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Quelques clés pour comprendre l'importance stratégique de l'Asie centrale (2003)


mardi 29 avril 2003

 

Quelques clés pour comprendre l'importance stratégique de l'Asie centrale


L'Ouzbékistan est le pays le plus peuplé et le plus riche, en terme de PIB, d'un ensemble de 5 pays ayant appartenu à l'URSS et faisant maintenant partie de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Cet ensemble, traditionnellement appelé Asie centrale, représente plus de 55 millions d'habitants et comprend les Etats suivants :
-  Kazakhstan (16.832.000 hab.),
-  Ouzbékistan (23.656),
-  Tadjikistan (6.045.000),
-  Kirghizstan (4.480.000)
-  Turkménistan (4.235.000).

Son importance stratégique tient à plusieurs facteurs :
-  Ses richesses économiques

Ces pays sont producteurs de pétrole ou de gaz naturel, dont l'occident et la Russie se disputent le contrôle de la distribution, mais qui intéressent aussi certains pays du Sud-Est asiatique (notamment le Pakistan). Or l'accès à l'Est a été longtemps fermé en raison du contrôle de l'Afghanistan par les Talibans. L'Asie centrale, rappelons-le, n'a pas d'accès direct à l'océan et les produits énergétiques doivent traverser (par voie ferrée, oléoduc ou gazoduc), des régions dont la sécurité n'est pas facile à assurer. En cela, les problèmes qu'elle rencontre sont assez voisins de ceux auxquels les pays du Caucase sont affrontés.

Les pays de l'Asie centrale sont également de gros producteurs de coton, au prix d'ailleurs d'une exploitation extensive des terres, qui aboutit à des catastrophes écologiques comme l'assèchement de la mer d'Aral et les progrès de la désertification.

Ces Etats, enfin, disposent d'importantes ressources minières, qui concernent notamment des métaux précieux ou stratégiques.

-  Les risques politiques d'explosion

Si l'on excepte le Tadjikistan, qui a connu pendant cinq ans une véritable guerre civile (1993-1997), les pays d'Asie centrale apparaissent à première vue comme des îlots de tranquillité politique : ils encombrent rarement l'actualité médiatique internationale. Mais cette "paix" apparente est obtenue au moyen de régimes politiques "forts", voire autoritaires, qui répriment toute velléité de dissidence. Tous les chefs d'Etat d'Asie centrale sont des anciens dirigeants de l'URSS devenus leaders des nouveaux états indépendants dans les années 1991-1992 et constamment réélus depuis, avec des scores élevés qui confinent au plébiscite. Le président turkmène s'est même fait nommer "président à vie" en janvier de cette année.

Cette "fermeté" est tolérée par la communauté internationale, pour éviter trois risques majeurs :
-  l'émiettement ethnique ou clanique : ces sociétés ont longtemps vécu selon des systèmes tribaux qui sont autant de facteurs d'instabilité potentielle
-  la "menace fondamentaliste musulmane". La pression des Talibans afghans, avec le renfort d'islamistes kirghizes ou tadjiks, est constante et l'Ouzbékistan, seul pays à disposer d'un réel potentiel militaire, est considéré par les stratèges comme le "gendarme" de cette région. Mais cette "chasse aux barbus", selon l'expression d'un journaliste, n'est pas sans poser de sérieux problèmes en matière de liberté religieuse. Comme l'écrit Marie Jégo (1)"depuis le choc d'une vague d'attentats à la bombe dans la capitale (ouzbèque) en février 1999, attribués de fait aux "barbus", le régime à poigne de M. Karimov se livre à une répression sans précédent."
-  le développement du trafic de drogue, à partir de l'Afghanistan, qui est à l'origine, rappelons-le, des 3/4 de la production mondiale d'opium. A cet égard, on ne peut que se réjouir de la récente décision prise par les Talibans d'interdire la culture du pavot, en échange d'une aide internationale aux cultivateurs concernés.

Ces pays font l'objet de pressions de la part des grandes puissances, en particulier de la part des Etats-Unis et de la Russie. Cette dernière, notamment depuis l'avénement de Vladimir Poutine, s'efforce de reconquérir le terrain perdu depuis l'éclatement de l'URSS. On assiste à un retour en force de l'ancienne puissance tutélaire (cf. l'article de Marie Jégo 1 ) : Moscou a accru ses commandes en matière énergétique, mais a également retrouvé sa prépondérance sur le terrain sécuritaire, notamment en renforçant son implantation militaire à la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan, à l'occasion du Forum régional de Douchanbé, les 5 et 6 juillet 2000, réunissant le "groupe de Shanghai" (Russie, Chine, Tadjikistan, Kirghizstan et Kazakhstan).

(1) Le Monde du 28 juillet 2000 : "Le retour de la Russie en Asie centrale"

Hervé Collet.



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