défense des droits de l'homme (futur Groupe Helsinki géorgien). En 1974, il devient le premier membre géorgien d'Amnesty International. Des revues clandestines sont publiées comme "Okros Satskimisi", "La Toison d'Or" et "Sakartvelos Moambe", "Le Messager de Géorgie".

En 1977 (2), il est arrêté avec Merab Kostava : ils sont enfermés dans un hôpital psychiatrique à Moscou avant d'être condamnés à trois années de travaux forcés et trois années d'exil. Le Congrès américain les propose comme candidats au prix Nobel de la Paix. Merab Kostava est déporté en Sibérie, il sera libéré en 1987. Zviad Gamsakhourdia est déporté au Daghestan, il sera libéré en juin 1979 après autocritique : les conditions de cette libération sont parfois controversées. Il continue son action en faveur de l'identité et de la culture géorgiennes.

De 1981 à 1990, il est chercheur senior à l'Institut Chota Roustavéli et professeur associé à l'Université de Tbilissi. En 1991, il obtiendra un doctorat de philologie. La glasnost lancé par Mikhaïl Gorbatchev lui permet d'accentuer les actions pour le respect des droits de l'homme et pour le retour à l'indépendance : il fonde en 1988 une nouvelle organisation "Saint Ilia le Juste". De nouveaux journaux clandestins voient le jour "Chronique" ou "Le Messager de Géorgie", en russe et en anglais. Après les tragiques évènements du 9 avril 1989 (3), Merab Kostava et Zviad Gamsakhourdia sont arrêtés une nouvelle fois et mis à l'isolement 40 jours.

Les années d'espérance

Le 28 octobre 1990, l'alliance électorale "Mrgvali Maguida - Tavisoupali Sakartvelo", "Table Ronde - Géorgie libre", réunit les mouvements d'opposition au régime soviétique : elle arrive en tête aux élections législatives avec 53% des voix contre 29% au Parti Communiste. Zviad Gamsakhourdia est élu président du Parlement (Conseil Suprême de la République).

Le référendum du 31 mars 1991 restaure l'indépendance de la Géorgie (90% des voix), qui est déclarée le 9 avril 1991.

Zviad Gamsakhourdia est élu président de la république, au suffrage universel avec 87% des voix, le 26 mai 1991.

Le difficile exercice du pouvoir

Les difficultés politiques et ethniques s'accumulent. Le contexte est tendu en Abkhazie et en Ossétie du Sud depuis les violences de 1989 : le slogan "la Géorgie aux Géorgiens" ne passe pas auprès des minorités qui représentent 30% de la population. En mars 1990, la situation se dégrade en Ossétie du Sud lorsque les Ossètes anonce vouloir se séparer de la Géorgie. Le président géorgien accuse la Russie de collusion, demande le départ des forces russes et supprime le statut d'autonomie de la région. En mars 1991, les violences conduisent à la mort d'une cinquantaine de personnes et au déplacement de 25 000 d'entre elles.

En août, le premier ministre, Tenguiz Sigoua (4), et trois ministres démissionnent en désaccord avec le style présidentiel. Le commandement de la Garde Nationale, en charge de Tenguiz Kitovani, est supprimé et les troupes affectées au ministère de l'Intérieur. Le chef de file de l'opposition nationale-démocrate, Guiorgui Chantouria, est arrêté. En septembre, des manifestations antiprésidentielles se déroulent à Tbilissi.. La Garde Nationale éclate en factions rivales. Les manifestations civiles dégénèrent en combats paramilitaires. Le 22 décembre, des éléments armés, aidés par les Russes selon certains, prennent d'assaut les bâtiments officiels. Une centaine de morts est dénombrée. Le 6 janvier, le Parlement tombe. Le président fuit. un Conseil Militaire prend le pouvoir : il fera appel à Edouard Chévardnadzé en mars.

L'exil et la mort

Zviad Gamsakhourdia se réfugie avec sa famille en Tchétchénie, après une étape en Arménie. A Groznyï, il essaie d'organiser avec le président tchétchène Douadev une fédération caucasienne. A Tbilissi, la lutte des groupes armés pro-Zviadistes continue : la télévision est prise quelques heures le 24 juin 1992. La répression organisée par les milices anti- Zviadistes, les "Mkhedrioni" est sévère.

En septembre 1993, en Abkhazie, les forces géorgiennes favorables à Edouard Chévardnadzé sont battues par les groupes armés abkhazes avec l'aide des forces russes : 10 000 personnes sont tuées et de 250 à 300 000 Géorgiens sont chassés. Le 24, Zviad Gamsakhourdia tente de reprendre le pouvoir dans cette partie Ouest du pays et s'installe à Zougdidi. Une nouvelle guerre civile s'engage : elle se termine par la défaite des Zviadistes le 6 novembre, les forces géorgiennes favorables à Edouard Chévardnadzé ayant trouvé cette fois l'aide des forces russes.

Le 31 décembre 1993, le corps de Zviad Gamsakhourdia est retrouvé à Khiboula, en Mingrélie, avec une balle dans la tête : l'origine de la mort est controversée. Il sera inhumé une première fois à Djikhachkari en Mingrélie, une deuxième fois à Groznyï en Tchétchénie, une troisième fois au Panthéon Mtatsminda de Tbilissi (28 mars 2007).

Zviad Gamsakhourdia a eu trois fils de deux mariages. L'un d'entre eux, Konstantiné, longtemps résident en Suisse, s'est présenté aux élections présidentielles de janvier 2004 sous la banière du Parti de la Liberté. Il appartient à une alliance électorale de 9 partis opposés au président Mikheïl Saakachvili

Notes

(1) Le père de Zviad Gamsakhourdia, Konstantiné Gamsakhourdia (1893-1975) avait conduit une carrière littéraire et d'historien à l'époque soviétique : il avait été néanmoins inquiété dans les années vingt. A l'époque de la Ière République de Géorgie, il avait assuré des missions diplomatiques en Allemagne et en Italie. A l'époque tsariste, il s'était formé à l'Université de Berlin.

(2) En 1977, l'URSS est dirigée par Léonid Bréjnev et la Géorgie par Edouard Chévardnadzé.

(3) Le 9 avril 1989, sur la place principale de Tbilissi, les forces spéciales soviétiques utilisent des gaz de combat contre une manifestation pacifique : 20 personnes sont tuées, plusieurs centaines intoxiquées. Les autorités soviétiques se renverront entre elles la responsabilité de la décision : l'enquête ordonnée par Moscou n'aboutira à aucune conclusion. Cette date marque le basculement de l'opinion publique géorgienne.

(4) Tenguiz Sigoua fut Premier ministre de Zviad Gamsakhourdia de novembre 1990 à août 1991. Il accusa le président de "tendances dictatoriales" et participa avec le commandant de la Garde Nationale, Tenguiz Kitovani, au coup d'Etat de décembre 1991. Il fut à nouveau Premir ministre de janvier 1992 à août 1993, pour entrer ensuite dans l'opposition à Edouard Chévardnadzé.

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Sources multiples

-  médias géorgiens dont Civil Georgia

-  Internet dont Levan Urushadze, Wikipedia.



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