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Russie, Géorgie et France : Véronique Chéidzé (1909-1986), fille du 1er président de Parlement géorgien


jeudi 28 novembre 2013, par Mirian Méloua

 

Saint-Petersbourg, Tbilissi, Batoumi, Petrograd


Véronique Chéidzé (littéralement Tchkhéïdzé) naît le 19 mai 1909 à Saint-Pétersbourg de Nicolas Chéidzé (député à la IIIème Douma, représentant la Géorgie) (1) et de sa seconde femme Alexandra Taganova.

Elle partage sa petite enfance entre la capitale de l'Empire tsariste, Tiflis et Batoumi où la famille aristocratique de son père a des attaches.

Elle garde un mauvais souvenir de la période de février à octobre 1917, durant laquelle tout manque à Saint-Pétersbourg (devenue Petrograd) et durant laquelle elle voit peu son père (président de l'Assemblée provisoire de Russie, dite Soviet de toutes les Russies) souvent parti harangué les députés et les manifestants poussés par les Bolcheviks.

 

Tbilissi, Paris, Londres, Rome


De novembre 1917 à janvier 1919, elle retourne à Tbilissi et retrouve un climat plus favorable, en particulier pour ses études.

En janvier 1919, elle part avec ses parents à Paris : son père -président de l'Assemblée provisoire de Géorgie- est envoyé représenter son pays à la Conférence de la Paix et a pour mission de faire reconnaître l'indépendance géorgienne au Français Georges Clémenceau, au Britannique Lloyd George, à l'Italien Vittorio Emanuele Orlando et à l'Américain Thomas Woodrow Wilson. Elle découvre, à 10 ans, non seulement Paris, mais Versailles, Londres et Rome où les missions diplomatiques conduisent son père.

Elle retourne ensuite à Tbilissi pour une vingtaine de mois et devant l'avancée de l'Armée rouge sur le territoire géorgien, elle embarque avec ses parents le 17 mars 1921, à Batoumi, à bord d'un bateau vers Constantinople, laissant sa demi-soeur à Tbilissi (2).

 

L'exil définitif en France


A partir de l'été 1922, elle habite au Château des Géorgiens à Leuville-sur-Orge, à l'époque dans le département de Seine-et-Oise : elle redécouvre la France et est scolarisée dans une pension privée de la commune proche de Montlhéry.

Elle connaît quelques années d'adaptation et apprend à maîtriser la langue française, comme elle maîtrise les langues géorgienne et russe.

Elle se lie d'amitié avec Tamara Kakhéladzé (qui deviendra épouse Takaichvili), Mariam Barnovi (qui deviendra épouse Méloua) et Victor Homériki (fils du ministre de l'Agriculture en exil)

L'insurrection nationale géorgienne d'août 1924 - à laquelle son père s'est opposé (3) et qui s'est soldée par un échec sanglant- vient tendre le climat. Convaincu que les puissances occidentales n'aideront pas la Géorgie, convaincu que l'étau de l'Armée rouge et de la Tcheka enserre pour longtemps le peuple géorgien, dépressif, son père se suicide le 7 juin 1926.

Elle quitte, avec sa mère, le Château de Leuville-sur-Orge pour Paris, et connaît des conditions de vie particulièrement difficiles : seule l'aide des frères Eligoulachvili leur permettra de subsister.

 

Une vie d'adulte loin de l'émigration géorgienne


Véronique Chéidzé rencontre un Cadet de l'Armée tsariste, le baron Anatole de Grassmann, d'origine balte, et l'épouse.

Elle s'éloigne de l'émigration géorgienne en France, mais garde contact avec ses deux amies Tamara et Mariam, ainsi qu'avec son parrain -selon la religion chrétienne orthodoxe- Simon Tsérétéli (1970-1951), prince géorgien et colonel de l'armée tsariste.

Elle a longtemps pour usage de prendre ses vacances à Saint-Germain-lès-Arpajon (4), où elle peut les rencontrer et s'occuper de ses filleuls dans une famille géorgienne.

Elle œuvre dans le textile au sein des entreprises des frères Eligoulachvili (5) avec des responsabilités administratives et financières -elle connait ainsi plusieurs générations de descendants-, puis dans le commerce du caviar.

Elle s'éteint le 2 juillet 1986, à Paris, 54-56 rue Pascal, dans le XIIIème arrondissement.

Son journal intime -tenu depuis Petrograd- et la partie en langue russe des archives personnelles de son père ne sont pas sauvegardés, seules les parties en langue géorgienne et en langue française sont retrouvées.

Elle repose au "carré géorgien" du cimetière communal de Leuville-sur-Orge, aux côtés de son mari Anatole de Grassmann (1901-1962).

 

Notes


(1) Géorgie, Russie et France : Nicolas Chéidzé (1864-1926), homme d'État russe et géorgien .

(2) La demi-soeur de Véronique Chéidzé deviendra une alpiniste chevronnée durant l'ère soviétique.

(3) Une minorité du Parti social-démocrate ouvrier géorgien en exil, emmenée par Nicolas Cheidzé et Irakli Tsérétéli (comprenant des ministres comme Noé Tsintsadzé ou des députés comme Datiko Charachidzé et Kalé Kavtaradzé), vote en interne contre l'organisation à distance d'un mouvement insurrectionnel destiné à attirer l'attention de la communauté internationale sur la Géorgie : le prix à payer serait trop lourd face à l'Armée rouge et à la Tcheka. Les faits leur donneront raison (manque d'encadrement, manque d'armes et de munitions, noyautage des insurgés par la Tchéka).

(4) Les Géorgiens de la Route de Leuville

(5) Géorgie et France : Joseph Eligoulachvili (1890-1952), figure de la communauté juive.

Remerciements à Dominique Gauthier-Eligoulachvili.



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