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Union européenne : le rôle de l'Etat revu à la baisse dans plusieurs pays. Le cas du Royaume Uni (janvier 2011)


jeudi 20 janvier 2011, par Pierre Appruzzel

Avec une augmentation des impôts de 30 milliards de livres (1) et une baisse des dépenses publiques de 81 milliards, le Royaume Uni souhaite ramener son déficit budgétaire à 1,1% du PIB à horizon 2015 ; seront préservés, la Santé et l'aide au développement international. Précurseur dans les années 1980 d'une vague de privatisations qui déferla ensuite sur tous les pays de l'Union européenne, le Royaume Uni est-il encore une fois à l'avant-garde avec sa politique de moins dÊtat dans tous les secteurs ?

 

Une économie vulnérable


Le Produit Intérieur Brut britannique est aujourd'hui composé à 40% par l'industrie financière (les faillites dues à la crise mondiale ayant entraîné des nationalisations), à 38% par les autres services et à 15% par l'industrie. Il a diminué de 6% en trois années.

La dette publique est passée de 43 à 75% du PIB durant la même période. Son remboursement nécessitera 63 milliards en 2015 contre 43 milliards aujourd'hui.

Le déficit national a atteint 11% du PIB en 2010.

Le chômage est passé de 5 à 8% en dix-huit mois.

Les ménages sont surendettés (142% de leurs revenus en moyenne).

La situation budgétaire du Royaume Uni, sans comparaison avec celle de la Grèce et de l'Islande, voire de l'Espagne, est certainement la moins favorable des grands pays de l'Union européenne, tous entrés de plein pied dans la zone euro. La coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates nouvellement au pouvoir à Londres entend remettre de l'ordre budgétaire, mais aussi diminuer le rôle de l'Etat dans tous les secteurs d'activité.  

Un plan de rigueur drastique


Il prévoit un budget de 697 milliards pour 2011. Les budgets des ministères diminuent en moyenne de 19% (2) à horizon 2015, à l'exception du ministère de la Santé (104 milliards) et de l'aide au développement international (7,8 milliards). La diminution des effectifs de la fonction publique (suppression de 490 000 postes d'ici 2015), le gel des salaires des fonctionnaires à l'exception des moins favorisés (au moins sur 2 années) et la diminution des aides sociales à hauteur de 18 milliards d'ici quatre ans (plafonnement des allocations logement, gel des allocations familiales, suppression des allocations familiales pour les revenus annuels supérieurs à 44 000 livres) constituent des exemples de mesures prises.

La hausse des impôts implique la reconduction des dispositions fiscales décidées par le précédent gouvernement travailliste (passage du taux supérieur de l'impôt sur le revenu de 40 à 50%, en particulier) et des nouvelles dispositions comme l'augmentation de l'impôt sur toutes les tranches de revenu (à l'exception des 800 000 ménages les moins favorisés), le passage du taux de TVA de 17,5 à 20% au 1er janvier 2011, celui de la taxation sur les plus-values de 18 à 28% et la création d'une taxe bancaire.

Certains avantages fiscaux sont "rabotés", comme le plafond annuel de la défiscalisation de l'épargne retraite (en diminution de 255 000 à 50 000 livres). Certaines contributions de l'Etat disparaissent, comme les crédits aux universités anglaises (3) (entraînant une augmentation des frais d'inscription annuels de 3 290 à 7 000 livres). Certaines retenues sociales augmentent, comme les cotisations de retraite pour les fonctionnaires. A plus long terme, l'âge de la retraite serait porté à 66 ans.  

Un appel à la croissance


Afin d'aider à la reprise économique et d'apporter une "touche libérale" au plan de rigueur, l'impôt sur les sociétés diminue : il passe de 28 à 24%.

Autre "touche libérale", un budget de 2 milliards est prévu pour encourager les chômeurs lors de l'accession à un nouvel emploi.

Plus globalement les priorités affichées par le gouvernement sont l'investissement, l'innovation et la production. Les projets d'infrastructure sont sauvegardés comme la 2e ligne de train à grande vitesse (Londres - Birmingham) et une nouvelle ligne de métro londonien destinée à désaturer le trafic.  

Une partition "typically British"


Le Royaume Uni engage un plan de rigueur qui répond aux critères de Maastricht (dette inférieure à 60% du PIB, déficit annuel inférieur à 3% du PIB) pourtant réservés aux pays de la zone euro.

En premier examen, ce plan issu d'une coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates, est paradoxal : il épargne les moins favorisés et alourdit les charges des plus favorisés, il préserve le service public de la Santé.

A y regarder de plus près, il s'inscrit dans la ligne des plans de rigueur pratiqués par les conservateurs dans les années 1980. Les réductions de dépenses publiques et les augmentations d'impôt portent sur 4 ans. Les privatisations redeviennent d'actualité ; 28 entreprises publiques sont éligibles ; la Poste est la première concernée afin de résorber le déficit proche de 9 milliards de la Caisse de retraite des Postiers (acheminement et distribution des courriers et des colis). La "planche à billet" est prête à entrer en action à tout moment afin de mettre la livre sterling en bonne position par rapport aux monnaies fortes.

L'avenir dira si l'économie britannique retrouvera de la compétitivite dans le concert de la mondialisation. En tout cas, le Royaume Uni n'est pas plus prêt à entrer dans la zone euro avec David Camerone qu'il ne l'a été avec Margaret Tatcher durant les années 1980 ou avec Tony Blair durant les années 2000 : il joue une partition "typically British".

Notes :

(1) La livre sterling valait pratiquement 2 euros en 2002. Elle vaut aujourd'hui 1,15 euro. Cette dévaluation de plus de 40% rend l'économie britannique plus compétitive sur les marchés internationaux.

(2) A horizon 2015, les budgets ministériels les plus amputés sont l'environnement, l'alimentation et l'agriculture (-27%), les collectivités locales (-27%), le commerce (-25%), les affaires étrangères (-24%), la culture, les médias et les sports (-24%), l'intérieur (-23%), la justice (.23%), les transports (-21%).

La BBC voit son budget annuel baisser de 16% (340 millions) par une série de mesures comme la prise en charge de ses services extérieurs (subventionnés jusqu'à présent par le Foreign Office). Le niveau de la redevance est gelé jusqu'en 2017. Les suppressions de postes de travail continue (8 000 en 5 ans, dont plusieurs centaines de managers récemment).

La Maison royale voit son budget baisser de 14%.

La Défense voit son budget baisser de 8% d'ici 2015 (25 000 effectifs en moins dans l'administration, 7 000 soldats en moins dans l'armée de terre, 5 000 dans l'aviation et 5 000 dans la marine). Par contre les deux porte-avions prévus seront livrés en 2018 et 2 sous-marins nucléaires s'ajouteront aux 5 déjà prévus, Des synergies budgétaires sont recherchées avec d'autres pays, comme la France. La lutte contre la cybercriminalité voit son budget à 4 ans passer de 150 à 650 millions.

(3) Pour l'Ecosse, l'Irlande du Nord et le Pays de Galles, les universités sont réglementées par les gouvernements locaux.



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