Albanie : Ramiz Tafë Alia, président de la République en 1991 et 1992
mardi 27 décembre 2005, par François Frison-Roche
Le président R. Alia est né le 18 octobre 1925 dans la ville de Shkodër située dans le nord de l'Albanie. Il est issu d'une famille de confession musulmane originaire du Kosovo. Il fait ses études secondaires dans une école française à Tirana. En 1943, il adhère au Parti communiste et, à l'âge de 19 ans, il devient commissaire politique au sein des forces combattant les troupes nazies. Il est diplômé de l'École du parti de Moscou en 1954.
Il est une des figures les plus importantes du parti Albanais du Travail (Partia e Punës e Shqipërisë (PPSh), issu en 1948 d'une transformation du Parti communiste Albanais (Partia Komuniste e Shqipërisë).
Il est successivement membre du Comité central du Parti communiste dès 1948 et Premier secrétaire du Comité central des Jeunesses communistes (1949-1955), ministre de l'Éducation et de la Culture (1955-1958), membre du Bureau politique et secrétaire à l'Idéologie du Comité central du parti et membre du secrétariat du parti (1961-1985), député, président du Praesidium de l'assemblée populaire (1982-1991) et président du « Conseil présidentiel » (1991).
Vers la fin des années 1950, c'est lui qui est à l'origine de nombreuses « purges » parmi les intellectuels accusés de propager un « humanisme bourgeois » et de subir des « influences étrangères » qui menaçaient l'indépendance et la ligne idéologique officielle du parti. Dans les années 1960 et 1970, il joue un rôle essentiel dans les « querelles doctrinales » qui opposent l'Albanie à l'URSS puis à la Chine et qui aboutissent aux ruptures successives de 1961 et 1978 (la première rupture idéologique, avec la Yougoslavie, est intervenue en 1948). Pendant toute sa carrière, il a été soutenu et protégé par le Secrétaire général du parti et homme fort du régime, Enver Hodja, et l'épouse de ce dernier, Nexhmije, qui avait été son professeur à l'Institut du Marxisme - Léninisme.
Deux jours après la mort du dictateur E. Hodja, en avril 1985, il lui succède comme Secrétaire général du PPSh. Il entame alors une timide ouverture politique et économique. L'Albanie commence à reprendre quelques contacts avec les pays voisins dans la mesure où elle est exsangue et a besoin de s'approvisionner à l'extérieur pour survivre. En 1991, c'est sous sa direction que le PPSh commence également à se réformer et se transforme, notamment, en parti socialiste. À la suite des premières élections pluralistes organisées le 31 mars 1991, le Parti socialiste est majoritaire au Parlement et l'élit à la présidence de la République le 30 avril 1991.
Un an après, le 3 avril 1992, il démissionne de son poste lorsque l'opposition arrive au pouvoir après avoir remporté les élections législatives anticipées du 22 mars 1992.
En 1993, avec d'autres dignitaires de l'ancien régime, il est accusé de corruption et condamné à neuf ans de prison. Libéré en 1995, sa condamnation est annulée en 1997.
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