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Wakhtang Hambachidzé (1872-1951), ancien président de l'Association géorgienne en France


TÉMOIGNAGE DE RÉVAZ ET NATHÉLA NICOLADZE (1)
mercredi 2 décembre 2009

Wakhtang Hambachidzé est né le 28 avril 1872 à Zestaponi, en Géorgie. Il était le fils d'Olga Kazbegui et de David, archiprêtre de Kvirila, qui créa et édita le mensuel littéraire et spirituel "Mtzkemsi" (le Berger) à Koutaïssi de 1882 à 1899 en langue géorgienne, que le jeune Wakhtang aidait à imprimer dès l'âge de dix ans.

Les études

Après des études primaires au collège de Koutaïssi, il entre au lycée de Tbilissi en 1887. Il part ensuite faire ses études de médecine à Moscou de 1890 à 1896, puis se rend à Paris entre 1896 et 1898 pour se perfectionner en maladies infectieuses, paludisme en particulier. Il y épouse Wanda Hoppé, jeune américaine, professeur de français.

La carrière de médecin en Géorgie

Revenu en Géorgie en 1899, il exerce à la campagne et, aidé par son père, fait construire un sanatorium à Tsemi, région de Bakuriani, pour les enfants déficients des villes et les adultes convalescents. C'est son grand projet de santé publique. Inauguré en 1904, il fonctionne 5 mois par an tous les étés jusqu'en 1917, où pillé, il est repris par la Croix-Rouge géorgienne.

Pendant la Ière République (2), il est chargé de cours d'hygiène à l'Université de Tbilissi, tandis que Wanda est lectrice d'anglais.

A trois reprises il accompagne à Constantinople, comme interprète, les émissaires du gouvernement géorgien lors des négociations avec la Turquie concernant les revendications territoriales ottomanes.

L'exil en Turquie

Il reste à l'hôpital pendant et après la guerre russo-géorgienne de février 1921 et quitte définitivement la Géorgie en novembre pour rejoindre sa femme et ses quatre enfants, exilés à Constantinople.

Il y est chargé, comme membre du Comité central de la Croix-Rouge géorgienne, et son représentant pour l'Europe et l'Amérique "de faire connaître aux pays adhérents à la convention de Genève, la situation et les besoins de la société en vêtements, médicaments, etc...". Wanda, elle, vice-présidente de la Croix-Rouge, section de Constantinople, est "chargée de démarches auprès des différentes organisations de bienfaisance pour l'aide aux réfugiés géorgiens de Constantinople". En 1923, Wakhtang Hambachidzé est l'un des 7 membres élus au bureau de l'assemblée constituante de l'Association géorgienne d'Istanbul.

L'exil en France

Il arrive à Paris avec les siens en 1924 : les principaux dirigeants politiques de la Ière République de Géorgie y sont en exil depuis 1922 (3).

Il sera élu par trois fois président de l'Association géorgienne en France, entre 1928 et 1947.

Il préside les commémorations régulières du 26 mai (anniversaire de la naissance de la Ière République de Géorgie, en 1918), du 21 février (hommage aux victimes de l'invasion de la Géorgie par l'armée bolchévique, en 1921), du 23 août (hommage aux victimes de l'insurrection nationale géorgienne contre l'occupation par la Russie soviétique, en 1924). Il propose, soutient et participe activement aux manifestations culturelles géorgiennes importantes.

Il se rend à Berlin en 1932 pour la commémoration des 25 ans de la mort d'Ilia Tchavtchavadzé (4) et à l'Institut catholique de Paris en 1937 pour le centenaire de sa naissance.

Il était le médecin de Kakoutsa Tcholokhachvili (5), et à ce titre aussi, a présidé ses obsèques le 25 juin 1930.

Pendant l'occupation allemande, il déconseille aux émigrés géorgiens l'entrée dans la Légion étrangère allemande (Georgien Legion), censée libérée la Géorgie de l'occupation soviétique.

