Neuf pays lancent un programme commun pour l'intégration des Tziganes (2003)
lundi 7 juillet 2003
Neuf pays lancent un programme commun pour l'intégration des Tziganes
Si les conférences sur les Tziganes se multiplient, la rencontre organisée récemment, à Budapest, par la Banque mondiale, la Commission européenne et l'Open Society Institute (OSI) devrait faire date. Pour la première fois depuis la chute des régimes communistes, et à moins d'un an de la prochaine vague d'élargissement européen, neuf pays d'Europe centrale et des Balkans se sont réunis pour aborder l'épineuse question de la discrimination à l'encontre des 6 millions de Tziganes de la région.
Les neuf pays - Hongrie, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Macédoine, Roumanie, Slovaquie, Serbie et Monténégro -, dont cinq étaient représentés par les chefs de gouvernement, se sont engagés à lancer, à partir de 2005, un programme commun pour l'intégration des Tziganes. "Nous avons cessé de parler de statistiques et commencé à parler d'un segment de la communauté européenne qui souffre depuis trop longtemps", a résumé James Wolfenson, président de la Banque mondiale.
La perspective de l'élargissement européen semble avoir créé une nouvelle dynamique pour résoudre le problème tzigane en Europe.
Ainsi, la Roumanie et la Bulgarie, qui devront attendre 2007 pour entrer dans l'Union européenne, ont décidé d'améliorer le sort de ces minorités. C'est dans ces deux pays que la situation est la plus dramatique. Selon la Banque mondiale, 80 % des Tziganes y vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 4 euros par jour.
Plus concrètement, les chefs de gouvernement, réunis à Budapest, ont annoncé la création d'un groupe de travail international pour l'intégration des Roms, présidé par le premier ministre hongrois, Peter Medgyessy. "Nous allons également coordonner la standardisation des nombreuses langues tziganes en un système plus homogène", a précisé M. Medgyessy, hôte de cette rencontre.
La Banque mondiale s'est engagée, pour sa part, à mettre en place une Fondation tzigane de l'éducation. Une idée appuyée par la Commission européenne, qui, depuis plusieurs années, finance des programmes pour la création d'une élite tzigane dans les pays candidats à l'Union européenne.
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Avec l'élargissement, le problème tzigane est devenu un problème urgent. L'énorme différence du niveau de vie entre les pays membres de l'UE et les minorités tziganes des pays candidats a créé une forte pression migratoire vers l'Ouest. Les mendiants plantés aux carrefours des capitales européennes et ceux qui s'attachent à l'Eurostar pour atteindre le Royaume-Uni n'en sont que les signes avant-coureurs.
A Budapest, le premier ministre roumain, Adrian Nastase, a rappelé que la liberté de voyager en Europe rend impérative une approche communautaire de la question rom. "La situation des Tziganes est sans doute un problème européen, a-t-il affirmé. Une partie des Tziganes de Roumanie, de Hongrie et de Slovaquie se trouvent actuellement en France. Cette question doit être réglée au niveau de l'Union." Un avis contesté par Claude Cahn, pour qui "les politiques d'intégration des Roms sont avant tout l'affaire des gouvernements de chaque pays."
Mirel Bran
Extrait d'un article paru dans l'édition du Monde du 05.07.03
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