Russie : mise en concurrence de la France pour l'achat de navires de guerre (2010)
mercredi 8 septembre 2010, par Nicolas Lévilidane
Le 20 août 2010, le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov confirme que la Russie s'apprête à lancer un appel d'offres pour l'achat de navires de guerre, alors que jusqu'à présent seule la France était consultée.
Le 7 septembre, Nicolas Sarkozy reçoit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et Anatoli Serdioukov.
Les discussions ont porté tour à tour sur la vente par la France d'un bâtiment de projection et de commandement (BPC) de type Mistral, porte-hélicoptères, puis de de deux unités construites en France et de deux unités construites en Russie, enfin d'une seule unité construite en France et de trois unités construites en Russie avec transfert de technologies militaires (moyens de communication et de commandement aux normes de l'OTAN).
L'OTAN, plusieurs pays de l'Union européenne et certains pays limitrophes de la Russie ont émis des protestations, estimant que cette vente conduirait à mettre la mer Noire et la mer Baltique sous tutelle militaire russe.
A usage interne, et peut-être par provocation, un membre de l'Etat-major militaire russe a déclaré en 2009 qu'avec des bâtiments français BPC de type Mistral, l'armée russe aurait envahi la Géorgie en 40 minutes et non en 26 heures comme en août 2008.
Après la visite de Vladimir Poutine à Nicolas Sarkozy, en juin 2010, au cours de laquelle les deux hommes se seraient heurtés à propos de la non-évacuation des troupes russes d'Abkhazie et de Sud Ossétie comme le stipulent les accords Union européenne/Russie d'août 2010, après le changement de négociateur russe au profit d'Igor Setchine, vice-premier ministre et ancien des services secrets, après la mise en concurrence de la France par un appel d'offres auprès de la holding des chantiers navals russes OSK -pourtant peu en état de produire de tels navires-, et auprès de chantiers navals européens et coréens, le ton des négociations russo-françaises s'est durci.
La partie russe table sur un atout essentiel, le plan de charge des chantiers navals STX de Saint Nazaire a besoin de cette commande et des 500 millions d'euros qu'elle représente.
Nicolas Sarkozy s'est d'ailleurs engagé dans ce sens, en juillet 2010, lors de sa visite sur les lieux.
Voir aussi :
Russie et France : ambiguïté entre amitié, culture et politique (2010)
L'Elysée et le Kremlin à la poursuite conjointe du statut hypothétique de grande puissance (2010)
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