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Les voix discordantes du projet de gazoduc européen NABUCCO (2009)


mardi 27 janvier 2009, par Mirian Méloua

Le 26 janvier 2009 se réunissait à Budapest une douzaine de pays et d'organisations concernés par le projet de gazoduc européen NABUCCO.

La discordance des propos tenus laisse augurer une lente maturation qui ne saurait qu'encourager les projets concurrents russo - germanique au Nord de l'Europe (North Stream) et russo- italien au Sud de l'Europe (South Stream).

L'Azerbaïdjan, pays réputé fournisseur de NABUCCO, prendra sa décision lorsque les prix d'achat de son gaz seront connus.

Le Turkménistan et l'Irak, fournisseurs potentiels, étaient présents au titre d'observateurs. L'Iran, autre fournisseur potentiel, n'était pas convié.

La Géorgie, pays de transit, n'a pas besoin du gaz de NABUCCO et s'intéresse aux coûts de transit qui lui seront proposés.

La Turquie, également pays de transit, estime que les négociations avec l'Union européenne pour une éventuelle adhésion traînent en longueur et pourrait utiliser le levier de NABUCCO pour les accélérer. D'ailleurs, elle n'a pas hésité à opposer son veto à la participation de Gaz de France au consortium NABUCCO suite au vote de l'Assemblée nationale française sur le génocide arménien.

La Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche, pays de transit de NABUCCO, ont d'ores et déjà donné leur accord au projet concurrent South Stream, mais en soutenant que les deux projets étaient compatibles.

L'Allemagne, engagée stratégiquement avec la Russie sur le gazoduc North Stream, ne manque pas de rappeler que le numéro 2 allemand de l'énergie (RWE) fait partie du consortium NABUCCO avec l'autrichien OMV, le hongrois MOL, le roumain TRANSGAZ, le bulgare BULGARGAZ et le turc BOTAS.

Doubles pioches, afin de se réserver une porte de sortie si l'un des projets n'aboutissait pas ?

La Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) se tait : il est vrai que Londres n'est pas très concerné.

La Commission européenne saupoudre, 250 millions d'euros pour le projet NABUCCO sur les 3,5 milliards alloués aux projets énergétiques par le Conseil et le Parlement européens.

La Banque européenne d'investissement (BEI) serait prête à financer 25% du projet à condition que les critères économiques, technologiques et politiques soient atteints. Et ils sont loin de l'être !

Critères politiques

Tout comme il n'était pas acceptable pour l'Union européenne, que Silvio Berlusconi et Gerhardt Schroeder traitent directement avec leur "ami" Vladimir Poutine le lancement bilatéral des gazoducs South Stream et North Stream, il n'était pas acceptable que la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie se précipitent à la porte du Kremlin afin de bénéficier du South Stream.

Tout comme il n'est pas acceptable que la Russie exerce une sorte de "chantage" sur l'Union européenne par des coupures d'approvisionnement de gaz transitant par la Biélorussie ou l'Ukraine, il n'est pas acceptable que la Turquie exerce une autre sorte de "chantage" sur l'Union européenne par NABUCCO pour accélérer son éventuelle adhésion.

La fracture entre pays nouvellement membres de l'Union européenne et pays fondateurs s'accentue ; l'Allemagne joue sa carte en essayant de se réserver le monopole de la coopération vers l'Est. Le souffle franco-allemand qui aurait permis de bâtir une stratégie énergétique européenne, fait bien défaut.

Critères technologiques

Le gazoduc NABUCCO devrait être long de 3 300 kilomètres et véhiculer 31 milliards de mètres cube de gaz chaque année. Les études de faisabilité restent à faire, le tracé à définir avec précision, le positionnement des stations et des points de réserve à établir, les paramétres de sécurité à approfondir, les conditions d'exploitation et de maintenance à étudier.

Critères économiques

Pour atteindre sa capacité optimale de fonctionnement, le gazoduc devrait s'approvisionner non seulement en mer Caspienne, mais au Moyen-Orient, Irak et Iran : les critères politiques y sont loin d'être réunis.

Son coût est estimé aujourd'hui à 8 milliards d'euros : le consortium, composé de six compagnies énergétiques, est à la recherche d'investisseurs. Rien ne se fera sans l'engagement des gouvernements des pays concernés, voire d'autres pays de l'Union européenne. En pleine crises financière et économique mondiale, ce n'est pas acquis.

Conclusions

Dans sa déclaration finale, la conférence de Budapest propose

-  un sommet énergétique en avril, en Bulgarie,

-  un sommet énergétique européen en mai, à l'initiative de la République tchèque, actuellement à la présidence de l'Union européenne,

-  un sommet de haut niveau au Turkménistan en 2009,

-  la création d'une entité de développement de la région caspienne (Caspian Developpement Corporation), à la demande de la Commission européenne et de la Turquie,

-  la signature d'un accord intergouvernemental au 1er semestre 2009, en Turquie, qui permettra l'établissement d'accords préliminaires avec les pays fournisseurs et le lancement des travaux,

-  la participation à long terme de l'Union européenne à hauteur de 2 milliards d'euros,

-  la création d'une direction économique et politique, l'"International NABUCCO Board".

Analyse

De commission en commission, de sommet en sommet, le projet NABUCCO est étudié depuis sept années : il est toujours annoncé pour être opérationnel en 2013.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclarait le 20 janvier 2009 : "Le projet NABUCCO ne pose pas de problème à la Russie".

Il semblerait qu'il en pose aux pays de l'Union européenne.

Voir aussi : Le russe GAZPROM est-il un fournisseur fiable pour les pays de l'Union européenne ? (janvier 2009)

Retour à Dossier : l'Union européenne et l'énergie (2009)



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