La Russie de moins en moins partenaire stratégique de la Chine ? (octobre 2009)
mardi 27 octobre 2009
Pression démographique croissante aux frontières, émigration chinoise vers les terres russes, financement de l'oléoduc de Sibérie orientale par la Chine, études de financement chinois pour les projets industriels russes, Pékin semble considérer Moscou de moins en moins comme un partenaire stratégique et de plus en plus comme un partenaire secondaire "réduit à vendre ses matières premières et acheter des produits finis".
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Pourtant les relations sino-soviétiques avaient commencé il y a 60 ans dans l'euphorie de la victoire sur le Japon et sur l'Allemagne, et dans celle de l'attribution de deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Elles s'étaient poursuivies durant la guerre froide par des positions communes vis-à-vis des puissances occidentales et avec des échanges commerciaux permettant à Moscou de jouer les chefs d'orchestre.
AUJOURD'HUI ET DEMAIN
Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, la Russie doit faire appel à la China Development Bank pour financer la partie russe de l'oléoduc Skovorodino / Daqing, à hauteur de 25 milliards de dollars, afin de pouvoir exporter 15 millions de tonnes de pétrole brut chaque année. Demain, elle pourrait faire de même pour le financement de projets industriels. télécoms, cimenteries, trains à grande vitesse, voire pour leur maîtrise d'oeuvre technologique, crise financière mondiale aidant (1).
LA MONDIALISATION EN QUESTION
La raison en tient au pari que semble avoir effectué récemment les dirigeants chinois : ils prévoient deux gagnants à la mondialisation, la Chine et les Etats-Unis, certes concurrents mais liés par des intérêts réciproques.
La Russie sortirait du jeu. Pékin a envoyé deux messages en ce sens à Moscou, en accentuant sa présence dans les pays d'Asie centrale (2) et en refusant de reconnaître les indépendances autoproclamées de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Les dirigeants chinois n'ont toutefois pas oublié d'assurer leurs arrières énergétiques en signant un contrat d'approvisionnement en hydrocarbures russes d'un montant de 5 milliards de dollars, contrat dont les dirigeants russes ont grand besoin.
Notes :
(1) Russie : conséquences des crises financière et économique mondiales (2008)
(2) Si le groupe de Shanghaï s'est constitué il y a plus de cinq ans sur des objectifs de sécurité et de lutte contre la drogue, ses membres producteurs d'hydrocarbure tendent à échapper à la tutelle russe -héritée de l'époque soviétique- et à négocier directement avec les Occidentaux (principalement les Etats-Unis) et avec la Chine afin de faire jouer la concurrence.
Voir aussi
Réunion à Bichkek du Groupe de Shanghaï (OCS) : mobilisation générale contre le terrorisme (2004)
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