Les étranges élections présidentielles russes (mars 2012)
vendredi 2 mars 2012
RTBF, 2 mars 2012, Bruxelles.
A la veille des élections présidentielles russes, Nina Bachkhatov, spécialiste de l'ancienne URSS, explique combien la campagne a dévoilé à la fois le changement de l'opinion et l'incapacité du principal candidat à comprendre rapidement ce changement.
La Russie semble souvent relever du domaine de l'étrange. Mais même mesurée à cette aune, la campagne pour les cinquièmes élections présidentielles russes (Boris Eltsine fut élu en juin 1991, avant l'éclatement de l'URSS) est bizarre.
Tous unis contre Poutine
Parmi les cinq candidats enregistrés par la Commission Electorale Centrale, l'un - Vladimir Poutine - est un ancien président, devenu premier ministre et futur président.
Trois autres sont des candidats professionnels - le dirigeant communiste, Guennadi Ziouganov, est le Poulidor de la politique russe - toujours présent, jamais gagnant ; Vladimir Jirinovsky, une bête de scène qui continue à se donner beaucoup de mal pour cacher son érudition ; le gris et grisonnant Sergueï Mironov qui se découvre une vocation d'opposant face à Vladimir Poutine, l'homme à qui il doit toute sa carrière.
Enfin, il y a le candidat surprise, l'oligarque, Mikhaïl Prokhorov, la troisième fortune de Russie qui doit faire oublier l'origine de sa fortune.
Ces quatre hommes ont un seul point en commun - leur volonté de démolir Vladimir Poutine.
Politiquement, ils ont compris bien avant son camp le rejet profond d'une partie de la société russe contre ce qu'il représente à leurs yeux : la corruption, l'inertie, l'inefficacité. Ils ont compris aussi que la majorité des manifestants ne demandent pas tant la démocratie et la liberté que le respect et le droit de ne pas être traités comme des idiots. Ils réagissent ainsi à la manière dont le tandem Medvedev/Poutine a annoncé fin septembre qui serait candidat présidentiel et qui serait premier ministre ; et à l'effronterie de ceux qui ont osé publier les résultats électoraux des parlementaires de décembre.
Tactiquement, ils ont tous participé aux manifestations de décembre et leur présence a donné au mouvement un poids qu'il n'aurait pu avoir en restant aux seules mains de l'opposition non parlementaire. Ensuite, ils ont fait un calcul électoral et préféré soit organiser leur propre manifestation (Ziouganov et Jirinovsky) soit y participer sans prendre la parole.
Pour en savoir plus :
http://www.rtbf.be/info/opinions/de....
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