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France et URSS : Ethéry Roukhadzé, épouse Djakéli, pianiste et professeur, d'origine géorgienne


ETHERY ROUCHADZÉ
mardi 11 décembre 2012, par Mirian Méloua

Ethéry Roukhadzé naît à Paris, en 1925, de parents géorgiens ayant fuit l'invasion de leur pays par les armées de la Russie soviétique.

 

La naissance et l'éducation en France


A Montpellier où elle vit, la petite Ethéry est très tôt orientée vers le piano et remporte un Premier prix au Conservatoire de la ville, à l'unanimité.

Elle poursuit ses études à Paris, dans la classe de piano de Lazare Lévy, et sort lauréate du Conservatoire national supérieur de musique (1948).

Sa carrière de concertiste et de professeur de piano, commence sous le nom de Roukhadzé, parfois Rouchadzé.

 

Une période belge


En 1951, elle se rend en Belgique pour préparer le Concours international Reine Elisabeth avec le professeur Eduardo del Pueyo, qui lui enseigne la méthode Marie Jaëll. Sous sa direction, elle obtient le premier prix de piano du Conservatoire royal de Bruxelles, qui la choisit alors pour participer à des concerts d'échange dans différentes villes d'Europe.

Sa période belge est très active, elle accompagne la chanteuse débutante Barbara (1).

Selon Suzanne Ferry (Le Cabaret aux Chansons, Bruxelles, mai 2003).

-  "Très vive, rieuse et drôle, Ethéry Rouchadzé a une foule éd'admirateurs. Parmi eux, il y a le poète Paul Nougé. Soixante-sept poèmes dont elle fut l'inspiratrice ont été publiés ... Barbara la rencontre. C'est avec elle qu'elle étudie le piano. Ethéry joue merveilleusement bien confie la chanteuse ... Soixante-sept poèmes pour une seule femme ! De quoi être jalouse, Mesdames, non ? Mais ces poèmes, nous pourrons les lire, nous ! L'histoire ne nous dit pas si Ethery en a eu connaissance, elle que plus personne ne revit après 1960. Évanescente dans les brumes de 1960, ceux qui l'ont connue ne peuvent aujourd'hui qu'évoquer son souvenir".

Selon la chanteuse Barbara, ("Il était un piano noir, mémoires interrompues", 1998) :

-  "Ethéry Rouchadzé me téléphona. Elle me donna rendez-vous le jour même dans la chambre où elle vivait. C'était une pièce avec un tout petit lit, mais un très grand piano ! … Très drôle, très vive, elle ponctuait son récit de grands éclats de rire. … Et puis elle s'est mise au piano : depuis ce jour, je n'ai plus jamais entendu la Quatrième Ballade de Chopin jouée comme ça. .. Pianiste, ah quelle pianiste ! … Ethéry était petite mince, mais il émanait d'elle une singulière puissance. Ses mains étaient carrées, massives mais légères. Quand elle jouait, la musique semblait descendre du haut de ses épaules jusqu'à l'extrémité de ses doigts. Les notes sourdaient de tout son corps".

Selon Robert Wangermée, musicologue belge (France Culture, émission "Une vie, une oeuvre" du 2 octobre 2005) :

-  "C'est d'abord la pianiste Ethéry Rouchadzé qui arrive à Bruxelles. Elle vient à Bruxelles, elle est d'origine géorgienne, et c'est à ce moment-là que Nougé et Sluys, qui était un ami de trente ans plus jeune que Nougé, ensemble vont s'amouracher d'Ethéry".

Mais la rencontre de sa vie est celle d'Othar Djakéli, fils d'exilés géorgiens des années 1920, arrivé à Bruxelles à l'âge de 8 ans et devenu architecte (2).

 

Le Congo belge


Elle décide, avec son mari, de s'installer au Congo belge, à Coquilhatville où elle enseigne le piano ; Othar crée un cabinet et une entreprise de construction.

Ses deux premiers enfants y naissent, Guivi (1955) et Thamara (1956) : ils garderont la nostalgie de leur enfance africaine.

