Les aérophones, instruments de musique caucasiens : duduk, balaban, duduki, nay ou ney ...
jeudi 14 mars 2013
Duduk en Arménie, balaban en Azerbaïdjan, duduki en Géorgie, nay ou ney en Turquie et au Kurdistan, également joué par les Perses et les Arabes, les aérophones caractérisent la musique caucasienne : plusieurs peuples s'en attribuent la paternité.
On parle d'aérophone lorsqu'il s'agit d'instrument fonctionnant avec de l'air, non pas tant parce qu'on y souffle, comme c'est le cas la plupart du temps, mais bien parce que la matière sonore vibrante est l'air.
Il en existe deux catégories principales : les aérophones à air ambiant et les aérophones à air contenu. Ces derniers utilisent l'air contenu dans le corps de l'instrument lui-même. C'est aussi de l'air ambiant mais qui est mis en circulation par différents systèmes à l'intérieur de l'instrument. Ces différents moyens d'exciter l'air permettent de différencier les aérophones de cette catégorie à air contenu (par opposition à air ambiant).
Pour les aérophones à air contenu, on parle de flûte, quand la vibration, et donc le son, est produit par l'envoi d'un jet d'air sur une arête, le plus souvent biseautée. L'air est envoyé la plupart du temps par la bouche.
Toujours pour les aérophones à air contenu, on parle d'instrument à anche (s) quand l'instrument fonctionne grâce à la vibration d'une ou deux fines languettes, généralement en roseau :
s'il s'agit d'une seule languette qui bat sur un support ("bec" de l'instrument ou tube de roseau à partir duquel la languette est découpée) on parle d'instrument à anche simple battante. L'instrument le plus typique est la clarinette.
s'il s'agit d'une seule languette qui passe à travers le cadre qui la maintient, on parle d'anche libre. L'accordéon, l'harmonica, fonctionnent avec des anches libres.
s'il s'agit de deux languettes battant l'une contre l'autre, on parle d'anche double. L'instrument choisi pour représenter le type est le hautbois.
Le duduk arménien
Le duduk, hautbois arménien, est un aérophone à air contenu et à anche double, au timbre chaud et doux, légèrement nasal.
L'anche, appelée ghamish ou yegheg, est faite d'une plante locale qui pousse sur les rives de l'Arax. Le bois tendre de l'abricotier offre le matériau idéal pour creuser le corps de l'instrument.
L'origine de la musique pour duduk remonte à l'époque du roi arménien Tigran le Grand (95-55 av. J.-C.). Le duduk accompagne les chants et danses traditionnels des différentes régions de l'Arménie. Il est aussi l'instrument privilégié de diverses réunions telles que les mariages et les funérailles. Bien que certains instrumentistes soient célèbres comme solistes, notamment Gevorg Dabaghyan et Vache Sharafyan, le duduk est généralement joué par deux musiciens. L'un d'eux crée le fond musical en tenant un bourdon continu grâce à une technique de respiration circulaire, tandis que l'autre développe des mélodies et improvisations complexes.
Il y a quatre grands types de duduk qui varient en longueur de 28 à 40 cm. Cette variété permet de créer des atmosphères différentes selon le contenu du morceau et le contexte dans lequel il est joué. Le duduk de 40 cm de long, par exemple, est considéré comme idéal pour les chansons d'amour, alors que le plus petit accompagne généralement les danses. Aujourd'hui encore, des facteurs de duduk créent et expérimentent différents types de duduk. Pour beaucoup d'Arméniens, c'est l'instrument qui exprime avec le plus d'éloquence la chaleur, la joie et l'histoire de leur communauté.
Depuis quelques décennies, la musique pour duduk perd de sa popularité, notamment en milieu rural d'où il est originaire. De moins en moins présent dans les fêtes populaires, le duduk est davantage joué par des professionnels lors de concerts, mettant ainsi en péril la viabilité et le caractère traditionnel de cette musique.
