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La République démocratique d'Arménie (1918-1920)


mercredi 20 avril 2011, par Mirian Méloua

La République démocratique d'Arménie est proclamée le 28 mai 1918 (1) par le Conseil national arménien , à Tiflis (2), en Géorgie (3).

Il convient de rappeler que la république arménienne s'étend sur la partie du territoire arménien anciennement située dans l'Empire russe ("Arménie orientale" peuplée d'environ 3 millions d'habitants) ; la partie située en Asie mineure ("Arménie occidentale") a été conquise par les armées ottomanes et a fait l'objet d'un génocide en 1915.

Le Conseil national arménien, composé de toutes les tendances politiques arméniennes à l'exception des Bolcheviks, est dominé par le Parti "Dashnak" (4).

 

L'hostilité de la Turquie


La pression des armées turques est forte : elles entendent faire respecter les clauses du traité de Brest-Litovsk signé par la Russie et l'Allemagne le 3 mars 1918, qui entérine le retour à la Turquie des territoires perdus par le traité de Berlin le 13 juillet 1878.

Pourtant, les forces arméniennes, emmenée par Aram Manoukian, arrêtent les armées turques à Karakilisa et à Sardarapat : le traité de Batoumi est signé le 4 juin 1918, mettant provisoirement fin à la guerre arméno-turque.

 

Un gouvernement dashnak en proie à des difficultés graves


Le Conseil des ministres arménien (homogène dashnak à l'exception du ministère de la guerre) est présidé par Hovhannes Katchaznouni.

Il doit faire face à de graves difficultés

-  les centaines de milliers de réfugiés arméniens en provenance de l'Arménie ottomane, mais aussi d'Azerbaïdjan et de Géorgie,

-  une épidémie de typhus qui décime 20% de la population,

-  une courte guerre avec la Géorgie pour la question frontalière du Lorri,

-  un conflit avec l'Azerbaïdjan pour le Nakhitchevan attribué à Erevan (et finalement abandonné à Bakou), pour le Zanguezour et le Haut Karabagh attribués à Bakou, une médiation britannique étant nécessaire,

-  un conflit avec la Turquie pour le district de Kars, attribué provisoirement à Erevan,

-  la concurrence avec les Arméniens de la diaspora à la Conférence de la Paix de Paris, en 1919 (5).

En janvier 1920, les Alliés reconnaissent de facto la République démocratique d'Arménie.

La Turquie kémaliste et la Russie soviétique contre la République démocratique d'Arménie

Le 1er mai 1920, les Bolcheviks arméniens -pourtant peu nombreux- tentent un coup d'Etat à Erevan, mais les Dashnaks reprennent la main (6).

Le 20 mai, ces derniers envoient une délégation à Moscou afin de négocier un traité d'amitié avec la Russie soviétique.

Le 10 août, par le traité de Sèvres, la Turquie reconnaît l'existence de la République démocratique d'Arménie : les litiges territoriaux ne sont pas règlés (Erzouroum, Trébizonde, Van, Bitlis,..), la Cilicie n'est pas mentionnée.

Le 23 septembre, la Turquie attaque l'Arménie : Kars tombe. Le traité de Sèvres est annulé, le traité d'Alexandropol -favorable aux Turcs- est signé.

Le 2 décembre 1920, les Bolcheviks arméniens prennent le pouvoir à Erevan soutenus par les armées de la Russie soviétique venues d'Azerbaïdjan.

Les districts de Kars et d'Ardahan vont à la Turquie, le Nakhitchevan et le Haut Karabagh vont à l'Azerbaïdjan.

La République démocratique d'Arménie a vécu.

 

Notes


(1) le 28 mai 1918 est à la fois un acte de restauration de l'indépendance de l'Arménie (donc de non-reconnaissance de l'appartenance à la Russie soviétique) et un acte républicain, en rupture avec l'histoire de la royauté arménienne.

(2) Erevan, petite bourgade provinciale de 30 000 habitants sera ensuite prise comme 9ème capitale de l'Arménie.

(3) L'Assemblée de la Transcaucasie siége à Tiflis jusqu'au 26 mai 1918. Voir La Transcaucasie (1917 - 1918) .

(4) Le Parti "Dashnak", ou "Fédération révolutionnaire arménienne", est un parti socialiste défendant la cause arménienne. Il a été fondé en 1890 par Christafor Mikaelian, marxiste, par Stepan Zorian, populiste, et par Simon Zavarian, anarchiste adepte de Bakounine. Il a d'abord pour objectif l'autonomie de l'Arménie ottomane et pratique des actions armées. Il étend ensuite son activité au territoire arménien de l'Empire russe.

(5) Finalement, la délégation de la République démocratique d'Arménie à la Conférence de la Paix de Paris, conduite par Boghos Nubar Pacha, intègre les positions de la diaspora arménienne : elle publie un "Mémorandum de l'Arménie intégrale" demandant la création d'un Etat arménien, composé de la partie caucasienne (ex-Empire russe) et de la partie en Asie mineure (ex-Empire ottoman, Cilicie en particulier) qui restera lettre morte auprès des Alliés.

(6) Les armées de la Russie soviétique sont entrées en Azerbaïdjan au mois d'avril 1920 afin d'aider les Bolcheviks azerbaïdjanais qui ont tenté de prendre le pouvoir : le même scénario se reproduira en Arménie, quelques mois plus tard.

Voir aussi Bibliographie : "1918-1920. La République d'Arménie" par Anahide Ter Minassian



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