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Géorgie : interview du 5 juillet 2009 de Salomé ZOURABICHVILI sur les manifestations de l'opposition


dimanche 5 juillet 2009, par Mirian Méloua

Salomé Zourabichvili, l'un des chefs de file de l'opposition extra-parlementaire qui manifeste à Tbilissi depuis le 9 avril 2009 pour la démission du président Mikheil Saakachvili, a accepté de répondre aux questions du Colisée.

Colisee. Pouvez-vous nous restituer le déroulement des manifestations qui se sont déroulées à Tbilissi le 15 juin 2009 ?

Salomé Zourabichvili. Les forces de sécurité en civil ("sonders brigades") sont intervenues avec brutalité comme les films diffusés un peu partout le montrent.

83 personnes ont été arrêtées, battues, une partie relâchée et le reste se trouve à ce jour en prison alors que tout le monde reconnaît que la lecture d'un texte dans le respect de la distance légale des enceintes d'un bâtiment public ne constitue aucune infraction punissable.

C. Des journalistes ont-ils été inquiétés ?

S. Z. Les journalistes présents ont aussi été frappés et leurs caméras détruites ou emportées, ce qui ultérieurement a conduit aux excuses de la vice-ministre de l'Intérieur Eka Zguladze pour "excès" .

C. Des leaders politiques ont-ils été inquiétés ?

S. Z. Lors de cette répression, Zourab Abachidze, numéro deux du parti d'Irakli Alassania (l'un des plus modérés et qui prêche constamment le dialogue), présent sur place avec un autre leader Davit Gamkrélidzé, afin de surveiller justement que les jeunes ne dépassent pas le cadre légal et qui se trouvait sur le côté en observateur, a été violemment battu et a subi une grave traumatisme crânien avec fracture des os de la face : il reste aujourd'hui encore sous surveillance et devra encore être réopéré.

C. Plus généralement les partis d'opposition sont-ils inquiétés par les forces de sécurité ?

S. Z. Le 30 juin, et le 1er juillet, ont été découvert des moyens d'écoute aux sièges de trois partis d'opposition, dont la "Voie de la Géorgie" que je préside. Une enquête est en cours.

C. Les médias géorgiens rapportent-ils ces évènements avec objectivité ?

S. Z. Beaucoup de moyens d'information fonctionnent sous le contrôle des autorités. Je signale à toutes fins utiles comme sources alternatives ITV.Ge ou Maetro.Ge, qui diffusent des films des évènements, ce qui permet de voir par soi-même ce qui se passe. Ce n'est qu'en balançant les sources d'information que l'on peut arriver à une relative vision équilibrée des choses.

C. Quel rôle le Parlement joue-t-il ?

S. Z. Le 2 juillet, le Parlement a introduit une nouvelle loi visant à aggraver les peines infligeables aux manifestants en portant les délais d'arrestation de 30 jours à 3 mois et en augmentant considérablement les amendes (de 400 à 1000 laris).

D'ailleurs les partis politiques se sont vus coupés le financement de leur budget depuis deux mois, position qui n'est même pas dissimulée par les autorités.

Tout cela constitue, sans aucun doute, de sérieuses atteintes aux principes démocratiques.

C. Que souhaiteriez-vous ajouter à destination des opinions publiques étrangères, et en particulier française ?

S. Z. Nous devons nous battre contre l'énorme machine de propagande et de relations publiques mise en place par le régime qui inclut des lobbyistes très chèrement payé aux Etats-Unis (la firme Daniel Kunin pour 8 millions de dollars annuels), à Bruxelles (la firme de Patrick Worms pour Aspect) ou en France (le fils d'André Glucksman est à temps partiel à Tbilissi et conseille Saakachvili pour ses relations avec la France). Les moyens de l'opposition, n'en déplaisent à ceux qui nous accusent de recevoir des fonds de l'étranger, sont très limités et le combat est très inégal dans le domaine de l'information.

La principale accusation du régime Saakachvili contre l'opposition démocratique porte sur ses liens prétendus avec la Russie et son négativisme face aux offres de dialogue.

A cet égard il me fut rappelé que j'ai répondu positivement, en dépit des risques politiques évidents, à l'offre du président d'un poste de vice-ministre de l'Intérieur comme ultime recours devant l'engrenage des répressions. Malheureusement, le président a pris acte, son entourage n'a pas suivi et cela pose plus d'une question sur le régime où les clans prennent le dessus.

Quant à l'orientation pro-occidentale de l'opposition et de la population, la réponse devrait être apportée lors de la manifestation que nous organisons pour accueillir le vice-président américain et ainsi démontrer que la Géorgie démocratique et pro-occidentale est à nos côtés : elle attend des Etats-Unis une aide aux institutions et au changement.

Voir aussi :

-  Géorgie : manifestation nationale de l'opposition extra-parlementaire le 9 avril 2009

-  L'opposition extra-parlementaire géorgienne manifeste dans la rue depuis le 9 avril 2009

-  Géorgie : les partis politiques (de 1991 à 2009)



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