Géorgie et Russie : Merab Mamardashvili (1930-1990), philosophe
MÉRAB MAMARDACHVILI
mardi 29 janvier 2013
"Philosophe ayant su mêler l'esprit de la rationalité européenne et les inflexions de sa culture, opposant intellectuel au communisme comme au nationalisme, tenant d'une Géorgie aspirant à retrouver son indépendance".
Merab Mamardashvili est né à Gori, en Géorgie, le 15 septembre 1930.
Adolescent, il découvre dans une bibliothèque de Tbilissi, des volumes oubliés de Montaigne et de Montesquieu (1).
Les études, à Moscou
En 1949, il commence ses études de philosophie.
En 1952, il est l'un des fondateurs de l'École de Logique de Moscou.
En 1955, il sort diplômé la Faculté de Philosophie de l'Université d'État.
En 1968, il obtient un doctorat ès Sciences.
Moscou, Prague, Rome, Paris ... et Moscou à nouveau
En 1957, il est engagé à la revue "Questions de philosophie" puis envoyé à Prague pour collaborer au périodique "Problèmes de la paix et du socialisme". (2)
En 1966, il se rend en Italie, puis en France où il rencontre le philosophe Louis Althusser (3) et l'historien Jean-Pierre Vernant.
Rappelé à Moscou, il lui est interdit de repartir à l'étranger : il acquiert la célébrité parmi la jeunesse intellectuelle. Ses séminaires rassemblent des centaines de personnes. (4)
Durant les années 1970, il devient un enseignant nomade, renvoyé d'un institut avant d'être hébergé par un autre, dans diverses villes soviétiques. (5)
Tbilissi
En 1979, il est convaincu par son ami Niko Tchavtchavadzé, directeur de l'Institut de Philosophie de Tbilissi, de revenir dans son pays natal où règne une "relative" liberté d'expression au sein du monde soviétique. Il y retrouve sa mère et sa soeur, et se réapproprie la culture géorgienne.
De 1987 à 1990, il est directeur du département de l'Institut de philosophie Tsereteli de l'Académie des Sciences de la Géorgie, et professeur de l'Université d'État de Tbilissi.
Le 25 novembre 1990, de retour de conférences aux Etats-Unis, il meurt d'une crise cardiaque à l'aéroport de Moscou : selon certains témoins, il y aurait été pris à partie par des partisans de Zviad Gamsakhourdia et aurait été traité "d'ennemi de la Géorgie". (6)
Le philosophe
Merab Mamardashvili a subi l'influence de la philosophie classique allemande, et notamment celle de Kant.
Ses cours universitaires et ses réflexions métaphysiques sur Descartes, Kant, Proust, la conscience, etc... étaient empreints d'un esprit socratique.
Il cultivait une image nationale atypique. Il voulait européaniser le stéréotype géorgien. Il a ainsi exploré et expérimenté le trait traditionnel de la bravoure. Mais il a laissé le nationalisme de côté. (7)
Notes
(1), (2), (4), (5), (6) Selon Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef de la revue Philisophie Magazine.
(3) Voir la lettre de Louis Althusser à Mérab Mamardachvili du 16 janvier 1978 (en français) :
http://books.google.fr/books ?id=UgA....
(7) Selon la philosophe contemporaine géorgienne Thinatine Botchorichvili.
Sources
Multiples, dont Wikipedia, Institut français de Géorgie et revue Philosophie Magazine, février 2013.
Voir aussi :
Mérab Mamardachvili à l'honneur dans « Philosophie Magazine » (février 2013).
Remerciements à Nicolas Tchavtchavadzé (Paris).
Le programme d'aide à la publication Mérab Mamardachvili
L'Institut français de Géorgie a entrepris un Programme d'Aide à la Publication (PAP) auquel il a donné le nom du philosophe :
"Le PAP Mérab Mamardachvili a pour objet de développer en Géorgie la connaissance de la littérature française au sens large. Il soutient la publication de traductions d'ouvrages français de sciences humaines (philosophie, histoire, sociologie, etc.), de littérature contemporaine et ancienne, éventuellement de bande dessinées et de littérature sur support mixte (avec CD Rom par ex.).
Pour en savoir plus :
http://www.ccf-tbilisi.ge/fr/mediat....
Voir aussi :
Institut français de Géorgie : ouvrages français traduits en géorgien (2013).
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