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Ukraine : analyse du risque économique par la COFACE (2013)


mercredi 24 avril 2013

Points forts :
-  Position stratégique entre la Russie et l'Union Européenne
-  Important potentiel agricole
-  Main d'œuvre qualifiée et peu coûteuse.

Points faibles :
-  Faible diversification économique et dépendance à l'égard des cours des métaux et du prix du gaz importé
-  Surendettement du secteur privé
-  Instabilité politique qui rend difficile l'application d'une politique économique cohérente
-  Secteur bancaire fragile
-  Lacunes persistantes en termes d'environnement des affaires.

 

La croissance restera faible en 2013


L'activité a nettement ralenti en 2012 et la croissance restera faible en 2013.

Les exportations continueront de souffrir d'une demande atone en provenance d'Europe. Les secteurs manufacturier et de l'agroalimentaire, très orientés à l'exportation, resteront donc affectés par la récession en zone euro. Par ailleurs, les termes de l'échange devraient continuer d'avoir un effet négatif sur la balance commerciale : les prix mondiaux des matières premières exportées (notamment l'acier) restent à un niveau bas tandis que ceux de l'énergie importés (pétrole et gaz) sont toujours élevés. Les hydrocarbures représentent en effet 35% des importations et les métaux non-précieux 32% des exportations.

Du côté de la demande interne, la consommation privée sera pénalisée par la hausse probable du prix du gaz exigée par le FMI. Une dévaluation de la devise aurait aussi un effet négatif sur la consommation des ménages. La croissance du crédit au secteur privé restera atone, toujours affectée par le désengagement des banques européennes.

Enfin, la consommation souffrira du rebond de l'inflation en 2013. Celle-ci a en effet été exceptionnellement basse en 2012, en raison de la baisse des prix de l'alimentation et du ralentissement de l'activité. Mais la croissance soutenue des salaires et des coûts unitaires du travail plaident pour son rebond en 2013.

 

Un risque de dévaluation élevé à court terme


Les comptes extérieurs et les finances publiques restent fragiles. Le ralentissement des exportations et l'envolée des prix du gaz importé ont contribué au creusement du déficit courant en 2011 et 2012. Parallèlement, même si des réformes structurelles ont été prises (comme celle des retraites), le retard dans la mise en œuvre de certaines autres telles que la suppression des subventions sur les prix du gaz continue de peser sur les finances publiques.

Le financement de ces déficits jumeaux se faisant essentiellement auprès des non-résidents, la raréfaction des capitaux en provenance de l'extérieur, consécutivement au gel du programme FMI en 2011, a sensiblement fragilisé la balance des paiements. Les tensions sur la hryvnia ont conduit la banque centrale à puiser massivement dans les réserves afin de maintenir l'ancrage avec le dollar. Celles-ci ont ainsi chuté de 30% entre août 2011 et octobre 2012 et ne représentent plus que 3,5 mois d'importations. Face à ces tensions sur la liquidité en devise, la banque centrale a d'ailleurs commencé à laisser la devise se déprécier légèrement face au dollar au cours du second semestre 2012. Malgré cela, il existe un risque très élevé de dévaluation marquée en 2013.

La situation sera d'autant plus critique que l'Ukraine fait face à d'importantes échéances sur sa dette privée et publique. Dans un contexte d'accès restreint aux marchés financiers, l'allègement des contraintes sur les comptes extérieurs passera par un nouvel accord avec le FMI, ce qui induit la mise en œuvre de la réforme des subventions sur les prix du gaz que le Fonds considère comme une condition préalable à toute nouvelle coopération. Si ce n'est pas le cas, une dévaluation de la devise serait alors inévitable. Les répercutions seraient considérables sur le risque souverain et bancaire : la dette publique est pour moitié libellée en devises, tandis que le secteur bancaire est très endetté en dollars vis-à-vis des non-résidents. Quelque soit la stratégie choisie par le gouvernement en 2013 (hausse des prix du gaz et/ou dévaluation), le risque de mécontentement social est élevé.

Enfin, notons que banques restent fragiles : outre leur exposition au risque de change, leur profitabilité est quasi-nulle et les prêts non-performants atteignent 15% du total des crédits.

 

Un environnement des affaires toujours défaillant


Sur le plan politique, le Parti des Régions du président Viktor Ianoukovitch a remporté les élections législatives d'octobre 2012, ce qui lui permet de détenir une majorité de sièges au Parlement. Néanmoins, les principaux partis d'opposition n'ont pas reconnu cette victoire, accusant le Parti des Régions de fraudes. Malgré ce succès, la popularité de Viktor Ianoukovitch est donc dégradée. Le maintien en détention de Julia Timoshenko et la volonté du président de renforcer les liens avec la Russie participent du mécontentement croissant de la partie occidentale du pays, majoritairement favorable au rapprochement avec l'UE. Le pays souffre en effet d'une division géographique, linguistique et sociale qui favorise l'instabilité politique.

Par ailleurs, l'environnement des affaires reste un point faible récurrent : le cadre réglementaire est très instable et les entreprises peu transparentes. La vulnérabilité de ces dernières aux chocs est en outre importante, maintenant le risque de crédit à un niveau élevé.

 

Pour en savoir plus


http://www.coface.fr/CofacePortal/F....



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