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L'étonnant soutien des autorités moldaves aux Etats-Unis concernant la guerre en Irak


mercredi 30 avril 2003

Poussés par leur pacifisme, des étudiants moldaves sont partis pour Bagdad. Chassés par les bombardements, ils sont désormais poursuivis par la police - communiste - de leur pays, raconte le "Jurnal de Chisinau"

 

L'étonnant soutien des autorités moldaves aux Etats-Unis concernant la guerre en Irak a des retombées inattendues sur le plan intérieur


Si la guerre en Irak a pris fin, une autre guerre se déroule à Chisinau, capitale de la Moldavie. Les services de renseignement et la police de cette ancienne République soviétique se livrent, depuis début avril 2003, à une véritable chasse à l'homme. L'hebdomadaire Jurnal de Chisinau consacre un long dossier à cette opération policière visant à arrêter 15 étudiants, coupables d'avoir fair partie du camp pacifiste et antiaméricain.

L'histoire a commencé en février, lorsque l'association Jeunesse du XXIe siècle décida de s'engager contre la guerre. Le 16 février, les étudiants organisèrent une manifestation antiaméricaine qui perturba sévèrement non seulement le centre de la capitale, mais aussi l'échiquier politique du pays, le gouvernement communiste de Chisinau, hériter de l'appereil soviétique, s'étant rangé derrière le nouveau grand frère américain. Cette option plutôt surréalist n'avait pas été du goût des étudiants, qui avaient voulu faire savoir leur choix. Après une série de manifestations non autorisées, les jeunes Moldaves décidèrent de passer à la vitesse superière. Le 26 mars, Oleg Oniscenko, président de Jeunesse du XXIe siècle, choisit 15 membres de son association pour se rendre à Bagdad afin de servir de boucliers humains contre les bombardements américains.

Selon le Jurnal de Chisinau, le sponsor de ce "voyage en enfer" était Saddam Hussein en personne, qui "aurait mis à leur disposition 3.000 dollars via l'ambassade irakienne à Moscou". Cet argent devait couvrir les frais de voyage et de visa nécessaire pour gagner l'Irak, via la Bulgarie et la Turquie. Arrivés dans la capitale irakienne, les jeunes Moldaves furent logés dans plusieurs hôtels pour assurer, aux côtés d'autres pacifistes, leur mission de boucliers humains. Pourtant, la pluie de bombes américaines déversée sur Bagdad fut un argument suffisant pour qu'ils plient bagage et retournent à Chisinau.

Mais, pour eux, la véritable guerre ne faisait que commencer. Ayant eu écho de leur aventure, les services de renseignement moldaves se mirent à leur recherche. "Mon téléphone est sur écoutes, déclara Oleg Oniscenko au Jurnal de Chisinau. Si on fixe un rendez-vous avec mes copains, on se fera tous arrêter." Le danger qu'encourent ces jeunes pacifistes ne vient pas de l'ambassade américaine de Chisinau, qu'ils ont bombardée avec des oeufs pourris en hurlant "Yankee, go home !". "Nous sommes profondément attristés d'apprendre que 15 jeunes Moldaves sont partis à Bagdad, a noté le communiqué de l'ambassade. Nous respectons les droits qu'ont tous les citoyens d'exprimer leur opinion, mais nous considérons que ces jeunes sont utilisés cyniquement par un dictateur brutal." Les services de renseignement et la police moldaves ont, quant à eux, estimé que l'aventure de ces jeunes devait être sanctionnée. Et ils ont engagé une véritable chasse à l'homme.

Communistes proaméricains

Refusant de dévoiler leur indentité, Oleg Oniscenko tire la sonnette d'alarme : "Leur sécurité est en péril !", a-t-il déclaré au Jurnal de Chisinau, qui s'efforce de faire la part des choses dans cette affaire sensible pour les autorités. Paradoxalement, le PC, qui emboîte généralement le pas à la diplomatie russe, a cette fois joué la carte américaine. Le président Vladimir Voronine, en perte de vitesse face à une opposition de plus en plus virulente, a récemment manifesté son désir d'ouverture vers l'Occident.

Pays enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine, la Moldavie a appartenu jusqu'à la seconde guerre mondiale à la Roumanie, avant d'être annexée par l'ex-Union soviétique. Les deux-tiers de ses 4 millions d'habitants sont roumanophones, le reste d'origine russe et ukrainienne. L'opposition roumanophone appelle à la réunification avec la mère patrie, réfusée par le PC.

Pour calmer cette fronde de plus en plus bruyante, ce dernier affiche depuis la fin 2002 son désir de se rapprocher de l'Europe. La chasse à l'homme menée par les autorités contre une poignée d'étudiants est également destinée à assurer l'ambassade américaine de leur fidélité à Washington. Pourtant, personne ne peut garantir que ce zèle policier pour la cause américaine aura des échos à la Maison Blanche. A chacun sa guerre.

(Mirel Bran, Le Monde, le 25 avril 2003)



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