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Hongrie : le Parlement européen ouvre la voie à des sanctions contre le gouvernement Orban


lundi 20 février 2012

Source : DNA, Strasbourg, 17 février 2012

Après la venue mouvementée de Viktor Orban en janvier, le Parlement européen a trouvé une majorité pour adopter, hier midi, une résolution présentée par la gauche et les libéraux faisant état de « graves inquiétudes » pour la démocratie en Hongrie.

La langue hongroise est pleine de mystères. D'origine « finno-ougrienne », sans lien avec les racines indo-européennes des langages parlés sur notre continent, elle cultive à part, avec le finnois et l'estonien, ses propres particularismes. Pour l'oreille, un délice. Pour les yeux, un inextricable nid à « félreértések ». Des malentendus.

Et des « félreértések », la nouvelle Constitution hongroise, entrée en vigueur le 1er janvier, en a déjà généré quelques-uns. Son artisan, le Premier ministre Viktor Orban, bruyamment reçu au Parlement européen trois fois depuis un an, est d'ailleurs le premier à le dire : sa volonté de faire table rase d'une constitution stalinienne a été, répète-t-il « félreértették » : mal comprise.

Nous montrons que nous ne voulons pas d'une contamination du populisme

« La Hongrie : incomprise ? », titrait le chroniqueur du New York Times Paul Krugman, prix Nobel d'économie (rien que ça) le 21 janvier dernier. Et sa réponse, clairement, était non. Ne serait-ce, justement, que par abus de langage.

Le gouvernement Orban, écrivait Krugman, a volontairement « induit en erreur » la Commission européenne qui voulait vérifier sa nouvelle constitution. La traduction anglaise fournie par Budapest était incomplète (manquait le préambule, aux accents jugés nationalistes) mais aussi inexacte, rendant ces lois organiques « bien plus conformes au droit européen que ne l'étaient les lois effectivement adoptées en Hongrie ». Une façon de gagner du temps (la procédure choisie pour leur entrée en vigueur était très opportunément une procédure d'urgence), mais aussi, in fine, de faire naître le soupçon.

Des soupçons, l'aile gauche et libérale du Parlement européen n'a pas manqué d'en exprimer depuis un an. Des accusations, même : dérive autoritaire, poussée nationaliste, atteintes à la liberté de la presse, relents d'antitziganisme et d'antisémitisme, collusion avec l'extrême droite… Avec Daniel Cohn-Bendit comme meilleur procureur. Mais avec la droite de l'hémicycle (groupe PPE), qui compte les élus du Fidesz de Viktor Orban dans ses rangs, comme avocat de la défense.

Le PPE, plus grande force politique du Parlement (271 députés sur 750), a fait cavalier seul. Faute de coalition, sa résolution rejetant les « attaques infondées » contre Budapest n'a pas trouvé de majorité.

Les sociaux-démocrates, libéraux, écologistes et l'extrême gauche, eux, avaient fait front commun. Leur résolution, devenue de fait la position du Parlement, fait état de « graves inquiétudes » quant à la situation politique en Hongrie et demande d'examiner la possibilité d'ouvrir un processus de sanction qui pourrait mener jusqu'à la suspension du droit de vote de Budapest au Conseil européen. La coercition.

Adoptée par 315 voix contre 263 et 49 abstentions, la résolution a même bénéficié de voix à droite. « Le respect des lois fondamentales qui nous unissent est plus important que la discipline de parti », expliquait à la sortie de l'hémicycle le PPE français Jean-Marie Cavada, inquiet de voir Viktor Orban se comporter en « conducator qui veut construire son pouvoir hors des normes européennes ».

« Il y a un contexte général qui est inquiétant » et qui va au-delà des procédures d'infraction, très techniques, lancées par la Bruxelles, expliquait à son tour la socialiste française Sylvie Guillaume. « C'est un très bon signe qui est lancé au gouvernement hongrois, mais aussi aux citoyens hongrois : nous leur montrons que l'Union européenne ne les oublie pas. C'est un premier pas qui donne aussi un signal aux autres États : nous ne voulons pas d'une contamination du populisme et de l'autoritarisme ailleurs », poursuivait l'élue.

La langue hongroise est pleine de mystères, mais son dictionnaire contient un mot compréhensible dans toute l'Europe, sans malentendu : « demokrácia ».

Pour en savoir plus :

http://www.dna.fr/politique/2012/02....



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