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Entretien avec Jean-Marc Fontaine délégué Russie exploration et production de TotalFinaElf (2003)


lundi 5 mai 2003

TOTALFINAELF en Russie : l'implantation et le développement d'une compagnie pétrolière dans la toundra

 

Entretien avec Jean-Marc Fontaine, délégué Russie - Roumanie - Italie, exploration et production de TotalFinaElf


Vous êtes un des partenaires occidentaux les plus importants des groupes pétroliers russes. Quelles sont vos activités en Russie ?

Le groupe TotalFinaElf a débuté ses activités d'exploration-production en Russie dès le début des années 90. A la suite d'une première "joint-venture" en 1991 avec Tatneft pour de la récupération améliorée sur le champ de Romashkino au Tatarstan, le groupe a signé en 1995 un contrat de partage de production pour le champ de Khariaga, au nord de la Russie européenne, dans le Territoire autonome des Nenets. C'est l'un des trois PSA (Production Sharing Agreement) fonctionnant en Russie, les deux autres se situant dans l'offshore de l'île de Sakhaline.

La production d'hydrocarbure a démarré en octobre 1999 et, depuis, le champ produit de 10 à 12.000 barils/jour (b/j). En janvier 2001, le groupe a lancé la deuxième phase de développement du champ pour monter la production à 30.000 b/j qui seront atteints en 2003. Cette deuxième phase a mobilisé des investissements de 235 millions de dollars. Une troisième phase est en préparation. Le brut est évacué par pipeline jusqu'au port de Primorsk à proximité de St Petersburg. Pour ce faire, un contrat long terme, premier du genre dans le pays, a été signé avec la compagnie d'état Transneft qui contrôle les réseaux d'oléoducs russes. Aujourd'hui, plus de 120 personnes travaillent pour TotalFinaElf dans ce pays, dont une quinzaine d'expatriés. Les forces se répartissent entre Moscou, Khariaga, Usinsk, principale ville à proximité du champ, et Narian Mar, la capitale administrative régionale de l'Okrug des Nenets. L'activité du groupe procure un millier d'emplois induits tant dans la construction de nos installations, le forage, les services...

On reproche souvent aux groupes pétroliers de vivre en vase clos sur les lieux d'extraction. Cela ne semble pas être votre cas. Que faites-vous pour les populations locales ?

Pour s'implanter durablement dans ces contrées nordiques, le groupe a développé des relations serrées avec les autorités et les acteurs sociaux locaux en participant directement ou indirectement à des actions de partenariat en matière d'éducation et de santé. Un accord de financement pour plusieurs projets touchant au développement des peuples du Nord et à la protection de la toundra, a également été signé avec l'Académie Polaire de St Petersburg, achevant ainsi de construire sur une base durable nos actions dans ces régions.

On vous attend sur les questions d'environnement... Quelle est votre politique dans ce domaine ?

Dans le cadre de ses activités en Russie, le groupe applique les mêmes règles, les mêmes méthodologies que partout ailleurs dans le monde, notamment en matière de sécurité et d'environnement.

Pour le projet Khariaga, par exemple, le gaz non utilisable est séparé de l'huile et sera ré-injecté dans le réservoir, évitant ainsi tout torchage et donc rejet dans l'atmosphère. La préservation de l'environnement et la rémédiation des dégâts causés par une exploitation intensive et accélérée des gisements russes à la fin de l'ère soviétique, est aujourd'hui un souci pour les instances dirigeantes de Russie et fait réagir les oraganisations écologistes européennes.

À ce titre, TotalFinaElf se sent concerné par les problèmes de pollution affectant ce secteur, même s'il n'a aucune responsabilité dans ces pollutions et a engagé plusieurs actions dans le domaine de la protection de l'environnement. Après concertation, notamment avec Greenpeace Russie et les acteurs russes d'administration et compagnies pétrolières, un plan d'action a été élaboré au premier semestre 2001 afin de transférer du savoir-faire du groupe dans ce secteur. Ce plan est axé sur une sensibilisation des acteurs pétroliers avec qui nous sommes en relations au travers de visites de nos sites industriels, d'organisation de séminaires, mais aussi en menant quelques projets très spécifiques en coopération avec des instituts et laboratoires russes.

Concrètement, cela donne quoi ?

Dans la République des Komis, TotalFinaElf a démarré des tests de dépollution des sols en utilisant l'un des produits mis au point par ses chercheurs, l'Inipol. Ce produit, déjà utilisé lors de la pollution de l'Exxon Valdez sur les côtes de l'Alaska, active l'appétit des bactéries présentes dans les sols pour se débarrasser de manière naturelle des hydrocarbures en excès. Le produit a été épandu durant l'été 2002 et des prélèvements de sol sont réalisés à intervalles réguliers jusqu'en été 2003 pour suivre l'évolution de la remédiation en cours.

Toujours dans le cadre de cette stratégie, TotalFinaElf a co-organisé, financé et animé à Tyumen, capitale pétrolière de Sibérie, une conférence d'échanges d'expériences avec les compagnies russes opérant en Sibérie. Les thèmes de "traitement des sols", "diminution des rejets dans l'atmosphère" et "études d'impact en environnement" ont été présentées et débattues. Enfin, des responsables de Yukos, l'une des compagnies majeures russes avec qui nous partageons des projets, ont eu l'occasion de visiter le centre de recherche de Lacq dans le sud-ouest de la France sur les traitements des sols et des eaux en cas de pollution. TotalFinaElf et les organismes non-gouvernementaux qui suivent ces actions espèrent mettre en place à court terme en Russie un réseau d'acteurs sensibilisés aux problèmes de protection de l'environnement et aux solutions à mettre en place pour la rémédiation des dégâts du passé.

Quel est l'avenir pour votre groupe, en Russie ?

En construisant sur les bases solides de l'expérience sur Khariaga, TotalFinaElf a décidé de s'engager sur de nouveaux projets, en coopération avec des compagnies russes :
-  En mer de Barents, avec le développement du champ géant de Shtokman, dont la production de gaz alimentera la partie nord-ouest de la Russie et surtout l'Europe, à l'horizon 2010. Les négociations sont bien avancées avec les compagnies russes Gazprom et Rosneft.
-  En mer Noire, avec l'exploration en offshore profond (plus de 1000 m d'eau) avec Yukos.
-  Au nord de la Sibérie Occidentale, avec le développement du champ de Vankor, qui permettra à terme de désenclaver une région dépourvue d'infrastructures pétrolières et dont le potentiel est avéré.

Étant le premier acheteur du brut et des produits pétroliers exportés par la Russie (de l'ordre de 40 millions de tonnes/an), TotalFinaElf, avec ses nouveaux investissements, s'engage sur le long terme en Russie et s'affiche comme un partenaire stable et durable dans le paysage de l'industrie pétrolière russe.



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