Le balaban azerbaïdjanais
Le Balaban, ou parfois balaman, azerbaïdjanais est un hautbois, cylindrique, d'environ 35 centimètres de long avec sept trous pour les doigts et un trou pour le pouce. Son alésage est d'environ un centimètre et demi de diamètre. Il peut être fait de mûrier ou d'autres bois durs, tels que le noyer.
L'anche double est faite d'un seul tube de canne à environ six centimètres de long et aplati à une extrémité.
Le musicien utilise l'air stocké dans ses joues pour continuer à jouer alors qu'il inhale de l'air dans ses poumons. Cette technique "circulaire" respiration est couramment utilisé avec tous les instruments à anche double dans le Moyen-Orient.
Le balaban est aussi appelé doudouk par les Azerbaïdjanais de l'Est du pays et par certains Azéris des diasporas à l'étranger.
Le duduki géorgien
Le duduki est le hautbois géorgien. Il est composé d'une partie cylindrique (tuyau à anches) et d'un embout buccal (roseau). La partie cylindrique provient de bois d'abricotier ou de mûrier. Elle possède 8 touches frontales sur la face supérieure et une sur le côté inférieur. Elle a environ 36 centimètres de longueur et 10 millimètres de diamètre intérieur.
Le duduki géorgien se joue avec une technique de souffle continu. Il a une gamme diatonique ; lorsque les touches sont partiellement fermées avec les doigts, des sons chromatiques sont obtenus. Il produit des sons doux et veloutés. L'une des qualités distinctives du duduki sont les airs déchirants. Pour cette raison, il est appelé en géorgien "Tkbili Duduki" ("doudouki sucré").
Il est utilisé pour jouer des mélodies en solo, pour accompagner d'autres instruments ou de chanteurs. Le plus fréquemment, il entre dans la composition de petits ensembles avec deux autres dudukis et un doli (tambour) : un duduki joue la mélodie et les deux autres dudukis jouent en arrière-plan. Le répertoire joué sur le duduki est très large, chansons de tous les jours, versets lyriques ou mélodies de danse, exprimant sentiments, peines et émotions.
Les historiens estiment que le duduki est apparu en Géorgie au XVII siècle. Il devient un instrument incontournable des festivités princières, "Karachogheli" et des festivités populaires. A partir de cette époque, la conception du duduki est sophistiquée et son répertoire est enrichi.
Selon l'écrivain Vasil Barnovi, "il est difficile de trouver un autre instrument traditionnel de musique produisant des sons plus doux et triste, et plus adapté aux mélodies proches de l'âme géorgienne".
Au cours des dernières décennies, les ensembles amateurs et professionnels qui maîtrisent l'art de jouer du duduki géorgien se sont raréfiés malgré un incontestable "revival", orchestré d'une part par une politique culturelle ambitieuse et d'autre part par des tournées en Europe lors des manifestations estivales.
Ecouter et voir quelques vidéos
Arménie : duduk
Lévon Minassian 7'23"
http://www.youtube.com/watch ?v=DTVB...
Didier Malherbe (Le cerisier) 4'44"
http://www.youtube.com/watch ?v=jnjC...
Azerbaïdjan : balaban
Azerbaïjan Balaban Masters 4'44"
http://www.youtube.com/watch ?v=tPVm...
Alakbar Taghiyev 7'23"
http://www.youtube.com/watch ?v=NPVE...
Géorgie : duduki
Ensemble Idjassi (Matinal et vital) 3'03"
http://www.youtube.com/watch ?v=7T_T...
Ensemble Rustavi (La chanson du Prisonnier) 1'57"
http://www.youtube.com/watch ?v=omkQ...
Iran : nay 1'32"
http://www.youtube.com/watch ?v=M8Kf...
Kurdistan : nay 4'01"
http://www.youtube.com/watch ?v=y2Xf...
Turquie : ney 5'36"
http://www.youtube.com/watch ?v=PF5b...
Arabie : nay 4'24"
http://www.youtube.com/watch ?v=N8fw....
Sources :
UNESCO
http://www.unesco.org/culture/ich/f...,
Ethnomusicologie
http://www.ethnomusicologie.net/eo5.htm
[ Imprimer cet article ] [ Haut ]
|