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Union européenne : les intérêts nationaux aggravent les conséquences de la crise financière mondiale (août 2010)


mardi 10 août 2010, par Nicolas Lévilidane

Les Etats-Unis du républicain George W.Bush n'avait pas souhaité intervenir rapidement sur les marchés des "subprimes" (montages financiers dérivés des prêts immobiliers non solvables) afin de sauvegarder l'argent public et les intérêts américains : la crise financière s'est étendue au système bancaire mondial. Les Etats-unis du démocrate Barack Obama, après moult déclarations lyriques lors des G20, n'ont pas souhaité que l'euro ne se dévalue trop par rapport au dollar afin de protéger les exportations américaines et de sauvegarder les intérêts américains : ils ont oublié la sous-évaluation structurelle du yan, monnaie du partenaire chinois auprès duquel ils vivent à crédit.

Le Royaume-Uni travailliste de Gordon Brown n'a pas hésité à nationaliser les banques britanniques en difficulté, aggravant de fait le déficit national (12% du Produit intérieur brut en 2010) mais n'a pas souhaité contrôler les "hedge funds" (fonds spéculatifs) fortement implantés sur la place financière de Londres. Son adversaire conservateur David Cameron lui a emboité le pas : intérêts britanniques obligent.

L'Allemagne de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, alliée aux sociaux-démocrates, a martelé durant plusieurs années que seule l'orthodoxie budgétaire garantirait la prospérité des Etats à moyen terme : elle garantissait aussi la compétivité de l'économie allemande et renforçait les exportations vers les autres pays européns. L'Allemagne de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, alliée aux libéraux, a d'abord soutenu que l'Union europénne ne volerait pas au secours de la dette grecque conformément aux traités en cours. Elle a finalement tourné casaque, par solidatité européenne, mais peut-être aussi pour sauvegarder les intérêts des institutions financières allemandes qui portent 28 milliards d'euros de dette grecque (1).

La France de Nicolas Sarkozy a régulièremnt affiché une stratégie d'orthodoxie budgétaire : elle a pourtant laisser filer les déficits afin dans un premier temps de satisfaire les promesses du candidat Sarkozy (bouclier fiscal, réduction de la TVA pour les restaurants, ...) et dans un deuxième temps de faire face à la crise financière mondiale (2). Dès la première minute, elle a fait preuve de la plus grande solidarité avec la Grèce, peut-être pour sauvegarder les intérêts des institutions financières française portant 50 milliards d'euros de dette grecque (3). Elle reprend le couplet de l'orthodoxie budgétaire ... en tablant sur une reprise économique optimiste.

L'Italie du conservateur Silvio Berlusconi affiche certes l'un des taux de déficit les plus faibles de la zone euro (5,3% du PIB en 2010), mais aussi des dettes publiques des plus importantes (118% du PIB ). Elle caracole en tête en termes de croissance au sein de cette zone (+0,5% au premier trimestre 2010) grâce aux exportations dopées par la dévaluation de l'euro. Sacrifierait-on les intérêts nationaux italiens à moyen terme au profit du court terme ?

Le réveil est déjà douloureux pour l'Espagne, le Portugal et l'Irlande qui affichent pour 2010 des déficits publics forts (9,8% , 8,5% , 11,7% ) et des dettes publiques fortes (64,9% , 85,9% , 87,3% ). La récession économique (- 0,4% , +0,5% et -0,9%) se prolongerait en 2011, encouragée par les plans de rigueur budgétaire.

La Grèce voyait dans l'admission à l'Union européenne un élément de protection de ses intérêts nationaux, comme d'ailleurs la plupart des nouveaux pays entrants. Elle n'a pas hésité à maquiller ses comptes public avec l'assentissement implicite des compétences internationales. Les conséquences, accentuée par la crise financière mondiale, sont aujourd'hui connues de tous, dette publique abyssale (133,3% en 2010 et 145,1% en 2011 du PIB), déficit public de 8,1% en 2010 et de 7,6% en 2011 du PIB, récession économique programmée à -3% en 2010 et à - 0,5% en 2011, remise en cause de la solvabilité de l'Etat grec, risques de non-remboursement des banques et des fonds internatioanux prêteurs, mise en difficulté de l'euro, plan de soutien tardif de la part des pays européens et du FMI, plan de rigueur budgétaire extrême, espérance de croissance économique perdue pour de nombreuses années, troubles sociaux, sous le regard gêné des autres pays membres de la zone euro.

Une gouvernance budgétaire et économique, après la gouvernance monétaire ?

Les intérêts nationaux, et parfois ceux de leurs dirigeants politiques en posture pré-électorale, ont aggravé les conséquences de la crise financière. Ils ont mis en évidence l'absence de convergences budgétaires (les fameux critères de Maastricht, déficit public inférieur à 3% du PIB, dette publique inférieure à 60% du PIB, toujours invoqués, jamais appliqués) et l'absence de cohérence des politiques économiques des pays au sein de la même zone monétaire. La modération salariale, l'accroissement de la compétitivité, l'encadrement des déficits publics et des dettes publiques ne sont pas des facteurs de redémarrage du moteur de la croissance qu'est la consommation intérieure, alors que l'autre moteur, les exportations, est déjà mal en point.

Gérer les divergences budgétaires et les incohérences économiques entre pays, éviter l'activation cacophonique des moteurs de croissance nationaux, il s'agit bien de gouvernance budgétaire et de gouvernance économique de la zone euro : les pays, les opinions publiques et les dirigeants sont-ils prêts à abandonner une part de leur souveraineté nationale ? A moins qu'une nouvelle crise, et le trouble-fête pourrait s'appeler la Chine, championne des exportations, ne vienne rappeler qu'il n'est jamais bon de rester au milieu du gué lorsque le flux des eaux s'accélère.

Notes :

(1) Plus de la moitié des 28 milliards de dette souscrits par la Grèce l'a été auprès di'nstitutions allemandes contrôlées par l'Etat allemand, dont Hypo Real State Holding nationalisée en 2009 lors de la crise financière mondiale (Source Barclays Capital).

(2) La France prévoit un déficit public de 8% du PIB en 2010 et de 7,6% en 2011. Elle annonce une dette publique de 83,6% de son PIB en 2010 et de 88,6% en 2011.

(3) Les 50 milliards d'euros de dette grecque portés par des institutions françaises, le seraient principalement par le Crédit Agricole, BNP Paribas et la Société générale (Source Barclays Capital).

Source des informations chiffrées, documents de la Commission européenne, mai 2010.



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