En 1960, l'agitation indépendantiste du pays et l'accès au pouvoir de Patrice Lumumba obligent la famille à quitter le pays.

 

Le retour en France


Rapatriée avec les ressortissants belges, arrivée à Paris en urgence, la famille Djakéli est accueillie par deux familles françaises qui les hébergent.

Ethéry retrouve des élèves pour ses leçons de piano.

Son mari, Othar, est embauché dans un cabinet d'architectes des Bâtiments de France.

En 1963, Alexis naît.

En 1967, la famille Djakéli obtient les visas soviétiques nécessaires à l'émigration vers la Géorgie. Elle souhaite que les enfants ne perdent pas leur identité géorgienne ; Othar estime son expérience professionnelle utile aux jeunes générations de son pays d'origine ; Ethery estime pouvoir y exercer son art.

 

Le piano en Géorgie


Elle est engagée comme professeur au Conservatoire national supérieur de Tbilissi, comme les autorités soviétiques l'avaient promis.

Elle développe l'enseignement de la méthode Marie Jaël.

Elle forme plusieurs générations

-  de pianistes comme Irakli Avaliani, Georges Bériachvili ou Meguy Sparsiachvili qui deviendra sa bru (3),

-  de professeurs comme Catherine Guichard (Association Marie Jaëll) ou Laure Pasteau (Ecole de musique mosellane).

Elle donne des concerts, en Géorgie, dans les Pays baltes et en France.

Depuis 1994, elle se consacre en priorité à la pédagogie et participe à des stages, séminaires et masterclass en Europe (Bâle, Paris, Zurich), suivis par des professionnels (comme Joaquim Bonal) et parfois par des amateurs (comme Paul-Hubert des Mesnards).

Elle réside aujourd'hui à Tbilissi, entourée de deux de ses enfants, quatre de ses petits-enfants et deux de ses arrières-petits enfants.

 

Bibliographie


La Bibliothéque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg propose trois ouvrages d'Ethery Djakeli :

-  Listz (sonate b-Moll) et Brahms Joh (zwei intermezzi) (1995),

-  Debussy (préludes, livre 1 et 2) (2000),

-  Cours d'Ethéry Djakeli (méthode Marie Jaell).

 

Notes


(1) Durant les années 1960-1990, Monique Serf (1930-1997), Barbara de son nom de scène, fut l'une des auteures / interprètes de chansons les plus populaires de France.

(2) Othar Djakéli n'aura ni la nationalité belge, ni la nationalité française : engagé volontaire à l'âge de 20 ans dans la Légion étrangère française et combattant au printemps 1940 les armées de l'Allemagne nazie dans les batailles les plus dures, il reste apatride afin de ne pas porter la citoyenneté soviétique. Architecte de formation, fondateur de cabinet d'architecture et d'entreprise de construction au Congo belge, architecte aux Bâtiments de France, il lui est proposé une chaire à l'Académie de Géorgie et un atelier à l'Institut polytechnique de Tbilissi à un peu plus de 45 ans : la nostalgie de sa patrie d'origine, le désir de faire partager son expérience professionnelle et le souhait de voir ses enfants garder leur identité géorgienne le feront revenir en Géorgie. Il meurt en 2000, après avoir vu la Géorgie se libérer du joug soviétique.

(3) En 2000, son fils Alexis Djakéli (metteur en scène et peintre), sa bru Meguy Sparsiachvili et leurs deux enfants s'établiront en France.

 

Voir aussi


-  Géorgie et France : le pianiste Irakly Avaliani

-  Géorgie et France : le pianiste Georges Bériachvili

-  France, Géorgie et France : Alexis Djakeli, metteur en scène et peintre

-  Géorgie et France, la pianiste Meguy Sparsiachvili, épouse Djakeli

-  Site Marie Jaëll :

http://www.marie-jaell.info/acteurs....

Sources diverses dont France Culture, Le Cabaret des Chansons, Mémoires de Barbara, Website Marie Jaëll.

Remerciements à Nathéla Villecourt et à Révaz Nicoladzé.



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