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Chalva Skamkotchaïchvili (1904-1949), ancien président de l'Association géorgienne en France


CHARLES SKAMKO
vendredi 4 décembre 2009

Chalva Skamkotchaïchvili naît le 15 août 1904, en Géorgie occidentale.

En août 1924, jeune étudiant, il participe à l'insurrection nationale contre l'occupation par la Russie soviétique.

En 1925, il prend le chemin de l'exil et gagne Constantinople.

Ingénieur, formé à la française

En 1926, réfugié en France, il entreprend des études d'ingénieur en électricté -bénéficiant d'une aide du gouvernement géorgien exilé- et sort diplômé. Il épouse une Alsacienne, Joséphine Gerhardt (1906 - 1979).

Il fonde ensuite une entreprise industrielle à Paris, DELTA (16 rue Pierre Levée, XIe), fabriquant en particulier des postes radiophoniques à lampes (dits T.S.F.), et y fait travailler nombre de ses compatriotes.

Il acquiert des propriétés à Leuville-sur-Orge, berceau de l'émigration géorgienne en France dans les années 1920 (1) et à proximité (2).

Une communauté géorgienne en discontinuité

La IIéme guerre mondiale introduit un certain nombre de discontinuités, après l'alliance provisoire entre l'URSS et l'Allemagne, celle non moins provisoire entre l'URSS et les Alliés, le régime soviétique semble désormais installé pour longtemps non seulement sur son territoire soviétique mais aussi sur celui de l'Europe orientale et une partie de l'Europe centrale. La communauté géorgienne en France voit ses espoirs de retour s'estomper.

En 1945, fort des accords de Yalta, Staline réclame à de Gaulle le retour des prisonniers géorgiens faits à l'Armée rouge par l'armée allemande, qu'ils aient ensuite combattu aux côtés de la Wehrmacht ou aux côtés des maquis français. La chasse aux récalcitrants est facilitée par l'infiltration de la police secrète soviétique : la majorité d'entre eux rentre en URSS pour y être généralement déportée en Sibérie. Quelques-uns émigrent vers les Amériques ou s'engagent dans la Légion étrangère française. Les derniers parviennent à rester en France, parfois aidés par des filières clandestines : la communauté géorgienne y participe, par l'intermédiaire de certains de ses membres.

Un troisième facteur marque cette communauté, le facteur "générationnel". Les chefs de file historiques géorgiens réfugiés en France au début des années 1920
-  ont disparu comme Nicolas Cheïdzé en 1926 et Noé Ramichvili en 1930,
-  ou ont difficilement supporté l'exil et sont retournés en Géorgie comme Ekvtimé Takhaïchvili (de retour en 1945 et décédé en 1953 à l'âge de 90 ans) et Samson Pirtskhalava (de retour en 1948 et décédé en 1952 à l'âge de 80 ans),
-  ou sont au soir de leur vie comme Noé Jordania (décédé en 1953 à l'âge de 85 ans), Evguéni Guéguétchkori (décédé en 1954 à l'âge de 73 ans) et Akaki Tchenkéli (décédé en 1959 à l'âge de 85 ans),
-  ou quitte la France comme Irakli Tsérétéli (parti aux Etats-Unis en 1948 et décédé en 1959 à l'âge de 78 ans).

Une Association géorgienne en France transformée

La communauté géorgienne en France, quelques milliers de personnes, est désormais composée de trois segments,

-  les réfugiés politiques d'après la chute de la Ière République de Géorgie en 1921 (généralement hommes politiques, militaires, fonctionnaires et leurs enfants "francisés" dont certains ont atteint l'âge adulte),

-  les membres de l'insurrection nationale de 1924 ayant réussi à s'exiler (à l'origine jeunes célibataires, ayant acquis un bon niveau de "francisation"),

-  les anciens soldats, sous-officiers et officiers géorgiens de l'Armée rouge, fait prisonniers par l'armée allemande en 1943, ayant survécu et réussi à rester en France (n'ayant connu pratiquement que le régime soviétique et la guerre), dits "nouveaux émigrés".

La communauté recherche les meilleurs profils pour la représenter, "francisés","héritiers de l"émigration historique" et "irréprochables sur le plan des relations tant avec le régime soviétique qu'avec le régime nazi" : il s'agit désormais plus de "témoigner" pour la Géorgie vis-à-vis du monde occidental que d'envisager une insurrection ou un renversement de régime.

Président de l'Association géorgienne en France

Le quadragénaire Charles Skamkotchaïchvili (dit Charles Skamko) est de ceux là. Il a socialement réussi (3). Il est proche de la famille sociale-démocrate, tendance Irakli Tsérétéli (4) : à ce titre, par l'intermédiaire des députés et sénateurs SFIO comme Marius Moutet, il accède aux autorités françaises nationales. Il entretient aussi -de par son implantation personnelle- les meilleures relations avec les autorités locales de Leuville-sur-Orge, tant religieuses (le curé sert parfois d'arbitre lors des litiges entre cultivateurs) que civiles (l'inhumation en nombre de Géorgiens dans le cimetière communal pose question).

En 1947, il est élu à la présidence de l'Association géorgienne en France.

Il engage la recherche d'un terrain en proximité du cimetière de Leuville-sur-Orge et collecte les fonds nécessaires à son achat afin d'en faire don à la commune et d'y constituer un "carré géorgien". Il approfondit les contacts avec les maires successifs, Mme Yvonne Olive et M. Noël Coste (5).

Doté d'une santé fragile à la suite des années de privation dues à des études sans grands moyens financiers, il meurt prématurément à 45 ans d'une hépatite.

Il repose, avec son épouse, dans le "carré géorgien" du cimetière communal de Leuville-sur-Orge.

*

Homme de lettres, il a publié en 1948, conjointement avec Mirian Méloua (1903-1991), "Kartuli Lexiconi" (Le Dictionnaire géorgien) (6).

M.M.

Sources :

-  Archives familiales

-  Archives de l'Office des réfugiés géorgiens en France.

Notes :

(1) La Ière République de Géorgie en exil en France

(2) Les Géorgiens de la Route de Leuville

(3) Souvenirs d'enfance : "M. Charles (que nous appelions Chaliko à la maison) arrivait, avec son épouse, dans sa superbe traction avant noire. Les meilleures poires williams, louisbonne ou pascrassane du verger étaient toujours pour eux. Aussi décidais-je, du haut de mes cinq ans, de cacher un panier de fruits dans mon dos sans penser qu'en m'en allant je tournerai le dos et que le pot aux roses serait découvert ... à la grande joie du président et de son ami Noé Tsintsadzé (1886-1978), ancien secrétaire d'Etat à la Jeunesse".

(4) De février à octobre 1917, Irakli Tsérétéli, ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire de la Russie, soutient l'alliance de la Russie avec la Grande-Bretagne et la France contre l'Allemagne de Guillaume II et s'oppose à une paix séparée russo-allemande. Début 1918, au sein du gouvernement de la Ière République de Géorgie, il garde la même position, minoritaire, et s'oppose à une alliance avec l'Allemagne.

(5) Ses successeurs feront aboutir le projet dans les années cinquante avec Mme Yvonne Olive, bénéficiaire de plusieurs mandats municipaux.

(6) "Kartuli lexiconi", Charles Skamkotchaïchvili et Mirian Méloua, Paris 1948, Imprimerie de Navarre, 11 rue des Cordeliers, 75 012.

Retour à L'Association géorgienne en France

Voir aussi :

-  Géorgie, Russie, France et Etats-Unis : Irakli Tsérétéli (1881-1959), homme d'État

-  Géorgie : les partis politiques avant 19915) ,



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