Accueil Brèves Plan du site Contact Admin


COLISEE Articles
comité pour l’information sur l’Europe de l’Est
   
 
 
[ Imprimer cet article ]


OTAN : adhésions de la Géorgie, de la Macédoine et de l'Ukraine différées (2008)


ADMISSION PROBABLE DE L'ALBANIE ET DE LA CROATIE
vendredi 4 avril 2008, par Mirian Méloua

Si l'Alliance atlantique et son organisation intégrée, l'OTAN, réunissent 24 pays européens et 2 pays américains, elles n'ont plus d'ennemi clairement identifié comme elle en avait lors de leur création en 1949, l'URSS. Depuis la chute du mur de Berlin, elles se sont limitées à des manoeuvres ou à des opérations limitées de type Serbie, Kosovo ou Afghanistan.

Néanmoins, pratiquement tous les pays de l'ancien bloc de l'Est, à l'exception notable de la Russie, ont coopéré avec elles, ou ont fait acte de candidature, ou y ont adhéré. Elles représentent plus que le symbole de la solidarité euro-américaine, elles sont pour les pays nouvellement démocratiques un parapluie militaire indéniable "au cas où".

Réunion des ministres des Affaires étrangères, le 6 mars 2008

A Bruxelles, siège de l'OTAN depuis que le général De Gaulle l'a priée de quitter la France, les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique ont avalisé les candidatures de l'Albanie et de la Croatie.

Les candidatures de la Géorgie, de la Macédoine et de l'Ukraine n'ont pas été retenues.

Pour la Macédoine, le veto de la Grèce a suffit à bloquer la candidature de sa voisine. En désaccord sur le nom même de Macédoine, qui est aussi celui d'une province grecque, les deux parties ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente depuis 1991 (1).

Pour l'Ukraine et la Géorgie, les raisons en sont plus graves. Selon certaines indiscrétions, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, l'Espagne, la France et les Pays-Bas souhaiteraient que la transition vers la démocratie soit plus avancée dans ces deux pays ... et souhaiteraient peut-être aussi ... ne pas déplaire à la Russie qui s'oppose farouchement à ces deux adhésions, craignant pour sa proche sécurité. Pour aucun, les difficultés rencontrées par la construction d'une défense européenne, que l'OTAN prive de légitimité, n'y seraient pas non plus étrangères.

Réunion des chefs d'Etat, le 3 avril 2008

A Bucarest, si les candidatures de l'Albanie et de la Croatie sont acceptées, le volontarisme affiché par George W.Bush en faveur des candidatures de la Géorgie et de l'Ukraine n'a pas suffit : après une prolongation de séance de plus de deux heures et des discussions qualifiées "d'archarnées", l'opposition d'une dizaine de pays européens emmenés par l'Allemagne et la France a été maintenue. Les raisons formelles, et profondes, n'ont pas changé depuis le 6 mars.

Afin de ne pas "désespérer" Kiev et Tbilissi, le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer a déclaré : "L'OTAN salue les aspirations euro-atlantiques de l'Ukraine et de la Géorgie et ses dirigeants se sont engagés à ce que ces deux pays deviennent un jour membres de l'Alliance". La promesse a même été faite de revoir la question de ces deux candidatures fin 2008, à l'occasion d'une réunion des 26 ministres des Affaires étrangères.

La Russie ne s'est pas contentée de cette position, puisque la première réaction du ministère russe des Affaires étrangères a été de déclarer : "L'entrée promise à Kiev et à Tbilissi serait une grande erreur stratégique qui aura les conséquences les plus sérieuses pour la sécurité en Europe".

Guiorgui Baramidzé, le ministre géorgien chargé de l'Intégration européenne, déclarait à son tour "La décision a été prise d'accepter que nous avancions vers une adhésion à l'OTAN et nous la considérons comme un succès historique".

Analyse

L'époque n'est plus celle de l'adhésion à l'OTAN de la Pologne en 1999 ou des pays baltes en 2004, par exemple, sans considération de l'avis de la Russie : Moscou est revenu sur l'échiquier mondial avec Vladimir Poutine.

Les moyens de pression de la diplomatie russe sont multiples, outre son droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies, Moscou agite son pétrole, son gaz et ses matières premières. Vis-à-vis de la Géorgie son soutien aux républiques autoproclamées d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud bloque toute solution aux conflits gelés, vis-à-vis de l'Ukraine son soutien aux populations russophones bloque toute démocratisation de l'Est du pays.

Le deuxième mandat d'un George W.Bush en perte d'influence s'achève. Les deux candidats démocrates américains seraient plutôt tentés par un repli des Etats-Unis sur eux-mêmes. Reste le candidat républicain, John MacCain. Il n'a jamais caché son hostilité à la Russie (voulant l'exclure du G8) et a déclaré il y a quelques mois à Tbilissi et à Kiev sa volonté de faire entrer la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN : propos de campagne ou stratégie politique ?

Malgré l'immense espérance du peuple géorgien, confirmée par le référendum du 5 janvier 2008 qui a donné 72,5% des votes favorables, malgré la volonté des équipes dirigeantes de la Géorgie et de l'Ukraine, ces deux pays risquent de ne pas pas pouvoir rejoindre l'OTAN, avant longtemps.

A moins que les pays de la "vieille Europe" n'évoluent dans leurs positions.

Note (1) La Grèce a maintenu son veto à la candidature de la Macédoine à Bucarest le 3 avril.

Voir aussi : Abkhazie : derniers développements liés au Kosovo et à l'OTAN (mars 2008)



[ Imprimer cet article ] [ Haut ]
 

 
 
  01. Accueil
02. Albanie
03. Arménie
04. Azerbaïdjan
05. Biélorussie
06. Bosnie-Herzégovine
07. Croatie
08. Géorgie
09. Kazakhstan
10. Kirghizstan
11. Macédoine
12. Moldavie
13. Monténégro
14. Ouzbékistan
15. Russie
16. Serbie
17. Tadjikistan
18. Turkménistan
19. Ukraine
20. Etats autoproclamés
21. Union européenne
22. Grandes régions d'Europe et d'Asie
23. Thèmes transversaux
24. Les séminaires et les conférences
25. Les dossiers du COLISEE

Contact
 

 
 
Dans la même rubrique

Autres articles :
OTAN : élargissement à l'Est différé (2009)
Jeux Olympiques d'Athènes : résultats des pays de l'Est (2004)
Rugby : Roumanie et Géorgie admises à la Coupe du Monde 2007 en France
La Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC)
La liberté de la presse globalement en recul en Asie centrale et dans le Caucase (2004)

 



© 2013 COLISEE