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Généralités sur la culture en Slovaquie


mardi 22 avril 2003

Les Slovaques, bridés par les Hongrois sous l'Empire, n'ont pu affirmer leur riche identité culturelle que tardivement. C'est pour cette raison qu'ils ont su développer dans tous les domaines un art dont le dynamisme et la créativité n'ont jamais fléchi (néanmoins mis à l'épreuve pendant les années de normalisation, 1970-1989), tout en manifestant une vive impulsion lors de la formation de la Première République tchécoslovaque (1918) et après la partition (1993) où les liens avec les artistes tchèques sont de plus en plus intenses. La proximité de Vienne et l'engouement des Autrichiens pour l'art slovaque, notamment pour l'opéra, constitue un véritable aiguillon.

Littérature

Sous l'Empire de la Grande Moravie (qui inclut la Slovaquie), la vie culturelle, littéraire et spirituelle est riche. Au IXe siècle, Cyrille et Méthode s'y fixent, créent l'alphabet glagolitique (première écriture slave) et traduisent l'Evangile que Cyrille préface par le poème Proglas qui incite, entre autres, les peuples à lire et à écrire. Comme le dit un classique, jusqu'en 1993 l'unique Etat des Slovaques c'est leur culture !

En 1843, le poète révolutionnaire et parlementaire Ludovit Stur codifie la langue slovaque donnant naissance à la littérature moderne. Les oeuvres de ses contemporains, Janko Kral et Andrej Sladkovic, témoignent d'échanges fructueux avec les mouvements spirituels européens. Les auteurs survivent à la magyarisation, à la fin du XIXe, une association indépendante se crée à Martin, la Matica slovenska, elle développe les sciences et la culture, devient un foyer intense. Le poète Pavol Orzsagh Hviezdoslav, comparable à Victor Hugo, contribue à sauvegarder le patrimoine, ainsi que le prosateur Martin Kukucin.

Lors de la première République tchécoslovaque, la littérature slovaque jouit d'une période d'accalmie et de fermentation, participe aux orientations spirituelles et idéologiques européennes, comme le font Ivan Krasko, Milo Urban et le groupe des surréalistes. La proclamation d'un Etat fasciste slovaque pendant la Seconde Guerre mondiale freine cet élan.

Dans les années 1950, certains écrivains adhèrent aux idées communistes. Le dégel post-stalinien voit l'éclosion de groupes, tels les poètes concrétistes, les Coureurs solitaires, et de nouveaux auteurs (Alfons Bednar, Jan Johanides, Rudolf Sloboda, Lydia Vadkerti Gavornikova...). Sous la normalisation, certains parmi les plus grands (Dominik Tatarka, Hana Ponicka, Pavel Vilikovsky) décident de se taire.

Après la Révolution de Velours, la littérature livre ses blessures, rend compte du passé ( même récent, Peter Pistanek) et doit s'accommoder du libre marché. La qualité persiste, comme en témoignent les poèmes de Milan Rufus, traduits récemment aux Editions Différences.

(Site web du Centre littéraire slovaque : www.licentrum.sk)

Beaux-Arts

Les villes et les villages de Slovaquie abondent en véritables trésors, vestiges de l'architecture médiévale de style byzantin, roman (rotonde de Skalica) ou gothique puis Renaissance (Radvan) et baroque, dont de magnifiques maîtres-autels et retables tels celui de Levoca (1518). La Slovaquie orientale est réputée pour ses églises en bois.

Le Musée national de Bratislava et ceux de Martin contribuent à leur préservation, de même qu ?aux richesses ethnographiques. En peinture et sculpture, c'est la vocation première de la Galerie nationale à Bratislava (elle organise depuis 1965 la Triennale de l'Art naïf). Les portraitistes Peter Bohun et Jozef Bozetech Klemens, le sculpteur Ladislav Dunajsky inaugurent le courant national des arts slovaques (XIXe s.). Après 1920, les Beaux-Arts, confrontés avec la fin du réalisme classique national, recherchent un style slovaque qui souvent repense les audaces de l'art occidental. Les membres de ce mouvement sont Ludovit Fulla (ses oeuvres, mêlant l'art populaire, la couleur et le lyrisme, sont exposées à la Galerie de Ruzomberok), Mikulas Galanda et Koloman Sokol.

