La cathédrale russe Saint Alexandre Nevski de Paris
jeudi 27 janvier 2011
La construction de l'église
En 1847, à l'initiative du père Joseph Vassiliev, après que Napoléon III eut donné son accord de principe et après que Alexandre II eu fait don de 150 000 francs or (1), la construction d'une église russe à Paris est engagée avec le concours de deux architectes russes, Kouzmine pour les plans et Strohm pour la réalisation.
Elle aboutit 12 rue Daru, dans le VIIIéme arrondissement et est consacrée le 11 septembre 1861. Le plan en croix grecque et la mosaïque du fronton sont d'inspiration byzantine. Les cinq bulbes dorés qui s'élèvent surmontés de croix orthodoxes à huit branches sont de style moscovite : ils symbolisent le Christ accompagné de quatre évangélistes. La fléche centrale a 48 mètres de hauteur.
Saint Alexandre de Nevski
L'eglise est dédiée à Saint Alexandre Nevski, grand duc de Novgorod (1219-1263), un héros national russe, canonisé après avoir sauvé la Russie une première fois en 1240 des Suédois, une deuxième fois en 1242 des Suédois, des Lituaniens et d'autres envahisseurs.
L'église devient cathédrale
En 1922, l'archevêque Euloge en fait le siège du diocèse des paroisses d'émigrés russes à Paris et elle devient une cathédrale.
En 1923, l'Association cultuelle orthodoxe russe est constituée conformément aux lois françaises de 1901 et 1905 : l'un de ses objectifs est "de gérer les biens et immeubles de l'église Saint Alexandre Nevski".
Le 20 mai 1924, la transmission lui est effectuée, en présence de représentants de la justice française.
Aujourd'hui, selon le droit canonique, la cathédrale est placée sous la juridiction du Patriarcat oecuménique de Constantinople par l'intermédiaire de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF), et échappe ainsi à l'Eglise orthodoxe de Russie.
Les paroisses
La cathédrale abrite deux paroisses, à l'église haute Saint Alexandre de Nevski où le rite est célébré en slavon (2), à l'église basse (crypte) Sainte Trinité où le rite est célébré en français (3).
Quelques évènements
Les obsèques de nombreuses personnalités d'origine russe y sont célébrées, dont Ivan Tourguéniev (1818-1883), Féodor Chaliapine (1873-1938), Vassili Kandinski (1866-1944), Georges Gurdjieff (1877-1949), Ivan Bounine (1970-1953), Henri Troyat (1911-2007).
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La cathédrale Saint Alexandre de Nevski demeure le plus important lieu de culte chrétien orthodoxe de Paris. Tout au long de son histoire, elle a fait l'objet de plusieurs litiges entre l'Eglise orthodoxe de Russie et le Patriarcat oecuménique de Constantinople d'une part, les autorités russes au pouvoir à Moscou et l'émigration russe en France d'autre part (4) : des projets de construction d'une autre cathédrale orthodoxe russe à Paris surgissent périodiquement (5).
Voir aussi :
L'Eglise orthodoxe de Russie
Les relations entre le patriarcat orthodoxe de Moscou et les églises hors Russie.
Notes :
(1) Le terrain surlequel fut bâtie l'église fut acheté en deux parcelles, en octobre 1857 et en novembre 1858, pour la somme totale de 272 168 francs, acquis à la signature de l'ambassadeur de Russie. La construction de l'église a coûté 679 000 francs, réglés par le père Joseph Vassiliev. Les fonds nécessaires provenaient de tsar Alexandre II, du Saint-Synode de Moscou et pour 58% de sources privées.
(2) Site Internet de la paroisse Saint Alexandre Nevski :
http://www.russie.net/orthodoxie/ne...
(3) Site internet de la paroisse Sainte Trinité :
http://www.crypte.net/
(4) Après la reconnaissance de l'URSS par la République française (24 0ctobre 1924), la question de la propriété de la cathédrale est portée devant les tribunaux français par l'Ambassade soviétique en France, et parallélement par l'Association cultuelle orthodoxe russe à Paris. Le 5 avril 1928, la 1ère Chambre du Tribunal de la Seine rend un avis favorable à l'Association cultuelle orthodoxe à Paris, à qui sont reconnues "la possession et la jouissance des biens". Le 3 janvier 1947, l'Ambassade soviétique en France tente une deuxième fois d'entrer en possession de la cathédrale par voie d'huissier : l'Association cultuelle orthodoxe russe à Paris répond négativement le 14 janvier 1947, également par voie d'huissier. En 1955, le gouvernement soviétique propose au gouvernement français une restitution croisée de biens français ä Moscou avec la cathédrale, sans succès. Au début des années 2000, des représentants du gouvernement de la Fédération de Russie déclarent publiquement que la cathédrale devrait revenir à la Fédération de Russie, sans qu'aucune procédure judiciaire ne soit engagée.
(5) Le dernier projet d'église russe à Paris est celui du Quai Branly : l'Eglise orthodoxe de Russie (Patriarcat de Moscou) espère terminer en 2014, avec le soutien de la Fédération de Russie, la construction "d'une nouvelle église orthodoxe russe moderne en plein coeur de Paris".
Sources multiples, dont texte de Nicolas Ross.
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