S'inquiétant des réactions soviétiques vis-à-vis des Géorgiens de l'Armée rouge faits prisonniers, et de ceux qui se sont engagés dans la Wehrmacht, il crée un groupe de cinq personnalités qui, dès la Libération est officialisé par les autorités françaises, le Comité national géorgien en France : il en est le président. Cela lui permet, sans doute, de mieux résister aux sollicitations des envoyés soviétiques géorgiens qui pressent d'inciter les émigrés à retourner dans leur patrie.

En 1945, il organise la séance solennelle d'adieu au Professeur Ekvitmé Takhaichvili (6) qui rapporte en Géorgie le Trésor national précieusement conservé en France .

Outre la présidence de l'Association géorgienne en France qu'il quitte à l'âge de 75 ans, Wakhtang Hambachidzé contribue à créer l'Association contre la tuberculose (il fut membre de son bureau), l'Association des médecins géorgiens (il en fut le président), la Société culturelle géorgienne à l'étranger (il fut membre de son bureau).

L'homme

Pour vivre, cet homme si sollicité, n'appartenant à aucun parti, tenta d'ouvrir une Clinique médicale à Paris entre 1928 et 1932 ; y furent soignés beaucoup de ses compatriotes -presque tous gratuitement- et y naquirent plusieurs bébés, mais ne possédant pas de diplôme français il ne put poursuivre. Il se mit alors, avec son gendre, de 1932 à 1937, en banlieue, à la fabrique de yaourt et de kéfir -"Yaourt du Dr Gamba"- qui aidèrent sa famille à survivre (7).

Passionné par la culture et la langue géorgiennes, ce grand patriote soutint la création
-  d'une association sportive, le "Chévardeni que créèrent son gendre Chota Nicoladzé et sa fille Média, dès mai 1930,
-  d'une école maternelle pour les enfants d'émigrés "Kéra" en 1936 (8),
-  d'une bibliothèque géorgienne à l'Institut catholique de Paris, de courte durée,
-  d'une revue "Merani".

Son domicile, rue d'Assas dans le VIéme arrondissement de Paris, ne désemplissait pas, s'y déroulaient toutes sortes de réunions, de soirées littéraires, de lectures poétiques, de conférences - débats. Dans ce travail incessant, son épouse Wanda, sa fille Média, son gendre Chota prenaient une part active, tapant tous les comptes rendus de réunions, toutes les convocations et prenant tous les contacts.

Au soir de sa vie, en 1948, cet homme énergique écrivait encore à un ami géorgien en Allemagne : "C'est pour cela qu'il est urgent et nécessaire que nous établissions le relevé de tous ces travaux, écrits et publications qui ont été faits depuis la séparation d'avec notre patrie, tant en Europe qu'en Amérique".

Cet homme à la bonté proverbiale et aux enthousiasmes communicatifs, vivant de projets perpétuels pour les autres, était un modèle d'humanisme et d'humanité. Il s'est éteint en 1951 à l'âge de 79 ans en Ecosse, chez sa fille, où il repose.

*

Sources "Archives familiales et Kartuli Emigracia 1921-1939 de Rusudane Daouchvili, Editions Raeo 2007, Tbilissi".

Notes :

(1) Révaz et Nathéla Nicoladzé sont les petits-enfants de Wakhtang Hambachidzé.

(2) La Ière République de Géorgie (1918-1921)

(3) La Ière République de Géorgie en exil en France

(4) Géorgie : Ilia Tchavtchavadzé (1837-1907), écrivain

(5) Géorgie et France : Kakoutsa Tcholokhachvili (1888-1930), héros national

(6) Géorgie, France et URSS : Ekvtimé Takhaïchvili (1863-1953), savant et homme politique

(7) Le yaourt géorgien en France

(8) Au milieu des années trente, Média et Chota Nicoladzé, fille et gendre de Wakhtang Hambachidzé consacrèrent beaucoup d'efforts à l'école maternelle pour enfants émigrés géorgiens "Kéra" : Revaz et Nathéla, leurs propres enfants, en bénéficièrent.

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