Parmi les artistes modernes, citons Albin Brunovsky (et son école de gravure avec pour adeptes Vladimir Gazovic, Dusan Kallay, Robert Jankovic), Ester Simerova, Rudolf Fila, Milan Pasteka, Jozef Jankovic, Karol Baron, Matej Kren (Prix UNESCO-Arts 1995), le sculpteur Martin Lettrich et le peintre Milan Rasla exposent ensemble. Sans oublier les peintres Ivan Csudai, Daniel Fischer et Laco Teren ; les sculpteurs Jozef Kostka et JurajMelis

(Contact : SNG - Galerie nationale slovaque, 1 Riecna, 815 13 Bratislava, www.sng.sk).

Musique

La musique slovaque s'enrichit d'une tradition millénaire à la croisée des emprunts slaves, juifs, tziganes, balkaniques, roumains, hongrois, italiens et allemands, avec pour voisine Vienne, la métropole de l'opéra classique. La beauté des mélodies et des rythmes caractérise la musique populaire slovaque. Après 1920, une nouvelle génération s'impose avec Mikulas Moyzes (par une musique de chambre, symphonique, orchestrale et vocale), puis avec Jan Cikker (prix UNESCO 1957), qui crée de nombreux opéras sur des scènes internationales (dont un d'après Le Jeu de l'amour et de la mort de Romain Rolland), tout comme Eugen Suchon (célèbre pour son opéra Le Tourbillon, 1949). Ce sont d'excellents pédagogues qui forment des compositeurs à la Faculté de musique et de danse de la VSMU, l'Ecole supérieure des arts dramatiques de Bratislava.

La Slovaquie a trois lieux opératiques permanents : Kosice, Banska Bystrica et Bratislava. Elle possède trois orchestres symphoniques, des orchestres de chambres, dont Bohana Warchala et A capella Istropolitana de Bratislava, sans compter les nombreux groupes amateurs

(site web :www.vsmu.sk)

Théâtre

La Slovaquie accueille par tradition de nombreuses troupes étrangères. La première ambulante est recensée en 1609. De nombreux groupes amateurs se forment dans les villages et les bourgades. Ils participent à l'éveil national (1830-1918) et se réunissent à Martin, où un noyau professionnel se constitue, alors que les édifices théâtraux de Bratislava, Trnava, Presov, Nitra, Kosice sont investis par les troupes officielles étrangères, surtout hongroises.

Le Théâtre national slovaque est inauguré en 1920 à Bratislava et le public cosmopolite y apprécie davantage l'opéra. Une troupe dramatique s'y crée en 1930 avec Jan Borodac et Andrej Bagar, qui imposent le répertoire slovaque. Viennent ensuite Jan Jamnicky, Jozef Budsky et Karol Zachar (il marque son attachement aux créations populaires et au folklore).

Fin des années 1950, des scènes alternatives émergent, telles le Théâtre de Radosina. Après 1968, elles jonglent avec la censure, inventant un art spontané incorporant le mime, l'acrobatie... : GunaGu dirigée par Vilo Klimacek et Stoka par Blaho Uhlar (il publie avec Milos Karasek le Premier Manifeste slovaque du théâtre en 1988). La performance se double d'une tribune politique. Puis, Jozef Bednarik, au diapason avec le scénographe international Ladislav Vychodil, le chorégraphe Libor Vaculik et la costumière Ludmila Varossova, monte des opéras somptueux et des comédies musicales prisés par les étrangers.

A Bratislava, le mime Sladek se voit confier l'Arena après 20 ans d'exil. Le Théâtre sur le Corso et la Petite Scène jouent des pièces contemporaines (de Peter Karvas, longtemps mis à l'index, et de Rudolf Sloboda). En 2000, de jeunes auteurs s'affirment : Dodo Gombar, Sylvester Lavrik, Zuzana Ulicianska... Et le théâtre de marionnettes évolue vers un art total, impulsé par Marica Mikulova à la VSMU. De plus, les Slovaques ont en la personne d'Emilia Vasaryova celle qui est réputée comme la meilleure actrice d'Europe centrale.

(Contact : Kabinet divadle a filmu Slovenskej akademie vied, Dubravska cesta 9, 81364 Bratislava, kadfmimi@savba.savba.sk)

Danse

L'Italien Achille Viscusi dirige le ballet classique du Théâtre national de Bratislava (1923-30). Puis Maximilian Froman et Karol Toth (qui étudie à Moscou jusqu'en 1960) contribuent à la notoriété de la chorégraphie slovaque.

Après 1990, de nombreux groupes de danse moderne se forment, impulsés par les enseignants de la VSMU qui créent l'Association de danse moderne (1996) et Bratislava en mouvement (2000), festival international de danse contemporaine se déroulant en mai. Des chorégraphes américains (Steve Paxon, Lisa Nelson, Daniel Lepkoff...), anglais (Jullyen Hamilton) et hollandais (David Zambaro) participent aux ateliers pratiques et théoriques de Physicals Dialogues qui se tiennent cette année à la Galerie Danubiana de Bratislava et rendent optimiste Miroslava Kovarova, la directrice de Bratislava en mouvement.

(Contacts : Asociacia Bratislava v pohybe, POBOX 73, 811 00 Bratislava 1, festivalba@nextra.sk/ Asociacia sucasneho tanca, POBOX 78, 811 00 Bratislava 1, contdance@nextra.sk)

Cinéma

Le premier long métrage, Janosik, mis en scène par L. Jaroslav Siakel et Frantisek Horlivy (1921), retrace sous forme de conte populaire l'histoire du héros légendaire du peuple slovaque. La Terre chante de l'ethnographe et réalisateur Karel Plicka (1933) est un succès avant la Seconde Guerre mondiale. Le rayonnement et la maturité créatrice se manifestent à travers la Nouvelle vague des années 1960.

Le Miroir aux alouettes du tandem slovaco-tchèque Jan Kadar et Elmar Klos (1965) remporte un Oscar. Il s'attache à la vérité de l'homme et à son vécu, décrivant son propre monde sa réalité intérieure, avec la quête d ?une harmonie entre la foi et la raison.

Le Soleil dans le filet de Stefan Uher (1962) marque le début d'une création slovaque originale, qui s'émancipe de l'école tchèque. Son chef de file : Eduard Grecner. Ses représentants : Dusan Hanak (adepte de ce cinéma-vérité), Elo Havetta et Juraj Jakubisko (qui enchantent par leurs métaphores sémantiques).

En 1990, est née une Faculté autonome du cinéma et de la télévision au sein de la VSMU (le film En bref de Michal Struss, réalisé dans son cadre, fut nominé pour les Oscars étudiants en 2000). En 1996, tombe le monopole qu'exerçait l'Etat sur la distribution des films (nouvelle loi sur l'audiovisuel). La privatisation des studios d'Etat Koliba a pour conséquence la chute de la production (2 films par an), un attrait du public pour les films américains, mais force est de constater l'existence de 56 clubs cinématographiques répertoriés qui montrent la production slovaque.

Sont réalisés, entre autres, des films documentaires, notamment des portraits tels que ceux de Jakubisko par Martin Sulik, de Hanak par Miro Sindelka et Havetta par Juraj Johanides. Hanak qui, en ce moment, tourne Intolérance - les vases communicants.

(Site web du Centre d'information audiovisuel slovaque : www.aic.sk)

(Danièle Monmarte, d'après des textes inédits de Miroslava Vallo, Juraj Benes, Miroslava Kovarova, et Miro Ulman. et avec le concours de Bozena Krizikova)



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